Rome, au XVIe siècle. Les papes et leurs "neveux" se succèdent pour gouverner une ville dont un sixième de la population est composé de brigands et de prostituées. Les paysans des alentours, exploités, meurent de faim. Des jeunes gens multiplient les actes terroristes qui sont réprimés sans pitié... C'est pour ne pas affronter cela et ne pas assumer ses rôles de mari et de père que Don Argante, riche propriétaire foncier, a décidé d'être malade de façon permanente. Aussi, délaissée, sa seconde femme, Lucrezia, le trompe-t-elle avec son notaire, qui, caché depuis deux ans dans la vaste demeure, doit l'aider à hériter des biens du "moribond" qui a une fille d'un premier lit, Angelica. Celle-ci - amoureuse d'un terroriste, Claudio, qu'elle cache, blessé, dans le grenier - refuse d'épouser le demeuré que son père lui a choisi. La "maladie" de Don Argante est par ailleurs une aubaine pour son régisseur, qui affame les paysans, et une armada de médecins charlatans commandée par Purgone. Tonina, sa femme de chambre saura mettre heureusement un terme à la "maladie" de Don Argante qui trouvera, grâce à elle, bonheur et santé...
"Avec ce film, je n'ai aucunement voulu manquer de respect à Molière, explique Sordi, mais tous les personnages que j'ai interprétés dans ma carrière ont toujours été taillés sur mesure pour moi. D'ailleurs, Molière lui-même, s'il écrivait ses comédies pour lui, n'oubliait jamais de les adapter pour ses acteurs." Aussi, juste retour des choses, Molière ayant beaucoup emprunté aux comédiens italiens, Argan, en devenant Don Argante, se transforme-t-il en Romain "qualunquiste", fanfaron, égoïste et lâche, personnage typique d'Alberto Sordi. De fait, outre l'action de la pièce qui a été restituée dans une Rome Pontificale du XVIIIe siècle dont le climat "historique" ressemble à s'y méprendre à celui de l'Italie contemporaine, l'humour du film relève surtout de la farw populaire propre à la culture méridionale de ïa péninsule où l'art du "pernacchio" (imitation du son d'un pet avec sa bouche) joue un rôle prépondérant.
Tonino Cervi
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