Merveilles à Montfermeil

Joëlle et Kamel sont dans le bureau de la juge qui va prononcer leur divorce mais ils trouvent encore le moyen de se chamailler. De toute façon ils sont amenés à se côtoyer puisqu'ils font, l'un et l'autre partie de l'équipe municipale de Montfermeil. La Mairie a été enlevée à la droite par Emmanuelle Joly qui a fondé sa campagne sur la création d'appartements pour loger ceux qui ont peu de moyens et que l'ancienne mairie s'acharnerait à expulser.

Joëlle est une médiatrice adepte de l'expression corporelle alors que Kamel est à la tête de la PTU (la politique du temps urbain) et instaure la sieste obligatoire. Toute l'équipe travaille aussi à la mise en œuvre d'une nouvelle et très surprenante "Montfermeil Intensive School of Languages " qui a pout but de concurrencer Oxford mais qui n'a pas encore commencé son recrutement. La nuit, le SASAD veille à l'épanouissement sexuel de chacun... sans grand succès notamment auprès d'un couple qui ne trouve le désir qu'à travers des costumes les plus improbables. 

Tandis que la maire s'inquiète de ne pas voir les nouveaux appartements promis sortir de terre, Joëlle et Kamel se chamaillent et ce sont les habitants eux-mêmes qui prennent en charge les cours de langue. A l'occasion de la Fête de la Brioche, de nouveaux couples se formeront alors que Joëlle et Kamel s'avoueront qu'ils s'aiment toujours.

Difficile d'aimer un film qui se veut burlesque et qui n'est que très rarement drôle tant la plupart des personnages se comportent comme des illuminés, écarquillant les yeux et laissant trainer la voix ou l'enflant excessivement.

La portée politique est néanmoins intéressante : se défaire de l'habit religieux du fric que constitue du costume trois pièces cravate de la start-up nation pour instituer les journées de la djellaba, du kilt, du short ou du kimono ; constituer une école de langue où l'on apprend le tamoul, l'arabe, le soninké et le cajun, végétaliser le toit. L'éloge de la vacance par rapport au travail aliénant trouve sa consécration dans la fête en plein air le soir de la fête de la brioche.

Si les couples se forment selon des contours variables, c'est néanmoins celui romantique de Joëlle et Kamel qui domine. Ils échangent anonymement sur seconde life, l'un est le renard l'autre la tigresse, pour y retomber amoureux de l'autre sans savoir qu'ils reforment ainsi leur couple. Lors du premier rendez-vous, Kamel surprend l'identité de son ex-femme alors que celle-ci attend des lors en vain "Le renard". celui-ci et peut ainsi tenter de se faire valoir comme James Stewart dans Shop around the corner; la dimension burlesque en plus avec la queue de tigre qu'arbore Joëlle en signe de reconnaissance

Jean-Luc Lacuve, le 26 janvier 2020