Adrienne, Frédéric, Jérémie et leur famille sont réunis dans la maison familiale pour fêter les 75 ans de leur mère. Durant la majeure partie de sa vie, leur mère Hélène a conservé l'œuvre de son oncle Paul Berthier, un célèbre artiste. Le décès soudain de leur mère va provoquer chez ses enfants une cohabitation inattendue de ce passé encombrant et de leurs vies.
Après son dernier film Boarding Gate, Olivier Assayas nous revient avec pour sujet la difficile succession du passé et de sa conservation dans le futur.
Dès le début de son film, le réalisateur pose d'emblée la situation : l'héritage que va laisser la mère à ses enfants. Assayas prend bien le soin de développer ses personnages en démontrant bien combien ses derniers sont rattachés au monde présent et plus à ce monde du passé représenté par la servante, la mère, les uvres et la maison. Il ne reste que le personnage de Frédéric qui reste attaché à ce passé, à cet univers car il est le seul à avoir des souvenirs. C'est l'unique personnage qui ne vit pas dans l'optique d'un pur présent mais il conserve en lui les marques du passé tout en évoluant dans un monde au présent.
Ce qui est vrai pour les enfants et également vrai pour la mère. En effet, cette dernière se refuse d'évoluer dans le monde du présent et s'obstine à rester dans ce pur passé qui l'a hanté durant toute sa vie. Quand ses enfants lui offrent leurs cadeaux, Hélène est perturbée par ces trois téléphones qui ne forment qu'un en même temps. Lors de la première partie du film, les personnages ancrés dans leur pur présent sont tout de même rattachés à ce personnage évoluant dans cette nappe de passé. Ils sont comme des satellites qui tournent en orbite autour de ce personnage. Ce n'est que lorsque leur mère va décédée que les enfants vont commencer à évoluer et à affronter des situations de pur présent. Avant, quand leur mère était présente, ses enfants avaient encore une zone de retrait vis-à-vis de ce présent. Or, la mère disparue, le présent vient comme s'imprimer sur les personnages. C'est ainsi qu'Adrienne annonce son mariage avec son ami James mais également que Frédéric commence à assumer son rôle de père et que Jérémie prend une décision cruciale pour sa carrière et sa vie personnelle.
Adrienne, Jérémie et Frédéric évoluant déjà dans leurs univers, la conservation du patrimoine ne peut être effective. En effet, Frédéric est obligé de se soumettre à ce présent représenté par les deux autres personnages. Olivier Assayas nous fait comprendre une situation qui est effectif dans notre société : la conservation du passé, des traditions et du patrimoine tend à disparaître car nous voulons désormais vivre au temps présent et ne plus avoir de lien avec le passé. C'est pourquoi, Frédéric le seul personnage qui a encore un lien avec le passé, avouera à sa femme qu'il est déçu d'avoir vendu les tableaux ainsi que la maison.
Cependant nous pourrions nous dire que le réalisateur dresse un portrait plutôt défaitiste de la société actuelle. En effet, il y a une scène très intéressant dans le film. Frédéric et sa femme sont au musée d'Orsay pour regarder ou sont exposés les uvres qu'avait conservés sa mère. Si nous observons bien la femme de Frédéric, nous remarquons qu'elle porte un sac " Puma " société pour laquelle travaillé Jérémie. Nous avons donc certes des personnages qui évoluent dans un univers qui reflètent le passé même mais avec des personnages qui portent sur eux les stigmates de ce temps présent.
Olivier Assayas tente de nous faire comprendre un message un peu plus enfoui. Il veut en effet nous faire comprendre que la passation de ce passé, que cette conservation de ce patrimoine ne se fait pas dans le présent mais dans le présent. En effet, lors de la dernière séquence nous assistons à la fête que sont en train d'organisés les jeunes. Lors de cette séquence il se déroule deux temps. Le premier temps nous montre la jeunesse en réunion avec cette maison vide mais qui symbolise tout de même un passé et lors d'un second temps nous assistons à la conversation entre la fille de Frédéric et de son petit ami. Lors de cette dernière elle lui explique qu'elle venait ici avec sa grand-mère et qu'elle lui avait dit que, elle aussi, elle viendrait avec ses petits enfants plus tard.
En définitive, Olivier Assayas esquisse une onde d'optimisme en faisant
comprendre au spectateur que cette conservation de ce passé ne se fera
pas dans cette génération du présent mais la génération
présente, celle qui n'est pas encore sur le devant de l'écran
: la génération du futur.
Olivier Assayas filme une famille prisonnier du présent et qui n'arrive pas à vivre avec ce passé trop encombrant pour eux. Même si ce passé ne pourra se conserver que par les générations futures, il ne fait pas omettre de souligner que tous les bien de la famille ont finis dans les musées c'est-à-dire dans un lieu ou ne règne que le passé. Nous avons donc ici un passé qui ne peut co-exister avec le présent mais seulement avec le passé. Le présent pour le présent et le passé pour le passé.
Anthony Boscher le 7/3/2008