Bellissima

1951

Genre : Drame social

Avec : Anna Magnani (Maddalena Cecconi), Walter Chiari (Alberto Annovazzi), Tina Apicella (Maria Cecconi), Gastone Renzelli (Spartaco Cecconi), Alessandro Blasetti (Lui-même). 1h48.

Un concours est organisé à Cinecitta pour trouver une enfant qui pourrait être l'héroïne du nouveau film de Blasetti. Toutes les mères, en quête de gloire et d'argent, se présentent le jour J avec leurs progénitures tirées à quatre épingles. Au moment où l'une d'elles, Maddalena, s'apprête à entrer sur le plateau, elle s'aperçoit que sa fille Maria, a disparu. Elle la retrouve près d'une piscine complètement décoiffée et salie.

Grâce à l'amabilité de l'assistant Annovazi, elle parvient à franchir les portes déjà fermées du studio. Le naturel de Maria retient l'attention du jury qui la sélectionne pour la finale. Maddalena comprend dès lors que les recommandations seront importantes. Aussi n'hésite-t-elle pas à payer Annovazi (avec de l'argent économisé par son mari pour acheter un appartement), pour obtenir son appui.

La projection du bout d'essai tourné par Maria entraîne l'hilarité dans la salle. Maddalena ne laissera personne se moquer de sa fille qu'elle ramène aussitôt à la maison, refusant ensuite le mirifique contrat. Elle préférera mettre les bouchées doubles dans son métier d'infirmière pour combler le déficit occasionné par cette aventure dans le monde du cinéma.

Bellissima, oppose le monde artificiel de Cinecittà, à celui, authentique, humble et sincère  d'une femme de la classe moyenne, une infirmière. Si Anna Magnani semble surjouer, c'est aussi que fausse naïveté exagération théâtrale sont une forme de protection inconsciente de Magdalena contre les difficultés quotidiennes.

C'est le monde du cinéma dans son ensemble, comme miroir aux alouettes et industrie de l'évasion, qui est dénoncé au travers de ses cinéastes mais aussi des coiffeurs, modistes, photographes, donneuses de cours d'art dramatique, de tous les parasites qui s'affairent autour de la grande ruche aux rêves. Le monde du cinéma contamine chacun par les rêves qu'il promet. Il entraine la destruction des valeurs individuelles face à laquelle Maddalena se replie en elle-même, pour qu'au moins l'unité de sa famille ne soit pas détruite. C'est l'unique défense qui lui reste.

Le film appartient bien au néoréalisme en ce sens qu'il est une  conscience globale du monde et vis à vis duquel on doit compter sur ses propres forces : ayant pris conscience du caractère illusoire de ce monde d'évasion Magdalena choisit de demeurer fidèle à sa modeste et laborieuse origine.