Duel au soleil

1946

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Genre : Western

(Duel in the sun) Avec : Jennifer Jones (Pearl Chavez), Joseph Cotten (Jesse McCanles), Gregory Peck (Lewt McCanles), Lionel Barrymore (Sen. Jackson McCanles), Herbert Marshall (Scott Chavez), Lillian Gish (Laura Belle McCanles). 2h26.

Scott Chavez, meurtrier de son épouse indienne et de l'amant de celle-ci, va être pendu. Avant de mourir, il confie sa fille Pearl à celle qu'il a jadis aimée, Laura Belle, maintenant épouse du sénateur McCanles, propriétaire de milliers d'hectares de terres. Les fils du sénateur, Jesse, un gentleman et Lewt, un voyou, voient arriver avec intérêt la belle sauvageonne qui veut devenir une “dame”. C'est Lewt qui va s'emparer du cœur de la jeune métisse au grand dam de Jesse, qui en est également amoureux et de Jubal, prédicateur exalté qui voudrait la protéger du mal.

Le sénateur, en l'absence de Lewt, tente d'empêcher la compagnie qui construit la voie ferrée de traverser ses terres. Loin de trouver un allié en Jesse, le vieux McCanles a la stupeur de le découvrir aux côtés de ses ennemis.

Pearl espérait épouser Lewt, mais celui-ci déclare à son père que la jeune fille n'est pour lui qu'une amourette. Déçue, elle séduit Sam Pierce, le contremaître du ranch, qui veut en faire sa femme. Jaloux, Lewt défie Sam et l'abat froidement. Protégé par son père, il s'enfuit, n'écoutant pas Pearl qui le supplie de l'emmener.

Mrs McCanles meurt et Jesse, que son père avait chassé, arrive trop tard pour la revoir vivante. Il conseille à Pearl de quitter le ranch. Lewt intervient encore pour faire obstacle à ce projet et blesse son frère. Pearl s'en va alors à la recherche de Lewt, dans le désert, pour venger Jesse; les deux amants se livrent un duel meurtrier au terme duquel ils mourront dans une dernière étreinte.

Pour somptueux qu'il soit (en particulier à cause de la couleur), le film reste très inégal et se ressent d'un manque d'homogénéité dû à la façon dont il a été élaboré. Scènes trop longues, manque de rythme, mauvaise harmonisation entre les épisodes historiques et collectifs d'une part et les scènes passionnelles et intimes d'autre part sont parmi les défauts de Duel au soleil. C'est une œuvre à deux têtes, l'une regardant vers la Bible, l'autre vers le roman feuilleton familial proche d'Autant en emporte le vent. Avec ses défauts, elle reste néanmoins une sorte de monument, ne serait-ce que pour son budget, gigantesque pour un western, et comporte au moins trois grands moments : l'ouverture, due à William Dieterle, quand le père de l'héroïne regarde danser celle qu'il va bientôt assassiner, la scène de désir physique entre Lewt et Pearl alors que celle-ci passe la serpillière, et bien-sûr le final dont la démesure toute vidorienne annonce Ruby Gentry.

Jacques Lourcelles