Sono, dont le prénom s'orthographie Sion en français et Shion en anglais (avec inversion de l'ordre nom prénom), est né en 1961 à Aichi. Il étudie à l’université de Hosei où il commence par réaliser des films en 8 mm et écrire des poèmes. Je suis Sono Sion ! (1985) le présente ainsi, quasiment nu, la tête rasée, hurlant de la poésie. Ce court-métrage de 30 minutes, en forme de manifeste, est son premier cri de cinéma. Son adolescence anxieuse et solitaire inspire un premier long-métrage autobiographique : A man's flower road (1986), errance mutique d’un adolescent tokyoïte dans laquelle il fait jouer quasiment toute sa famille, à l’exception de sa petite soeur. Tout est déjà là, présent, dans ces deux films comme dans ceux qui suivront : le cri et la fureur punk, la terreur du silence et de l’isolement. Grand Prix du Festival de Pia, au Japon, ce premier essai permet à Sono Sion de tourner Kessen! Joshiryou tai Danshiryou (1988) et Bicycle sights (1991), une chronique en 16mm sur deux apprentis cinéastes de la banlieue de Tokyo, qui remporte un certain succès dans de nombreux festivals à travers le monde, dont celui de Berlin.

The room (1992) suit, en noir et blanc, dans une succession de 44 longs plans les déambulations des personnages. Dans un Tokyo énigmatiquement désert, un ancien tueur à gages cherche un appartement à louer. Il se rend dans une agence immobilière où il est reçu par une salariée quasi-mutique et renfermée. Nous ne connaîtrons jamais les noms des personnages principaux. Le rôle du tueur à gages est tenu par Akaji Maro, célèbre danseur de butoh, acteur et ami de Sono Sion. La jeune femme est jouée par la charmante Yoriko Doguchi, qu’on peut voir aussi dans plusieurs films de Kiyoshi Kurosawa. Le film, quasi expérimental, remporte le Prix spécial du Jury au festival de Sundance 1993 et attire définitivement l’attention sur son auteur, qui va désormais enchaîner les tournages.

En parallèle de sa carrière de metteur en scène, Sono Sion poursuit ses activités au sein de Tokyo Gagaga, un groupe de performers dont il est le leader, habitué des happenings et menant « la guérilla poétique ». Certaines de ces performances, durant lesquelles Tokyo Gagaga hurle dans les rues de Tokyo le mal de vivre d’une jeunesse japonaise à la dérive, réuniront jusqu’à deux mille personnes et dureront plusieurs semaines, malgré les interventions répétées de la police. Nourris de cette expérience, les films de Sono Sion se caractérisent par leur style "à l’arraché" et leur romantisme échevelé. Avec leur vision ironique et cruelle de la société japonaise ils créent la controverse.

D’abord connue auprès des amateurs de cinéma extrême, son oeuvre prend soudain une autre ampleur en 2001 avec Suicide club, un film de genre nettement plus commercial. Inspiré par une vague de suicides collectifs chez de jeunes adolescents japonais, le film s’ouvre sur une séquence choc : une cinquantaine de lycéennes qui dévalent les escaliers du métro de Tokyo et se jettent joyeusement sous ses roues, dans une marée de sang. Créant l’événement dans plusieurs festivals internationaux, dont le Festival du Film Asiatique de Deauville, le film impose son auteur comme une figure de la contre-culture nippone et bénéficie d’une exploitation à l’international, révélant Sono Sion au public occidental. Malgré ce succès, Sono Sion ne se laisse pas enfermer dans les règles d’un même genre et alterne à sa guise mélodrame, horreur, comédie excentrique et délires surréalistes comme l’attestent le baroque STRANGE CIRCUS (2005) ou le délirant HAIR EXTENSIONS (2007). Une idée, cependant, tient lieu de colonne vertébrale à toute l’oeuvre: pour Sono Sion, la famille est le foyer du mal. L’enfer est domestique, et son chemin pavé de conventions. Un thème récurrent à tous ses films, particulièrement exploité dans ce qu’il intitulera sa « Trilogie de la haine ». Ainsi, dans Love exposure (2008), Sono Sion interroge le concept de l’amour «pur» et de la foi à travers deux adolescents dont les parents ont abusé et exacerbé les perversions sous le prétexte de la vertu. Dans Cold fish (2010), c’est le conflit entre sa fille et sa nouvelle femme qui pousse un père de famille ordinaire à se laisser prendre aux griffes d’un dangereux serial killer, vendeur de poissons exotiques. Guilty of Romance (2011), son pendant féminin, qui clôt la trilogie, fait quant à lui voler en éclats l’image de l’épouse modèle : son héroïne (interprétée par Megumi Kagurazaka, muse et épouse de Sono Sion), mariée à un écrivain qui ne la désire plus, va littéralement se désintégrer après avoir été initiée à la recherche des plaisirs les plus extrêmes et de la prostitution. Dans ces mondes de terreurs, anamorphoses cauchemardesques de leurs foyers, les héros de Sono Sion cherchent à s’affranchir de leurs désirs, au-delà des conventions sociales, et à trouver leur salut.

Sono Sion poursuit son sacerdoce antifamilial avec une libre adaptation d'un manga de Minoru Furuya vieux de plus de dix ans, au moins aussi dégénérée, mortifère, excessive et radicale que ses précédents longs métrages. Le tsunami du 11 mars 2011 bouleverse son scénario. Himizu (2011) devient un requiem pour un Japon au bord de l’apocalypse. Là encore, les héros de Sono Sion sont deux êtres marginaux : elle, une stalker poussée au suicide par ses parents, lui une sorte de héros local dont le père veut qu’il meure pour toucher l’assurance et rembourser ses dettes. Cri de douleur d’un pays dévasté, cri de désespoir punk le film interroge l’avenir du Japon contemporain. Sono Sion poursuit avec The land of hope (2012) un cinéma où, paradoxalement, sa veine de révolte radicale se mêle d'espoir.

Courts métrages :

1985 : Je suis Sono Sion ! (Ore wa Sono Sion da!). Avec : Sono Sion. 0h35.
1986 : Love (Ai). Avec : Hiromi Kawanishi, Shion Sono. 0h31
1998 : Kaze
2001 : 0cm4

Longs-métrages :

1986 A man's flower road
  (Otoko no hanamichi)
   
1988 Kessen! Joshiryou tai Danshiryou
  Avec : Sono Sion, Hiromi Kawanishi. 1h30.
   
1991 Bicycle sights
(Jitensha toiki)
   
1992 The room

(Heya). Avec : Akaji Maro (Le tueur), Yoriko Dôguchi (la salariée de l'agence), Shirô Sano, Sayoko Takahashi. 1h32.

Dans un Tokyo énigmatiquement désert, un tueur à gage cherche un appartement à louer. Il se rend donc dans une agence immobilière où il est reçu par une salariée quasi-mutique et renfermée...

   
1995 Bad film
  1h41
   
1997 Keiko desu kedo

Avec : Keiko Suzuki. 1h01.

Keiko Suzuki est une serveuse solitaire à Tokyo. Son père meurt d'un cancer et elle devient obsédée par le passage du temps. Ainsi, trois semaines avant son 22e anniversaire, elle décide d'enregistrer le temps, même le plsu banal, de la manière la plus précise possible.

   
1998 Dankon : the man
   
   
2000 Seigi no tatsujin : Nyotai tsubo saguri
   
   
2000 Utsushimi
documentaire
   
2001 Suicide club

(Jisatsu sâkuru / Suicide circle). Avec : Mai Hosho (Infirmière Sawada), Takashi Nomura (Jiro Suzuki, l'agent de sécurité), Rolly (Genesis), Yoko Kamon (Komori), Kimiko Yo (Kiyomi Kuroda), Hideo Sako (Détective Hagitani). 1h39.

54 jeunes filles au lycée se jettent sous un train du métro. Pris pour un fait divers, il ne s'agit en fait que le début d'une vague de suicides qui va se répendre à travers tout le pays. Le nouveau groupe Desert composé que de filles et adulées par celles-ci y serait-il pour quelque chose ? Le détective Kuroda est chargé d'éclaircir cette affaire...

   
2002 Puromu naito
   
   
2003 Chichi no hi
   
   
2004 Otona ni nattara
  Segment de Nô-pantsu gâruzu: Movie box-ing2
   
2005 Comme dans un rêve
(Yume no naka e). Suzuki, comédien de théâtre qui joue à la télévision pour payer ses factures, se croit atteint d'une maladie sexuellement transmissible. Il vit avec Taeko qui faisait autrefois partie de la troupe de théâtre où joue Suzuki. Mais celui-ci entretient également une relation avec la jeune comédienne Ranko. Suzuki va entreprendre un retour vers sa ville natale, chez son père, et son voyage sera entrecoupé de rêves qu'il fait, le comédien ne sachant plus distinguer la réalité de ses rêves.
   
2005 Requiem pour Noriko

(Noriko no shokutaku).

Ne supportant plus l'environnement familial et après avoir intégré une étrange communauté sur internet, Noriko Shimabara , le 10 décembre 2001, quitte Toyokawa pour Tokyo. Le 26 mai 2002, 54 jeunes filles se jettent sous un train. Aprés cette terrible nouvelle, la soeur de Noriko, Yuka , disparait a son tour. Le père décide de partir à la recherche de ses filles et va découvrir une vérité qui dépasse l'entendement.

   
2005 Strange circus

(Kimyô na sâkasu). Avec : Masumi Miyazaki (Mitsuko / Sayuri / Taeko), Issei Ishida (Yûji), Rie Kuwana et Mai Takahashi (Mitsuko jeune). 1h48.

Taeko, une handicapée moteur, est une romancière érotique à succès, qui vie dans un apartement luxueux et servie par de jeunes éditeurs et assistants. Elle écrit un sensationnel conte sur un triangle amoureux, incestueux et injurieux (père, mère et fille). Un jeune éditeur, Yuji, se lance dans une enquète et découvre que Taeko prétend d'être handicapée. Que cache-t-elle ?

   
2005 Hazard
Shin, un japonais blasé de sa vie tranquille, se rend à New-York pour déguster la liberté. Dès son arrivée, il se fait voler toutes ses affaires et se retrouve démuni, sans savoir où aller et sans parler anglais. Alors qu'il vole une brioche dans une épicerie, il rencontre Lee et Takeda, deux petites frappes d'origine japonaise, qui le prennent sous leur aile. Shin comprend bien vite qu'il est en compagnie de deux délinquants particulièrement impulsifs et violents...
   
2006 Kikyû kurabu, sonogo
Avec : Motoki Fukami, Yukie Kawamura, Tomoharu Hasegawa. 1h33.
   
2007 Hair extensions

(Ekusute). Avec : Eri Machimoto, Tsugumi, Megumi Sato. 1h48.

À partir des cheveux d'une jeune femme assassinée, un employé de morgue au comportement inquiétant crée des rallonges capillaires qu'il vend aux salons de coiffure. Mais ceux et celles qui portent ou manipulent ces extensions meurent d'atroce manière

   
2008 Love exposure

(Ai no mukidashi). Avec : Takahiro Nishijima (Yû), Hikari Mitsushima (Yôko), Sakura Andô (Koike), Yutaka Shimizu (Yûji), Hiroyuki Onoue (Takahiro). 3h57.

Yû, un jeune chanteur du groupe de J-pop: AAA, élevé par un père castrateur, se révolte contre son éducation catholique et tombe sous le charme de Yôko, une fille assujettie à un culte religieux (Zero Church). Le vice, le péché et la perversion vont alors bouleverser son quotidien.

   
2009 Chanto tsutaeru

Avec : Akira (Kita Shiro), Eiji Okuda (Kita Tetsuji), Ayumi Ito (Nakagawa Yoko), Keiko Takahashi (Kita Izumi), Sôsuke Takaoka (Tamura Keita). 1h49.

   
2010 Cold fish

(Tsumetai nettaigyo). Avec : Denden (Yukio Murata), Mitsuru Fukikoshi (Nobuyuki Syamoto). 2h24.

Un homme tient une boutique de poissons tropicaux. Sa fille ne supporte pas sa nouvelle femme - ce qui provoque des discussions houleuses à la maison. Un jour, elle se fait prendre en flagrant délit de vol dans un supermarché, mais le patron qui tient un énorme commerce de poissons tropicaux lui propose finalement un travail....

   
2011 Guilty of romance

(Koi no tsumi). Avec : Miki Mizuno (Kazuko Yoshida), Makoto Togashi (Mitsuko Ozawa), Megumi Kagurazaka (Izumi Kikuchi), Kazuya Kojima (Shoji), Satoshi Nikaido (Masao Yoshida). 2h24.

Izumi est une femme mariée à un célèbre écrivain, mais sa vie est tout sauf trépidante, et romantique. Elle est un jour abordée par une femme qui lui propose de poser nue moyennant rémunération. Commence alors pour elle une double vie, celle de femme au foyer, et celle qu’elle va vivre en dehors. En parallèle se développe une enquête policière suite à un meurtre macabre dans le quartier des "love hôtels"…

   
2011 Himizu

Avec : Shota Sometani (Sumida), Fumi Nikaidou (Chazawa), Tetsu Watanabe (Shozo), Ken Mitsuishi (le père), Makiko Watanabe (La mère). 2h09.

Sumida est un lycéen dont l’unique ambition est de devenir un homme ordinaire. Son père, qui a quitté le foyer depuis longtemps, réapparaît de temps à autre lorsqu’il a besoin d’argent. Sa mère s’est enfuie avec son amant, laissant le jeune homme sans rien ni personne sur qui pouvoir compter

   
2012 The land of hope

(Kibô no kuni). Avec : Isao Natsuyagi (Yasuhiko Ono), Megumi Kagurazaka (Izumi), Yusuke Iseya (Tanigawa. 2h13.

Dans un futur proche, un tremblement de terre frappe le Japon, entraînant l'explosion d'une centrale nucléaire. Dans un village proche de la catastrophe, les autorités tracent un périmètre de sécurité avec une bande jaune qui coupe en deux la localité. Au sein de la famille Ono, les parents, âgés, choisissent de rester. Leur fils et son épouse acceptent d'être évacués pour fuir la radioactivité…

   
   
   
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Né en 1961
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