Le tambour

1979

(Die Blechtrommel). D'après le roman de Günter Grass. Avec : David Bennent (Oskar Matzerath), Mario Adorf (Alfred Matzerath), Angela Winkler (Agnes Matzerath), Katharina Thalbach (Maria Matzerath), Daniel Olbrychski (Jan Bronski), Tina Engel (Anna Koljaiczek jeune), Berta Drews (Anna Koljaiczek vieux), Roland Teubner (Joseph Koljaiczek), Fritz Hakl (Bebra), Henning Schlüter (Docteur Hollatz). 2h22.

En 1899, dans un champ de pommes de terre près de Dantzig, un fuyard se cache sous les jupes d'une paysanne kachoube. C'est ainsi qu'Anna Bronski conçoit sa fille Agnès, qui, à son tour, le 12 septembre 1924 à Dantzig, met au monde le petit Oscar. Sur son berceau se penchent deux hommes dont il ne sait pas lequel est son père : Alfred Matzerath, officier allemand, qui tient une épicerie, l'autre Jan Bronski, polonais, travaille à la poste de Dantzig. Effrayé par les attitudes des adultes, seule la promesse de recevoir un tambour en tôle pour ses 3 ans le retient de ne pas retourner dans le ventre maternel, mais il jure de ne plus grandir physiquement. Aux yeux de la famille et des médecins, ce phénomène est justifié par une chute délibérée. En l'honneur de son anniversaire on lui offre le premier de ces tambours rouges et blancs auxquels il sera fidèle toute sa vie.

Alors que les années passent, Oscar préserve sa taille d'enfant. Lorsqu'il se rebelle, il abuse de sa voix qui lui permet de briser le verre à distance. C'est un jeune artiste et il se produit au théâtre des armées avec ses amis du cirque. Il sème la confusion dans les défilés nazis en entraînant les chemises brunes à danser Le beau Danube bleu. Oscar mène au tombeau ses deux pères et n'est pas étranger à la fin singulière de sa mère. Il met le monde sens dessus-dessous et se dérobe en riant à toute responsabilité.

Volker Schlöndorff reprend la première partie du roman de Günter Grass qui relate la naissance et la jeunesse, des années 1920 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’Oskar Matzerath, un jeune garçon allemand de Dantzig qui décide, le jour de ses trois ans, d’arrêter de grandir.

Parce quil répugne à naitre et grandir dans une époque qui le répugne, Oskar va entretenir le lien fusionnel avec sa mère, femme en robe rouge, terriblement désirable, qui n'a jamais choisi entre deux hommes. Oskar a donc deux pères : l'un, Jan Bronski, est polonais et faible physiquement, c'est l'amour d'Agnès ; et l'autre, son mari, Alfred Matzerath, est allemand, il lui offre le confort et la sécurité. L'exclusivité qu'Oskar voue à la relation avec sa mère, le poussera à vouloir "tuer ses pères", ce qu'il fera au sens propre comme au sens figuré.

Névrosé, ses cris aigus lui confèrent la capacité de briser le verre dont il se sert pour assouvir ses caprices ou déstabiliser les adultes. Agnes se suicidera par la nourriture en se servant dans l'échoppe de Matzerath en sardines à l'huile qu'elle mange avec les doigts, en harengs qu'elle ingurgite crus, poussant à l'extrême son dégoût du poisson pourtant bien marqué dans la scène des anguilles et de la tête de cheval.