Football infini

2018

Genre : Documentaire

(Fotbal Infinit). Avec : Laurentiu Ginghina, Corneliu Porumboiu. 1h10.

Vaslui, petite ville de Roumanie. Sur le terrain désert d'une ancienne patinoire qui servait de terrain de foot à Laurentiu Ginghina dans sa jeunesse, celui-ci explique à Corneliu Porumboiu, les circonstances de l'accident qui changea le cours de sa vie. Il jouait avec ses camarades quand il fut durement taclé ce qui entraîna une fracture du péroné. L'opération fut mal conduite et une fois le plâtre ôté, on constata que les deux partis de l'os ne concordaient pas totalement. Laurentiu Ginghina dû renoncer à entrer dans l'école forestière de ses rêves. Il était incapable de courir dans un temps honorable l'épreuve d'endurance de 3000 mètres. Il devint ouvrier mais en 1987, un accident du travail du a sa jambe trop faible entraîna une fracture du tibia. Abandonné par ses camarades, impatient de partir fêter le nouvel an, il marcha trois heures avec sa fracture pour rentrer chez lui

Du coup, Laurentiu Ginghina imagina de nouvelle règle pour le football qui devraient permettre d'augmenter la vitesse du jeu et de réduire les regroupements de joueurs, synonyme de blessures. Pour cela, il imagine plusieurs adaptations. Pour éviter le temps perdu dans les coins de corner dont il est difficile de s'extraire, il propose de biseauter les angles du terrain qui devient un octogone. Pour éviter les attroupements sur le terrain, il divise chaque équipe en deux. Dans chaque équipe, d'une part, six joueurs dont le gardien, à l'arrière qui n'ont pas le droit de franchir la ligne médiane et qui jouent contre les cinq attaquants de l'équipe adverse. D'autre part cinq attaquants qui n'ont pas le droit de revenir en deçà de la ligne médiane. Comme ainsi une équipe pourrait entre tout le temps hors jeux si les défenseurs se massaient sur la ligne médiane à partir de laquais on juge le hors-jeu, il propose de découper chaque demi terrain en deux avec du coup pour chaque équipe 3, 3, 2,3 répartis en quatre surfaces de jeu égales (moins les biseaux !).

Laurentiu Ginghina a proposé son système de jeu à de nombreux pays. Il est même allé en Angleterre l'expliquer mais aucune équipe sérieuse n'a voulu l'adopter. Corneliu Porumboiu, propose de la tester avec des joueurs de Vaslui dans une salle des sports, en se tenant à une répartition en deux moitiés de terrains. Hélas pendant vingt minutes seule la moitié des joueurs est concerné par le match, les autres regardant ce qui se passe dans la moitié de terrain où ils ne peuvent aller.

Corneliu Porumboiu vient alors interroger Laurentiu Ginghina sur sa persistance à proposer ce système de jeu dans son beau bureau de la préfecture. Son métier se révèle toutefois une coquille vide Laurentiu est responsable du courrier et ne fait que transmettre avec plus ou moins de pertinence le courrier au bureau spécialisé. Une vielle dame de 82 ans vient ainsi, accompagnée de son fils, réclamer, vingt-sept ans après la Révolution, la restitution de ses terres réquisitionnées sous le communisme. Elle a déjà déposé sa demande chez Laurentiu Ginghina et s'étonne qu'il ne l'ait pas même lue et juste transmise au bureau du cadastre. Pendant que Laurentiu téléphone vainement à ses collègues du bureau du cadastre, occupés ailleurs, le fils raconte son activité de bénévole dans l'école d'échecs de la ville. Laurentiu obtient finalement une réponse d'un de ses collègues; le dossier les dépasse il a été transmis aux autorités de la capitale qui teindront directement au courant la vielle dame

Un peu penaud de cette situation, Laurentiu Ginghina déclare avoir voulu changer de métier, tenir un ranch dans le Montana ou une plantation en Californie ou encore avoir été tenté par l'Europe. A chaque fois, les circonstances (refus du père de son employeur, attentat du World trade center, complications administratives) l'en ont empêché; reste le football.

Avant de partir Porumboiu revient dans la maison de son ami. Le père de celui-ci tient absolument à lui offrir une photo qu'il a prise et transposée sur toile du mariage de son fils.

Dans Match retour (2014), père et fils commentaient un match de 1988 enregistré à la télévision. Football infini revient de nouveau à Vaslui, ville natale du cinéaste, cette fois auprès d’un ami d’enfance, Laurențiu Ginghina, habité par une idée fixe : améliorer les règles du football ou fonder à sa place un nouveau sport plus équilibré..

Sous les apparences de vies posées se cachent beaucoup de frustrations mais aussi d'obstinations pour vaincre les aléas du sort et la morosité ambiante ; bénévole dans un club d'échecs, procédure judiciaire pour retrouver sa maisons, goût pour la photographie, et, pour le personnage principal, volonté de changer de vie (en Californie ou en Europe) avant de revenir à sa vieille passion de l'invention de nouvelles règles de football. Ce sont ces utopies qui font avancer lentement la Roumanie sur le chemin de l'espoir, mieux sans doute qu'une sanglante révolution à laquelle pourrait conduire la tristesse de la longue route en travelling avant qui clôt le film