(1925-1970)
1 film
   
   
   
 

Yukio Mishima, de son vrai nom Kimitake Hiraoka est un écrivain japonais, né le 14 janvier 1925 et réalisateur d'un unique film, Yûkoku, Rites d’amour et de mort en 1966

Enfance et adolescence
Mishima est issu d’une famille de la paysannerie. Son enfance est marquée par sa grand-mère Natsu qui le retire à sa mère pour le prendre en charge, séparé du reste de la famille. Sa famille avait des origines ancillaires. Elle fut liée aux samouraïs de l’ère Tokugawa. Sa grand-mère garda des prétentions aristocratiques même après avoir épousé le grand-père de Mishima pourtant lui aussi issu d’une famille de domestique mais qui a fait fortune avec le commerce colonial. Elle lisait le français et l’allemand et appréciait le théâtre kabuki. Cette grand-mère, victime de douleurs et de sciatique, était extrêmement têtue et prompte à des accès de violence. Les biographes de Mishima attribuent à Natsu sa fascination pour la mort et l’exagération. Elle interdisait à Mishima de sortir au soleil, de faire du sport ou de jouer avec des garçons : il passait la plupart de son temps seul ou avec ses cousines.

Mishima rejoint sa famille à 12 ans et développe une relation très forte avec sa mère. Celle-ci le réconforte et l’encourage à lire. Son père est un homme brutal, marqué par la discipline militaire, qui l’éduque en le forçant par exemple à se tenir à côté d’un train en marche. Il fait également des rafles dans sa chambre pour trouver des preuves de son intérêt efféminé pour la littérature et déchire ses manuscrits. Il semblerait que Mishima ne se soit pas révolté contre lui.


Mishima écrit sa première histoire à douze ans. Il lit avec voracité les œuvres d’Oscar Wilde, Rainer Maria Rilke et les classiques japonais. Il va à l’école d’élite de Peers sur l’insistance de sa grand-mère.

Après six années d’école, il est toujours un adolescent fragile mais devient le plus jeune membre de l’équipe éditoriale de la société de littérature de son école. Il est invité à écrire un roman en feuilleton pour le prestigieux magazine de littérature Bungei-Bunka (Art et Culture) auquel il soumet Hanazakari no Mori (La forêt tout en fleur) pour lequel il prit son pseudonyme de Yukio Mishima. Il sera publié en livre en 1944 en un petit nombre d’exemplaires à cause de la disette de papier causée par la guerre. Il fréquente à cette époque le milieu de l’École romantique japonaise.

Mishima est convoqué par l’armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale mais prétend avoir la tuberculose ce qui lui permet d’échapper à la conscription. Bien qu’il fût soulagé d’avoir échappé à la guerre, il se sentira coupable d’avoir survécu et raté la chance d’une mort héroïque.

Mishima continue, malgré l’interdiction de son père, d’écrire en secret en étant soutenu par sa mère, Shizue, qui était toujours la première à lire ses écrits. Après l’école, son père qui avait sympathisé avec les nazis, le contraint d’étudier le droit allemand. Tout en ayant continué d’écrire, il sort diplômé de la prestigieuse Université de Tokyo en 1947 et entre au Ministère des finances où il est promis à une brillante carrière.

Son père accepte alors qu’il démissionne pour se consacrer un an à sa passion de l’écriture puis se résigne définitivement à voir son fils devenir écrivain. Mishima rencontre Yasunari Kawabata qui l’encourage à publier ses manuscrits.

L’écrivain d’après-guerre
Mishima fréquente le groupe de la revue Littérature Moderne mais ne se sent pas en phase avec le Japon d’après-guerre. En 1946, il commence son premier roman Tozoku qu’il publie en 1948. Il est suivi de Confessions d’un masque (Kamen no Kokuhaku) une œuvre autobiographique sur un jeune garçon devant cacher ses désirs homosexuels. Ce dernier rend célèbre Mishima qui n’a alors que 24 ans.

Il commence alors une brillante et prolifique carrière de romancier comprenant Amours interdites (1951), paru l’année de son premier voyage en Occident, Le Tumulte des flots (1954), Le Pavillon d’or (1956) ou Après le banquet (1960). Il écrit également des récits populaires pour s’assurer le confort matériel, des pièces de théâtre kabuki pour la compagnie théâtrale le Bungaku-za ainsi que des recueils de nouvelles et des essais littéraires.

Il obtient une renommée internationale, notamment en Europe et aux États-Unis. Il voyage beaucoup et est pressenti trois fois pour le prix Nobel de littérature. Celui-ci revient à son ami Yasunari Kawabata et Mishima comprend que les chances pour qu’un autre auteur japonais le remporte prochainement sont faibles. Il semblerait aussi qu’il ait volontairement laissé le prix à Kawabata par respect pour l’homme qui l’avait introduit dans les cercles littéraires de Tokyo.

Il rédige de 1965 jusqu’à sa mort en 1970 l’œuvre qu’il considérera comme la plus importante, un cycle de quatre romans intitulé La mer de la fertilité (Neige de printemps, Chevaux échappés, Le Temple de l’aube, L’Ange en décomposition).


Vie privée
Après Confessions d’un masque, Mishima essaie de s’échapper de son personnage fragile en s’astreignant à des exercices physiques. En 1955, Mishima a un corps d’athlète qu’il entretiendra jusqu’à la fin de sa vie. Il devient un expert en Kendo.

Il fréquente les bars gays en observateur et aurait quelques liaisons avec des étrangers de passage au Japon. Après avoir envisagé une alliance avec Shoda Michiko qui deviendra la femme de l’Empereur du Japon Akihito, il se marie en 1958 avec Yoko Sugiyama. Il aura avec elle deux enfants. En 1968, il joue dans Le Lézard noir aux côtés de son amant le travesti Akihiro Miwa.

Dans les années soixante, il exprime des idées fortement nationalistes. En 1967, il s’engage dans les Forces d’Autodéfense du Japon puis forme la milice privée Tatenokai (société du bouclier) destinée à assurer la protection de l’empereur.

À la fin de sa vie, il joue dans plusieurs films et co-réalise une adaptation de son roman Patriotisme.

Suicide par éventrement
Au cours de l’année 1970, il achève sa tétralogie La Mer de la fertilité avec son quatrième tome, L’Ange en décomposition. Le 25 novembre, il poste à son éditeur la fin de son manuscrit puis se rend au Ministère des armées accompagné de quatre jeunes disciples. Au deuxième étage de l’École Militaire du quartier général du Ministère de la Défense (ancien quartier d’Ishigaya, aujourd’hui Mémorial des forces d’auto-défense de l’armée nippone), il prend en otage le général commandant en chef des forces d’autodéfense et fait convoquer les troupes : il leur tient alors un discours en faveur du Japon traditionnel et de l’empereur. La réaction des 800 soldats est vite hostile. Devant les huées, il se retire. Il est plus de 11h. Suivant le rituel, Yukio Mishima se donne la mort par seppuku. Un des membres de Tatenokai, Masakatsu Morita, devait accomplir la décapitation mais devant ses difficultés (il tremblait), c’est Hiroyasu Koga qui termine le geste. Morita suivra ensuite Mishima dans la mort. Ce coup d’éclat avait été minutieusement préparé pendant plus d’une année ; Mishima avait même décrit une action très similaire dans son roman Chevaux échappés, avec une fin tout aussi tragique. Certains ont prétendu que cette tentative de Coup d’Etat n’était qu’un prétexte destiné à accomplir le suicide rituel que Mishima avait toujours fantasmé.

Son œuvre
Il publia près de quarante romans pour un total d’une petite centaine d’ouvrages : essais, 20 recueils de nouvelles, 18 pièces de théâtre… Son œuvre est très ambiguë : jusqu’au début des années 1960, ses écrits sont de type plus européen que purement japonais. Il vivait d’ailleurs à l’occidentale, dans une villa moderne, généralement vêtu de complets-vestons, lisant abondamment les classiques européens (il affectionnait Racine, mais lisait aussi l’anglais et un peu le grec). Pourtant il se revendique de la tradition classique japonaise dont il est également familier. Ambiguïté aussi dans son homosexualité, tout à la fois assumée dans ses livres et refoulée dans sa vie. De condition chétive, il proclamait le culte de la force physique ; à force de pratiquer la musculation et les arts martiaux, il finit par obtenir dans ses dernières années un corps d’athlète.

Son œuvre est empreinte d’un certain pessimisme et abonde en dénouements tragiques. La fascination pour la souffrance est par exemple un thème récurrent. Mishima se disait envoûté par le tableau Saint Sébastien de Guido Reni qui représente un éphèbe à demi nu percé de flèches. Une célèbre photographie de Eikoh Hosoe le représente d’ailleurs dans cette posture.

Filmographie :

1966

Yûkoku, Rites d’amour et de mort
Test DVD

Avec : Yukio Mishima (Shinji Takeyama), Yoshiko Tsuruoka (Reiko). 0h30.

La dernière journée du Lieutenant Shinji Takeyama et de son épouse Reiko. N’ayant pu participer au coup d’état du 26 février 1936 mené par des officiers à Tokyô, et se considérant de ce fait déshonoré, Takeyama décide d’en finir honorablement en se faisant seppuku (hara kiri). Son épouse le suivra peu après dans la mort.

   
   
   
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