Elève libre
2008

Jonas, seize ans, vit un nouvel échec scolaire et pense pouvoir tout miser sur le tennis mais il échoue aux portes de la sélection nationale. Il rencontre Pierre, un trentenaire, qui touché par sa situation, va le prendre en charge. Fort de ce lien privilégié, Jonas abandonne l'école publique.

Incapable de fixer les limites de cette relation, l'éducation va dépasser le cadre purement scolaire.

Nu propriété traitait du déchirement dû à l'abandon du cocon familial ; de la difficulté à s'en éloigner pour construire une vie personnelle.

Ce film-ci s'ouvre par la même dédicace "à nos limites" et semble vouloir traiter aussi d'une éducation difficile, celle de Jonas, jeune homme sur-actif au tennis et trop peu travailleur en classe. Sa mère ne lui est d'aucun secours car toujours absente et séparée du père de ses enfants qu'elle trouvait sans doute trop encombrant. Jonas accepte donc l'éducation de Pierre que l'on suppose professeur dans une grande école d'ingénieurs.

Jonas parviendra-t-il à dépasser ses échecs et, pourquoi pas, à se révéler un bon amant auprès de Delphine dont il est amoureux ?

Sur ce sujet qui en vaut bien un autre mais qui pourrait facilement dériver vers un cercle des poètes belges disparus, Joaquim Lafosse va greffer une autre histoire, celle du pédagogue qui absuse de son pouvoir. De pédagogue intelligent, Pierre se met à prendre possession de Jonas qui travaille chez lui, passe son aspirateur, se laisse offrir des chemises et un ordinateur. Pierre initie Jonas à la fellation et finit par le sodomiser sans façon lorsqu'il renouvelle l'expérience.

Pierre n'est pas pédophile puisque Jonas a dépassé l'âge de 15 ans et qu'il ne le contraint pas. Il se contente d'abuser de sa passivité et de son desarroi, de l'enfermer dans son antre dont le jeune homme devra s'extraire comme le Jonas biblique du ventre de la baleine.

Au final, les deux hommes se mettent accord pour poser des limites entre sexe et travail et Jonas finit par obtenir son "jury" sans que Pierre ne participe à son triomphe ou que Delphine ne lui revienne.

Joachim Lafosse parvient à créer une atmosphère oppressante par de longs plans séquences rôdeurs et fureteurs autour de Jonas. Le film tourne toutefois à la démonstration abstraite de manipulation car elle joue contre ses personnages. Elle n'accorde ni à Delphine, ni au trio des trentenaires décomplexés, ni même à Pierre une scène où il ferait preuve d'un peu, d'humour, de sensualité ou de grandeur. La critique 68tarde des relations libres mais finalement amères et fragiles (le couple) et d'une homosexualité qui ne s'avoue pas (Pierre) n'est pas très originale.

Dans ce film où le sexe est censé être très présent, la morale qui semble surnager est qu'il faut laisser le sexe à sa place... qui n'est pas bien grande. On a connu limites plus exaltantes et plus difficiles à franchir !


Jean-Luc lacuve, le 10/02/2009.

 

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Avec : Jonas Bloquet (Jonas), Jonathan Zaccaï (Pierre), Yannick Renier (Didier), Claire Bodson (Nathalie), Pauline Etienne (Delphine), Anne Coesens (Pascale) et Johan Leysen (Serge). 1h45.