(1928-2022)
17 films
   
   
   
 

William Klein est né à New York le 19 avril 1928, près d'Harlem. D'origine hongroise, son père tient un modeste magasin de vêtements. Adolescent, William sèche l'école pour l'académie de billard et le Musée d'Art Moderne. À dix-huit ans, au terme d'études de sociologie, il part pour l'Allemagne dans l'armée de libération. Son unité à pour mission de surveiller la restitution des œuvres d'art volées par Goering. Mais bientôt on lui propose de poursuivre son service militaire à la Sorbonne, dans le cadre d'un programme d'amitié franco-américaine. À Paris, Klein suit les cours de théâtre de Tania Balachova et ceux de peinture d'André Lhôte puis de Fernand Léger.

Insatisfait de ses peintures abstraites, Klein les photographie en mouvement : c'est une révélation. Il sera photographe et très logiquement cinéaste à ses heures. De retour à New York en 1954, il collabore au magazine « Vogue » d'Alexandre Liebermann, mais c'est en France qu'il trouve en Chris Marker l'éditeur de son premier livre, Et il a donné naissance à un des livres de photo les plus frappants et les plus mythiques de l’histoire, Life is Good & Good for You in New York, consacré à sa ville natale. Sorti en 1956, deux ans avant Les Américains, de Robert Frank (Delpire, 1958), cet ouvrage devenu introuvable est alors un pied de nez à la tradition du reportage, à la photo documentaire et à la photo d’art classique : William Klein fait un sort à l'objectif 28 mm, au flou, au bougé et au flash alors peu usité ; il collectionne des images floues, décadrées, il montre des humains coupés ou serrés dans l’image, accumule dans les pages mots et réclames publicitaires, traçant le portrait corrosif d’une ville saisie par la folie consumériste.

En 1957, Klein est assistant de Federico Fellini pour Les nuits de Cabiria. En fait, il réalise pour lui des photographies du monde interlope. En 1960, il conseille Louis Malle sur l'emploi ludique de la couleur dans Zazie dans le métro. En 1958, il tourne le "premier film pop" Broadway by Light, un documentaire sur les enseignes lumineuses de Broadway. "C'était du ready-made cinématographique. Pierre Braunberger n'a pas voulu le produire. J'ai financé le tournage moi-même, loué une caméra 16 mm, tourné avec du film Kodachrome. J'ai montré les rushes à Resnais et à Marker, et ils m'ont conseillé d'aller voir une société de production qui s'appelle Argos Films. Anatole Dauman a pris en charge la post-production, mais pour avoir la prime à la qualité, il fallait des noms de gens de cinéma. Il a crédité Marker aux sous-titres (il n'y en avait pas !) et Resnais comme conseiller technique (il n'y en avait pas non plus !). » (in "Cahiers du Cinéma" n° 497).

Par la suite, Klein alternera documentaires et fictions. Il suivra ainsi toute l'épopée de Muhammad Ali de 1964 à 1974, témoignage des plus précieux sur celui-ci avec le film de Leon Gast WHEN WE WERE KINGS et les photographies de Howard Bingham. En 1967, il participe au film collectif Loin du Vietnam avec Alain Resnais et Jean-Luc Godard et, en 1968, il réalise à la sauvette Grands soirs et petits matins , le reportage le plus complet sur les événements du mois de mai. Côté fiction, Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? (1966) est une charge du milieu de la mode, Mr. Freedom (1969) une dénonciation de l'impérialisme américain et Le couple témoin (1977) une satire de la standardisation à outrance.

Collaborateur éphémère de "Cinq Colonnes à la une" en 1962, Klein n'a pas supporté de voir censurer son enquête sur « les Français et la politique » et en a claqué la porte. En 1963, il a signé pour la télévision « Le Grand Magasin », en 1972 « Le Grand Café », en 1985 « Mode in France » et en 1990 la série « Contacts » consacrée à l'analyse de la photographie.

Auteur d'innombrables spots publicitaires, William Klein est également un portraitiste hors pair (Catherine Hessling, Henri Langlois, Luis Buñuel, Serge Gainsbourg, Salman Rushdie...). Notons enfin que sa plus proche collaboratrice n'est autre que son épouse, Jeanne Florin, et que William Klein est apparu comme acteur dans La jetée (1962)de son ami Chris Marker .

Le photographe, connu aussi pour son ironie et son verbe acerbe, est mort, samedi 10 septembre, à l’âge de 96 ans, à Paris, la ville où il avait élu domicile dès l’après-guerre.

Filmographie :

courts-métrages :

1958 : Broadway by Light
1959 : Comment tuer une cadillac ?
1983 : Contacts
1984 : Ralentis

1964 Cassius le grand
   
   
1966 Qui êtes-vous, Polly Maggoo ?

Un mannequin-vedette d’origine américaine, Polly Maggoo, se plie aux fantaisies de l’excentrique couturier Isidore Ducasse, qui crée des robes en aluminium. Le défilé est un succès puisque miss Maxwell, échotière de mode redoutée, crie au génie. Loin de là, dans un petit État d’opérette, le prince Igor, rêveur sympathique et oisif, se languit d’amour devant les photos d’une cover-girl : Polly Maggoo, bien sûr. La reine mère charge deux émissaires d’aller enlever la jeune fille à Paris où, par ailleurs, l’O.K.T.V. prépare fébrilement un sujet sur Polly, vedette du jour, pour l’émission «Qui Êtes-Vous… ?» Derrière Grégoire, le réalisateur, et Jean-Jacques, le journaliste, une équipe traque impitoyablement le mannequin pour lui arracher son masque et la révéler au grand jour.

Les choses se compliquent quand Grégoire tombe amoureux du sujet de son enquête — qu’il présente même à sa famille, très «française moyenne»; quand les envoyés du prince, en quête de Polly, se font remarquer par leurs maladresses; quand le prince, de plus en plus amoureux — ses rêves le prouvent — décide de venir en personne à Paris; et quand Polly, au cœur de ce tourbillon, montre sa vraie nature de jolie fille toute simple.

Enfin, miss Maxwell, enthousiasmée par Ducasse, lance l’idée d’une mode nouvelle, la Femme Fusée. Polly en sera-t-elle le symbole ? N’est-elle pas déjà démodée ? Le prince, au milieu des contraintes du protocole français, cherche celle qu’il aime, déserte une cérémonie à l’Arc de Triomphe et se rend chez Polly. En son absence, une voisine ouvre et… il en tombe immédiatement amoureux ! Polly, de son côté, s’est brouillée avec Grégoire, dont l’émission est un échec, et elle se perd dans la foule des badauds qui ont envahi les Champs-Élysées.

   
1967 A parade is a parade ! et Vertigo

2 des 11 segments de Loin du Vietnam
1.2 A parade is a parade ! (William Klein) Trois manifestations liées à la guerre du Viêt-nam : Humphrey à Paris, le Jour des anciens combattants à New York, le 1er mai à Wall Street.

2.6. Vertigo : Manifestation des pacifistes américains le 15 avril 1967 à New York.

   
1969 Mr. Freedom
   
   
1969 Muhammad Ali, the Greatest

 

 
   
1970 Eldridge Cleaver

 

 
   
1977 Hollywood, California: A Loser's Opera

 

 
   
1977 Le couple témoin
 

Avec: André Dussollier (Jean-Michel) Anémone (Claudine) Zouc (La psychosociologue) Jacques Boudet (Le psychosociologue) Georges Descrières (Le ministre) Eddie Constantine (Dr Goldberg)

Jean-Michel et Claudine ont été sélectionnés pour servir à une expérience sociologique qui doit déterminer tous les besoins des habitants d'une ville futuriste en construction. Le couple se prête de bonne grâce aux nombreux tests que deux psychologues imposent à longueur de journées. Et la vie est ainsi minutée et réglée du matin au soir. La télévision retransmet de larges extraits de l'étude si bien que Jean-Michel et Claudine deviennent bientôt des héros que l'on vient visiter en famille et à qui l'on peut parler librement. Tous leurs gestes, leurs mots et leurs désirs sont épiés et analysés par les scientifiques du laboratoire. Le couple n'a plus d'intimité, plus de vie commune. Jean-Michel et Claudine commencent à s'interroger sur la finalité de l'opération. C'est alors que le ministre de l'Avenir et un célèbre futurologue leur rendent visite. Au cours du dîner, les "cobayes" se rendent compte de la manipulation dont ils sont l'objet et ils s'insurgent bientôt contre certaines des méthodes employées. Mais un groupe d'enfants s'introduit dans le laboratoire et les prend en otages. Jean-Michel et Claudine sont rapidement délivrés mais l'expérience est interrompue sine die.

   
1978 Grands soirs et petits matins
Moments captés au cours du mois de mai 1968, et organisés de manière chronologique à l'aide de brefs intertitres : discussion d'après barricades sur le boulevard Saint-Michel, scènes à la Sorbonne, à l'Odéon, au cours des affrontements avec la police, au stade Charléty, pendant les discours de de Gaulle, dialogue entre ouvriers et étudiants...
   
1980 The Little Richard Story
   
   
1982 The French
  Un ensemble d'images décrivant jour après jour différents événements des Championnats Internationaux de France de Tennis, au stade Roland-Garros, en 1981.
   
1984 Mode in France

 

 
   
1992 Babilée '91
   
   

1998

In and Out of Fashion
   
   

1999

Le messie
 

(Messiah). Avec : Daniel Edinger (le nabab à l'hôtel), Sebastian Gutierrez (Jésus sur la croix), Nicholas Savalas (le prophète dans le désert), Arjun Spinner (Jésus dans la rue). 1h57.

Pour l'Américain, Parisien d'adoption, c'est d'abord l'occasion de retrouver son pays natal. C'est ensuite une société pétrie de religiosité que visite Klein, infatigable observateur du cœur de ce monde. C'est enfin une splendide interprétation du messie de Haendel, dirigée par Marc Minkowski, qui met en scène chanteurs et musiciens, témoins de cette fabuleuse fresque des temps modernes. Nativité, passion et résurrection sont convoquées par William Klein dans un contraste permanent entre la ferveur religieuse et la violence du profane...