Le septième ciel

1997

Thème : Psychanalyse

Avec : Sandrine Kiberlain (Mathilde), Vincent Lindon (Nico), François Berléand (L'hypnotiseur), Philippe Magnan (Étienne Marchand), Francine Bergé (La mère de Mathilde). 1h31.

Mathilde ne va pas bien. Kleptomane, elle dérobe des jouets dans les magasins. Notaire, elle ne vient qu'irrégulièrement à l'étude de sa mère, Béatrice, qui lui conseille en vain de consulter un médecin. Nico, son mari, est inquiet ; chirurgien orthopédiste, il ne sait comment la soigner. Seul Arthur, leur jeune fils, ne semble pas pâtir du vague à l'âme de sa mère, qui continue, chaque soir, à lui raconter de belles histoires.

Au cours d'une réception, Mathilde a entr'aperçu un inconnu qui la regardait fixement. Elle le reconnaît peu après dans la rue, le suit dans un magasin où elle vole un jouet avant de s'évanouir.

À son réveil, l'inconnu est penché sur elle ; il se dit médecin et l'invite à déjeuner. Au cours du repas, il la questionne sur son passé, sa vie privée, sa sexualité. Puis il l'hypnotise. Mathilde en éprouve du bien-être : "J'ai décollé ", avoue-t-elle à son interlocuteur.

Chez elle, suivant les conseils de l'hypnotiseur, Mathilde bouleverse l'agencement de l'appartement pour que le lit conjugal soit mieux orienté. Surpris, Nico met cette lubie au compte de l'état dépressif de sa femme. Mathilde retourne chez l'hypnotiseur qui lui fait revivre, en transe, son enfance, la mort - accident ou suicide - de son père. Au cours de ce " voyage " dans son inconscient, elle éprouve un orgasme, le premier de sa vie car Nico, qui l'aime et qu'elle aime, ne lui a jamais procuré.

Dès lors, Mathilde semble aller mieux : elle reprend son travail, revoit l'hypnotiseur. Un soir, dans les bras de son mari, elle est sur le point de jouir. Nico, interloqué, s'écarte brusquement, comme s'il se trouvait face à une inconnue. Et c'est à lui de se sentir mal dans sa peau. Il suit Mathilde dans ses déplacements, fouille ses affaires, la regarde évoluer, dynamique, heureuse, sans soupçonner les causes de cette spectaculaire transformation. Et sa belle-mère, qui lui reproche de ne pas savoir donner du plaisir à sa fille, révèle à Nico les consultations secrètes de Mathilde chez l'hypnotiseur. Bouleversé, Nico se confie à un confrère, Étienne Marchand, qui lui conseille de consulter à son tour un hypnotiseur. Nico s'y résout mais, sceptique, refuse le retour sur lui-même que tente de lui imposer le praticien.

Convaincu que Mathilde le trompe avec un charlatan, Nico la traîne chez celui-ci pour confondre les amants. À l'adresse du docteur : personne, comme s'il n'avait jamais existé. Au comble de la jalousie, Nico agresse un inconnu que Mathilde, pour le convaincre de l'inanité de ses soupçons, a désigné au hasard comme étant le " coupable". Ridiculisé, en proie au doute, Nico revient chez lui. Arthur et Mathilde s'empressent affectueusement auprès de lui, qui tente de retrouver ses esprits. Épuisé mais enfin calme, Nico va s'endormir. " Demain, je remettrai tout comme avant " lui a dit Mathilde.

Mise en scène très romanesque de la psychanalyse où la rencontre avec le soignant ne procède pas d'une démarche volontariste mais d'une rencontre, par hasard, d'un inconnu dans une soirée. La cure commençant par un évanouissement dans un magasin auquel succède une rencontre avec l'hypnotiseur dans un restaurant désert, reste l'idée que le soignant n'est pas réel. Par contre en se libérant de la mort de son père Mathilde accède au plaisir interdit jusque là. La démarche psychanalytique trop classique de Nico ne peut connaître le même succès.

Source : cahiers du Cinéma n° 519 , décembre 1997