(1925-2000)

15 films

   
   
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Wojciech Has naît le 1er avril 1925, et grandit à Cracovie, et cette ville marquera profondément toute sa création. Ses études sont interrompues au début de la guerre, les Allemands ayant fermé lycées et universités. Le jeune "Wojtek" a quatorze ans. Il doit travailler et devient mineur de fond. Il arrive cependant à se faire admettre dans une école technique où les professeurs dispensent un enseignement artistique clandestin.

Dès la fin de la guerre, l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie rouvre ses portes, et Has, qui veut devenir peintre, s'y inscrit. Il s'inscrit en même temps à l'Atelier Cinématographique des Jeunes, la première école de cinéma polonaise, qui vient d'être créé à Cracovie. Il obtient son diplôme de cinéma en 1946 et, deux années plus tard, celui de l'Académie des Beaux-Arts. Alors que ses professeurs lui proposent de poursuivre ses études de peinture à Paris, il décide de rester en Pologne. Entre peinture et cinéma, son choix est fait, il sera cinéaste.

Il lui faudra beaucoup de patience et d'obstination pour y parvenir. Ni son premier film d'auteur, le moyen-métrage Harmonia, réalisé en 1948, ni le documentaire La Rue Brzozowa, qu'il réalise avec Rózewicz un an plus tard, ne sont distribués. Has travaille alors au Studio du Film Documentaire de Varsovie. Mais pas pour longtemps : la réalisation de Ma ville (1950), court-métrage personnel et intimiste sur Cracovie, lui vaut d'être relégué au Studio du Film Éducatif de Lodz. Ce n'est qu'après la libéralisation du milieu des années cinquante et la réorganisation de la cinématographie polonaise qu'il peut enfin rejoindre le cinéma de fiction.

La réalisation en 1957 du Noeud coulant marque le début d'une période de travail intense : jusqu'en 1962, Has peut réaliser un film par an. L'accueil réservé à son premier long-métrage lors de sa sortie donne une idée assez juste de la place qui sera la sienne tout au long de sa carrière. Ce film provocateur, qui n'obtient pas le visa pour l'étranger, sa noirceur risquant de ternir l'image d'un pays socialiste, est très durement attaqué par une grande partie de la critique polonaise. Mais, dans le même temps, tous s'accordent à reconnaître que Has est un cinéaste avec qui il faut dorénavant compter.

Après le succès international de l'Art d'être aimée (1962), Has entreprend, sur la suggestion de Tadeusz Kwiatkowski, l'adaptation du roman de Potocki, Manuscrit trouvé à Saragosse. Le film, terminé en décembre 1964, ne sort que plusieurs semaines après les fêtes de fin d'année. Et le rythme de tournage du cinéaste ralentit, jusqu'à l'arrêt total qui suit La clepsydre (1973), alors même que ce film obtient le prix du jury au festival de Cannes.

Has gagne dorénavant sa vie en enseignant à l'Ecole de cinéma de Lodz. En 1981, pendant le bref "printemps de Solidarnosc", a lieu la première élection par les représentants de la profession des directeurs des "Zespoly" (Ensembles de production), jusque-là nommés par le pouvoir. Has, qui devient pour la première fois directeur artistique d'un "Zespol", peut recommencer à tourner.

Mais les conditions économiques rendent plus difficile la production de films exigeants, et la situation empire à partir de 1990. Pendant des années, Has attend de pouvoir tourner L'Âne qui joue de la lyre. Cédant à la demande unanime des enseignants, il assume la charge de recteur de l'école de cinéma de Lodz de 1990 à 1996. En 1997, Martin Scorsese et Francis Ford Coppola resortent dans sa version longue de trois heures Manuscrit trouvé à Saragosse.

Il meurt le 3 octobre 2000, sans avoir pu réaliser son quinzième long-métrage.

Texte repris de :

Longs-métrages :

Documentaires réalisés entre 1948 et 1955 :
1948 : Harmonie (Harmonia)
1949 : Rue Brzozowe (Ulica Brzozowa), Locomotive Pt-47 ( Parowoz Pt-47)
1950 : Ma ville (Moje Miasto), Première Récolte (Pierwsky Plon) , La revue culturelle (Przeglad kulturalny), Musée des instruments musicaux (Muzeum instrumentow muzycznych), Livres de la Renaissance (Ksiazka polskiego odrodznia)
1951 : Scentralizowana kontrola przebiegu produkcji, Mécanisation des travaux de terre (Mechanizacja robot ziemnych).
1952 : Herboristes de Kamienne Dolina (Zierlarze z Kamiennej Doliny), Karmik Jankowy, Les Eclaireurs (Harcerze na zlocie),
1955 : Nasz zespól

1958

Le noeud coulant
 

(Petla). D'après le roman "Les Premiers pas dans les nuages" de Marek Hlasko. : Avec Gustaw Holoubek (Kuba), Aleksandra Slaska (Krystyna), Tadeusz Fijewski (Le saxophoniste), Stanislaw Milski, Emil Karewicz, Roman Klosowski, Ignacy Machowski. 1h45.

Les dernières vingt-quatre heures d'un alcoolique invétéré.

   
1958 Les adieux

(Pozegnania). Avec : Maria Wachowiak (Lidka), Tadeusz Janczar (Pawel), Gustaw Holoubek (Mirek), Stanislaw Jaworski ( Janowski), Stanislaw Milski (Le professeur), Zdsislaw Mrozewski (Le père de Pawel). 1h45

Pawel, jeune étudiant révolté contre son milieu, rencontre une danseuse, Lidka. Ils passent quelques jours dans une auberge près de Varsovie, puis se retrouvent des années plus tard, lorsque pawel sort d'un camp de concentration. Mais, pendant ce temps, Lidka a épousé le comte Mirek, cousin de Pawel.

   

1960

Chambre commune
 

(Wspolny pokoj). Mieczyslaw Gajda (Salis), Gustaw Holoubek (Dziadzia), Adam Pawlikowski (Zygmunt Stukonis), Anna Lubienska (Madame LÈopard), Beata Tyszkiewicz (Teodozja). 1h32.

La vie des habitants locataires d'un appartement dans un immeuble de la ville de Varsovie au début des années trente. Un chômeur, un étudiant, un poète qui chercher leur place dans la société.

   
1961 Adieu jeunesse
 

(Rozstanie). Avec : Lidia Wysocka (Magdalena), Wladyslaw Kowalski (Aleksander), Gustaw Holoubek (le cousin de Magdalena). 1h17.

Pour l'enterrement de son grand-pere, une actrice, Magdalena, revient dans la petite ville de son enfance. Elle y retrouve sa famille, ses amis d'autrefois, et rencontre un jeune garcon, Olek.

   

1962

L'or de mes rêves
 

(Zloto). Avec : Wladyslaw Kowalski (Le jeune homme), Krzysztof Chamiec (Piotr), Adam Pawlikowski (L'ingénieur), Barbara Krafftowna (La barmaid), Tadeusz Fijewski (Edzio), Aleksander Fogel (Le vieil homme). 1h39.

Un jeune chauffeur de poids lourds, croyant avoir tué un passant, tente de fuir la Pologne. Ill se réfugie dans une localité proche de la frontière, où l'on construit un complexe industriel. Recueilli par un ingénieur et attiré par la jeune barmaid du camp, il décide de rester. Il apprend finalement qu'il n'est pas coupable.

   
1963 L'art d'être aimée

(Jak Image Kochana). Avec : Barbara Krafftowna (Felicja), Zbigniew Cybulski (Wiktor Rawicz), Arthur Mlodnicki (Tomasz), Wienczyslaw Golas (l'officier SS), Zdzislaw Makalkiewicz (le journaliste), W. Kwasniewska (la photographe). 1h41.

Dans un avion à destination de Paris, Felicia, une célèbre actrice polonaise, se remémore les dernières années de sa vie. Elle se rappelle de la Seconde guerre mondiale pendant laquelle elle a dû, au prix de nombreux sacrifices, cacher l’homme qu’elle aimait de la Gestapo. Sa lutte acharnée pour le sauver l’a conduit jusqu’à collaborer avec l’ennemi, ce dont elle devra répondre une fois la guerre terminée.

   

1965

Manuscrit trouvé à Saragosse

(Rekopis znaleziony w Saragossie). Avec : Zbigniew Cybulski (Alfonse Van Worden), Iga Cembrzynska (Princesse Emina). 3h00.

Dans l'Espagne du XVIIIe siècle, durant les guerres napoléoniennes, un officier découvre un vieux livre qui concerne l'histoire de son grand-père, Alphonse van Worden, capitaine dans la garde wallonne. Un homme d'honneur et de courage. Il cherche le chemin le plus court à travers la Sierra Morena. Dans une auberge, la Venta Quemada, il soupe avec deux princesses islamiques. Elles l'appellent leur cousin et le séduisent. Il se réveille à côté de cadavres sous un gibet. Il rencontre un prêtre ermite et un chevrier, chacun raconte son histoire, il se réveille à nouveau par la potence. Il est sauvé de l'Inquisition, répond à un cabaliste et entend diverses histoires d'amour.

   

1966

Les codes
 

(Szyfry). Avec : Jan Kreczmar (Tadeusz), Zbigniew Cybulski (Maciek), Ignacy Gogolewski (Le docteur Gross), Irena Horecka (Tante Helena), Janusz Klosinski (L'antiquaire). 1h24.

Tadeusz, qui pendant la dernière guerre mondiale a combattu avec les alliés en Afrique du Nord, puis a habité Londres, revient à Cracovie après vingt d'absences, pour percer le mystère de la disparition de son fils cadet. Où est la réalité des événements, que s'est-il vraiment passé ? Qui a tué son fils, la Gestapo ou les résistants qui craignaient la trahison ? Pourra-t-il encore trouver un langage commun avec sa femme et son fils aîné ?

   

1968

La poupée
 

(Lalka). Avec : Mariusz Dmochowski (Stanislaw Wokulski), Beata Tyszkiewicz (Izabela Lecka), Tadeusz Fijewski (Ignacy Rzecki), Jadwiga Gall (Zaslawska), Wieslaw Golas (Krzeszowski), Kalina Jedrusik (Wasowska). 2h19.

Les stratagèmes de Stanislaw Wokulski, un brillant homme d'affaires, pour conquérir Isabella Lecka, une belle aristocrate ruinée. Les jeux de l'amour et de l'ambition dans les années soixante dix du siècle précédent, époque de grandes découvertes et de la montée de la bourgeoisie.

   

1973

La clepsydre

(Sanatorium pod klepsydra). Avec : Gustaw Holoubek, Tadeusz Kondrat, Halina Kowalska, Jan Nowicki, Irena Orska, Mieczyslaw Voit. 2h04.

Jozef vient rendre visite à son père dans un étrange sanatorium. Peu à peu, il se perd dans le bâtiment, il s'égare dans ses souvenirs, ses rêves d'enfants, son passé et ses fantasmes.

   
1983 Une histoire banale
 

(Nieciekawa Historia). Avec : Gustaw Holoubek (le professeur), Hanna Mikuc (Catherine), Anna Milewska (Véronique, la femme du professeur), Elwira Romanczuk (Liza, la soeur du professeur), Marek Bargielowski (Michel), Janusz Michalowski (Piotr, l'assistant du professeur). 1h53.

Vers une cinquantaine bien sonnée, confronté à la monotonie et la vanité de son existence, un professeur de médecine fait le bilan de sa vie et des valeurs morales qui l'ont gouverné. Seule étincelle d'espoir, sa jeune pupille Katarzyna. Le professeur se lance dans une aventure amoureuse, sans espoir de la voir aboutir.

   
1985 L'écrivain
 

(Pismak). Avec : Wojciech Wysocki (Rafal), Gustaw Holoubek (le juge d'instruction), Janusz Michalowski (le médecin de la prison), Jan Peszek (Sykstus), Zdsislaw Wardejn (Kasiarz), Hanna Mikuc (la maîtresse de Sykstus), Gabriela Konwacka (Maria), Marzena Trybula (la maîtresse de Kasiarz). 2h33.

Au commencement de la guerre de 1914, Rafal, jeune journaliste polonais, accusé d'avoir publié un article "blasphématoire", se retrouve en prison russe. Il y écrit un roman. La réalité sert de déclic à son imagination, se transforme sous nos yeux d'une manière inattendue et souvent cocasse.

   

1986

Journal intime d'un pécheur
 

(Osobisty pamietnik grzesznika przez niego samego spisany). Avec Piotr Bajor (Robert), Maciej Kozlowski (L'étranger), Janusz Michalowski (Le pasteur), Hanna Stankówna (Rabina), Ewa Wisniewska (Laura). 2h05.

Ecosse, XVIIIème siècle. Les conflits de religion dévastent le pays. Un jeune homme vend son âme au diable. Convaincu que les mauvaises actions ne sont pas un obstacle à la rédemption finale, il s'enfonce dans le péché.

   
1988 Les tribulations de Balthazar Kober
 

(Niezwykla podróz Baltazara Kobera). Avec : Rafal Wieczynski (Balthasar Kober), Michael Lonsdale (Le maître), Adrianna Biedrzynska (Rosa), Gabriela Kownacka (Gertrude), Emmanuelle Riva (La mère). 1h55.

Balthasar est un jeune orphelin bègue qui voyage à travers l'Allemagne des années 1580, secouée par la peste et les guerres de religion. Cet adolescent doté d'une vaste imagination cherche à percer le mystère de l'existence. Il va rencontrer au fil de ses pérégrinations des personnages a la fois rebelles et sages qui l'aideront à échapper à l'Inquisition et lui ouvriront les voies de la connaissance, à la lisière du réel et du rêve.

   
   
   
   
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