Salvador Allende

2004

Avec : Salvador Allende (archive), Patricio Guzmán et Jacques Bidou (narrateurs), Alejandro 'Mono' Gonzáles, Ema Malig, Anita, Victor Pey. 1h40.

Sur une table un portefeuille presque vide, quelques décorations, une montre, voici tout ce qui reste de Salvador Allende, renversé le  11 septembre 1973 par un coup d'Etat militaire. Au musée n'est conservé qu'un fragment des lunettes du président, retrouvé après le bombardement du palais de la Moneda. Guzman participa à cette utopie d'un monde plus juste et plus libre. Il y a trente ans, il se trouvait près de ce simple mur près de l'aéroport ne pensant qu'à sauver les bobines de La bataille du Chili. Il revient après trente ans d'exil et rencontre l'homme qui peignait les murs brigades muralistes pour propagande contre les journaux et médias détenus par la droite. Ema Malig avait 10 ans lorsqu'elle rencontra Allende après lui avoir écrit une lettre. Elle reçut ensuite une réponse. Ensuite elle connut l'exil. Elle représente aujourd'hui l'exil, non comme une grande terre commune, mais comme des territoires isolés, des ilots où chacun a ses souvenirs. Le Chili d'aujourd'hui est cette terre éclatée, des iles à la dérive qui ne se rencontrent pas.


Guzman rencontra aussi Allende très jeune, sans oser s'arrêter. Après trente ans d'exil il veut rendre compte de la vie de cet homme qui  a donné sa vie pour le Chili, son pays. Fondateur du Parti Socialiste Chilien, marxiste convaincu sans être un théoricien, Allende est avant tout un humaniste, un "gentilhomme" en politique. Candidat à l'élection présidentielle à trois reprises, en 52, en 58 où il frôle la victoire, en 64 enfin, il est à chaque fois battu. Il reprend la lutte, enraciné dans le jeu démocratique. Le 4 novembre 1970, il est élu président de la République et s'engage à corps perdu dans la transformation socialiste de son pays, obsédé par le respect pointilleux de la démocratie et de ses institutions. Cet amour pour le respect de la loi, pour la démocratie, va lui coûter la vie et plonger le Chili dans la longue nuit du fascisme durant plus de 17 ans.

"Il y a si peu de texte, aucune biographie serieuse sur Allende, les archives demeurent secrètes; l'arrogance des vainqueurs se prolonge. Le passé ne passe pas ; avec ce passé en tête nous continuons d'inventer un avenir".