1 A : Toutes les histoires

1998

Voir : Photogrammes

0h50

Dédicaces : BI : Fenêtre sur cour, Monsieur Arkadin, La cinquième victime ; BS : Ne va pas montrer tous les cotés des choses. Garde toi une marge d'indéfini.

Montage et séduction : Godard tapant à la machine à écrire. En fondu enchainés des photos de Charles Chaplin , Marilyn Monroe, Ida Lupino ou une pellicule défilant sur la table de montage.

Les pères : Nick's movie, Ppierrot le fou

Le cinéma : Tous en scène ; La règle du jeu ; Le lys brisé ; Alexandre nevsky

Histoire du cinéma chapitre 1A . Histoires du cinéma avec un S. Toutes les histoire qu'il y aurait, qu'il y aura, qu'il y a eu; qu'il y a eu

Irving Thalberg Le carosse d'or; La mort aux trousses

Des noms de films : "La règle du jeu", "Cris et chuchotements", "Le lys brisé". Le nom d'Irvin Talberg et des films qu'il a produit : "La foule", "Les rapaces", "Freaks", "Une nuit à l'opéra", "La veuve joyeuse", "Ben-hur", "La chair et le diable". Des noms de femmes, d'actrices et de metteurs en scène : Mary Meerson, la compagne de Langlois, D.W. Griffith, Eisenstein, Hawks, Dreyer, Rita Hayworth, Welles, Jean Renoir, Cocteau, Jean Vigo, Godard, Tex Avery. Des noms d'histoires : l'île au trésor, Billy the kid, don Quichotte. Des citations célèbres de Bazin "le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs", de Max Ophüls "le bonheur n'est pas gai" où anonymes "The world for a nickel", "A film is a girl and a gun". Le thème de la guerre Montages alternés : - film hollywoodien avec stars et d'un documentaire noir et blanc sur les charniers d'Auchwitz. - "Man Hunt" de Lang et documentaire d'actualité sur Hitler - "la règle du jeu" et un prisonnier d'un camp d'extermination -"Une place au soleil avec Liz Taylor et le premier film en couleur de Stevens sur les camps Extraits aussi de "Libelei" d'Ophüls et de "l'espoir" de Malraux. En insert : La mort, le diable et en commentaire : - Les réalisateurs ont été incapables de contrôler la vengeance qu'ils avaient vingt fois mis en scène. - La mort du capitaine de Boeldieu, du petit lapin (La grande illusion, la règle du jeu) ont été inaudibles. - La vie n'a jamais redonné aux films ce qu'elle leur avait volé. - L'oubli de l'extermination fait partie de l'extermination. La morale de la guerre. - Jamais de gros plan : la souffrance n'est pas une star. - Peu de panoramiques, une plongée peut-être mais c'est parce qu'une mère pleure son enfant assassiné. - Le cinéma parce qu'il a été populaire retrouve la peinture c'est à dire l'art. L'art est ce qui renaît dans ce qui a été brûlé. - 39-45 Martyr et résurrection du documentaire. - Utilité du montage alterné : regarder ce qu'on ne voit pas. Fin du premier temps sur la fin de "Allemagne année Zéro"

Fenêtre sur cour , Monsieur Arkadin, Le pré de Béjine, La cinquième victime, Nick's movie, Tous en scène, La règle du jeu, Les amants crucifiés, Roncho Notorious, Le lys brisé, le cuirassé Potemkine, Faust, Les hommes du dimanche, La mort aux trousses, La grève, An unseen ennemy, la marque du vampire, the erd badge of courage, intolérance, Hollywood, Les lumières de la ville, La ligne générale, Le grand chemin, La nouvelle Babylone, La vénus des mers chaudes, Criss cross, L'enfer est à lui, Le grand sommeil, Two tickets to Brodway, Le marchand de Venise, F for fake, l'Atalante, Le testament d'Orphée, Les girls, Bande à part, They live by nignt, Le mystère de roches de Kador, le testament du Dr Mabuse, Le dictateur, Métropolis, Lili marleen, La starda, Le fantôme de l'opéra, Salvatore Giuliano, La grande allusion, L'espoir, Pour qui sonne le glas, Au bord de la mer bleue, Un Américain à Paris, La passagère, D-Day to Berlin, Une place au soleil, Allemagne année zéro

Dans les deux premiers chapitres des Histoire(s) du cinéma portent sur l'essence du cinéma, brassant en deux heures ses origines multiples. Godard raconte d'abord la naissance du cinéma. Les films de cinéma sont nés du désir mégalomane de leur réalisateur d'être maître du monde. Plus que les metteurs en scène les premiers réalisateurs de films furent les producteurs. Irving Thalberg et de Howard Hughes valant pour les Selznick et Warner à venir. Cette importance à la fois démente et capitale du producteur est une constante chez Godard depuis Le mépris jusqu'à "Grandeur et décadence...".

Les formules "A film is a girl and a gun" ou "the world for a nickel" auraient très bien pu être prononcées par Jeremiah Prokosch. Elles révèlent une caractéristique majeure du cinéma ; le cinéma est populaire. Plus précisément même il est populaire en se confrontant aux désirs primordiaux et en leur donnant la forme du mythe (voir aussi le goût de Jeremiah Prokosch pour l'antiquité grecque ou romaine).

L'autre face du cinéma est plus intellectuelle grâce à des cinéastes lucides - "le bonheur n'est pas gai" Max Ophüls -ou des critiques -"Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs" - André Bazin -.

Populaire et intellectuel le cinéma avait le monde entre ses mains quand survint l'holocauste et Hiroshima. Les réalisateurs ont été incapables de maîtriser la vengeance qu'ils avaient vingt fois mis en scène. Pour rester maître du monde, l'idéalisme n'est plus de mise non plus que l'allusion : la mort du capitaine de Boëldieu - La grande illusion- et du petit lapin -La règle du jeu- ont été inaudibles.

S'instaure alors le cinéma moderne, s'accrochant au réel, reprenant l'héritage de Baudelaire, faisant de la modernité et de l'actuel la valeur essentielle ; ayant pour ambition un autre maître mot : témoigner. S'engage alors une morale de guerre : jamais de gros plan : la souffrance n'est pas une star, peu de panoramiques, une plongée peut-être mais c'est parce qu'une mère pleure son enfant assassiné. De cette période de 1939-1945 (engendrant des chefs-d'œuvre entre 1945 et 1956 de Rome ville ouverte à Nuit et brouillard) naît une métaphysique régénérée : le cinéma parce qu'il a été populaire retrouve la peinture c'est à dire l'art. L'art est ce qui renaît dans ce qui a été brûlé. La brûlure des mégalomanes se transforme en brûlure collective. L'inconscient du spectateur devra compter avec Jung et plus seulement avec Freud. Comme le cinéaste a trouvé une morale le spectateur devra lui aussi trouver la sienne. Voilà sans doute le but pédagogique de ces histoires du cinéma : regarder ce qu'on ne voit pas dans l'image.

Cette préoccupation correspond à l'évolution du style de Godard. Il devient plus réaliste au fur et à mesure qu'il devient plus visionnaire. Il rejoint ainsi le parcours de Fellini ou de Kurosawa ou de Visconti .. ou même de Balzac.

Le dispositif du plan-séquence dans lequel la vie doit intervenir n'a jamais pleinement satisfait Godard. Dans Vivre sa vie par exemple le montage sonore ou visuel vient apporter un contrepoint scientifique au parcours fragile de l'héroïne. N'en déplaise à André Bazin le montage est indispensable pour renvoyer le spectateur à une autre dimension du réel. Mais contrairement à Resnais où le fractionnement des plans correspond à l'éclatement de la conscience des personnages, le montage chez Godard cherche à réconcilier des plans de réalités apparemment opposés. Un plan ne prend son sens que mis en musique avec un autre. La jouissance ressentie à la vision d'un film de Godard provient d'images fortes suscitant un besoin de correspondances auquel il sera donné satisfaction par un plan placé plus loin.

Jean-Luc Lacuve , le 31/05/2005

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