Qu'as-tu fait à la guerre, papa ?

1966

(What did You do in the war Daddy?). Avec : James Coburn (Lt. Christian), Dick Shawn (Capt. Lionel Cash), Sergio Fantoni (Capt. Oppo), Giovanna Ralli (Gina Romano), Aldo Ray (Sgt. Rizzo). 1h56.

La Sicile, en 1943. Le général Boit envoie la Compagnie C, commandée par le capitaine Cash, occuper le village de Valerno.

Les Américains l'investissent sans rencontrer âme qui vive : la population et la garnison disputent un match de football. Tous, représentés par le capitaine Oppo, acceptent de se rendre, à condition de pouvoir célébrer le soir même la fête annuelle du vin. Cash, frais émoulu de l'Académie militaire, s'y refuse, mais le hâbleur lieutenant Christian le persuade d'accepter, en le jetant dans les bras de Gina Romano, la fille du maire. Malgré l'ordre de ne pas pactiser avec l'ennemi, les G.I's se mêlent à la fête.

Au petit matin, chacun émerge tant bien que mal des vapeurs d'alcool. Ayant découvert Cash dans le lit de Gina, sa fiancée, Oppo déclenche une rixe qui dégénère en bagarre générale. A la vue d'un cliché pris à cet instant par un avion de reconnaissance, le général Bolt pense que ses "petits gars " en sont au corps à corps. Afin de ne pas le détromper et de continuer à tranquillement pactiser, Oppo et Christian mettent en scène des combats de rue.

Tout irait donc pour le mieux si, après l'armistice, des troupes allemandes ne venaient remettre "de l'ordre". Soldats américains et italiens se retrouvent donc parqués ensemble, dans les ruines d'un amphithéâtre.

Grâce à des cambrioleurs ayant creusé un tunnel, Christian, Cash et Oppo aboutissent dans les catacombes. Travestis, les évadés assomment un à un des soldats allemands aussitôt emportés au stade pour y prendre la place des prisonniers qui, vêtus de leurs uniformes, s'évadent à leur tour. Au matin, les Américains et Italiens porteurs d'uniformes allemands sont devenus les geôliers des Allemands porteurs d'uniformes américains et italiens. Au soir de l'arrivée de la division du général Boit, une grande fête est organisée.

Le burlesque a souvent été associé au thème de la guerre depuis Charlot soldat en 1918, Soupe au canard (McCarey 1933), Le soldat récalcitrant (Hal Walker 1950 avec Jerry Lewis) ou De l'or pour les braves (Hutton 70). De plus, le film de guerre a connu un renouveau récent avec Le pont de la rivière Kwai (David Lean 1957), Les canons de Navaron (1961). Enfin et surtout, Edwards sort d'une belle série de succès. Pourtant le film, qui coûtera sept millions et n'en rapportera que quatre, sera un échec commercial et critique.

Certes ni James Coborn, qui a pourtant fait Les sept mercenaires, La grande évasion ni Dick Shawn, acteur de théâtre et de télévision qui a joué dans Un monde fou, fou, fou de Stanley Kramer et qui jouera dans Les producteurs de Mel Books ne sont des stars. Mais Blake Edwards avait fait de Peter Sellers une star avec La panthère rose.

Qu'as-tu fait à la guerre, papa ? reprend la thématique constante du rapport entre apparence et réalité chère à Blake Edwards. Italiens et Américains devront diriger un faux combat et surtout le travestissement, facilité par l'alcool, est partout. Il conduit à faire passer des morts pour des vivants (le colonel SS), des Américains pour des Italiens et des Italiens pour des Américains (après la partie de poker) et les deux pour des Allemands et, autre grande constante de Edwards, des hommes pour des femmes (Lionel Cash courtisé par l'officier allemand).

Si la thématique est là, reste que sa fonction (L'émotion surgissant au moment à partir duquel les gens sont autres et ne sont plus ce qu'il était ?) disparaît au profit d'une confusion généralisée avec ce maire qui parle allemand et lui seul, les deux voleurs qui creusent des souterrains et les communistes italiens qui rêvent d'enlever le colonel pour être récompensés par Staline.

Ce sont donc toutes les structures, grande (l'institution militaire) comme petites (vol, relations amoureuses, communisme béat, manie du vol) qui interdisent les pulsions qui sont attaquées par Edwards.

Blake Edwards n'a pu aller au bout de son intention de faire d'abord un vrai film de guerre pendant une demi-heure comme il en tient encore le pari durant le générique et les séquences initiales avec Aldo Ray interprétant ses personnages de sergent comme chez Walsh. Le tempo du film semble ainsi lui avoir échappé, le glissement de l'humour décalé (le colonel sentimental "Seul ma femme et le président m'appellent Max...mais de moins en moins souvent") vers la pagaille généralisée semble ainsi bien moins maîtrisé qu'il ne le sera dans La party

Test du DVD

Editeur : Wild Side Video, mars 2010. Master restauré. V. O. avec sous-titres français. : 1h56. 15 €.

Supplément :

  • Présentation du film par Noël Simsolo et Christophe Repplinger (26')