La grande pagaille

1960

(Tutti a Casa). Avec : Alberto Sordi (Le sous-lieutenant Alberto Innocenzi), Eduardo de Filippo (M. Innocenzi), Serge Reggiani (Ceccarelli), Martin Balsam (Sergent Fornaciari), Alex Nicol (Le prisonnier américain). 2h00.

Le 8 septembre 1943, le maréchal Pietro Badoglio signe l'armistice avec les Alliés. Mussolini est destitué. l'Italie change de camp. L'Armistice surprend, comme tout un chacun, le sous-lieutenant Innocenzi qui, sous le feu des troupes allemandes, leurs alliées d'hier, tente de maintenir l'unité de son peloton. Son régiment ayant été capturé, il cherche désespérément un officier supérieur pour savoir quels sont les ordres. En vain.

Ses hommes s'étant égaillés pour rentrer à la maison, Innocenzi, flanqué de Ceccarelli, qui devait partir en permission dans le Sud, et du Sergent Fornaciari, décide de retourner chez lui vêtu d'habits civils. En chemin, il passe chez Fornaciari dont la famille sera exterminée pour avoir hébergé un pilote américain, rencontre les premiers partisans qui vont prendre le maquis, assiste à l'arrestation d'une jeune juive, sans jamais intervenir.

Finalement, toujours accompagné de Ceccarelli qui est plus un fardeau qu'une aide, Innocenzi arrive chez lui. Mais là, son père l'exhorte à s'engager dans la nouvelle armée fasciste. Il continue alors sa route vers le sud où il est incorporé avec Ceccarelli dans l'organisation Todt. Il se trouve de fait à Naples quand éclate l'insurrection. Ceccarelli étant tombé sous les balles allemandes, Innocenzi a un sursaut de dignité et s'empare d'une mitrailleuse avec laquelle il fait feu sur les troupes nazies.

 

Dans un pays en pleine confusion, champ clos de lutte entre fascistes et résistants, les soldats désertent et même Innocenzi, qui cherche à accomplir son devoir jusqu'au bout, n'a bientôt plus qu'une envie, retourner chez lui, près de Rome. Avec Ceccarelli, qui veut regagner Naples, il s'embarque dans une longue équipée mouvementée sur des routes encombrées d'officiers en perdition et de civils hébétés, personnages cocasses et attachants, lâches et courageux, opportunistes et désabusés, mais tous profondément humains.

Jouant constamment sur les ruptures de ton, Comencini installe un va et vient impressionnant, à la fois désopilant et émouvant, entre tragédie et farce. Alberto Sordi, grincheux, servile, matois, ahuri râle mais finit par céder, grogne mais révèle son bon coeur. Les événements auxquels il assiste (meurtre d'une jeune juive, assassinat d'un soldat américain..) les comportements de son père, fasciste ou d'un prêtre qui le cache, la mort de Casccarelli lui feront peu à peu prendre conscience de la nécessité de s'engager.