Inspecteur Lavardin

1985

Avec : Jean Poiret (Jean Lavardin), Jean-Claude Brialy (Claude Alvarez), Bernadette Lafont (Hélène Mons), Jean-Luc Bideau (Max Charnet), Jacques Dacqmine (Raoul Mons), Hermine Clair (Véronique Manguin), Pierre-François Dumeniaud (Marcel Vigouroux). 1h40.

Une belle propriété aux environs de Dinan. Le repas familial d'un écrivain catholique très connu, Raoul Mons, est interrompu par une délégation de la ville qui veut faire interdire une pièce de théâtre blasphématoire. Il promet de s'en occuper. La pièce, Notre paire qui êtes aux cieux, censurée, n'aura pas lieu.

Peu de temps après, Raoul Mons est retrouvé mort, nu, sur la plage avec le mot "Porc" inscrit en rouge sur son postérieur. L'inspecteur Lavardin est envoyé sur les lieux pour enquêter sur ce meurtre. Quelle n'est pas sa surprise de retrouver en Hélène Mons, une ancienne amie dont il fut jadis amoureux.

Raoul Mons menait une vie assez austère avec sa femme Hélène, la fille de celle-ci, une jolie adolescente de 13 ans nommée Véronique, et le frère d'Hélène, Claude Alvarez. Le premier mari d'Hélène, le père de Véronique, Pierre Manguin  a disparu en bateau avec la propre femme de Claude ; on ne les a jamais retrouvés. Hélène est restée fidèle à la mémoire de cet homme, même si, par la suite, elle a épousé Raoul Mons qui avait prêté beaucoup d'argent  à Pierre Manguin.

Jean est invité à  dîner et dormir chez Helene. La nuit il découvre dans les tiroirs secrets de Raoul et un numéro de téléphone, celui  d'une boite de nuit, Le Tamaris. Il piège avec un fils de cuisine l'escalier et fait ainsi tomber Francis Lebihain, que Claude alerté par le bruit prétend être son amant et qui est régisseur à la compagnie du Silo à Dinan. Puis c'est Véronique qu'il surprend à rentrer tard.

Le lendemain matin, Lavardin et Vigouroux se rendent au théâtre de Dinan puis au domicile du propriétaire de la boite de nuit Le Tamaris, Max Charnet. Entre Charnet et Lavardin l'antipathie est immédiate. L'après-midi, Lavardin retrouve Hélène, rêvant sur la plage à côté du "Véronique" où disparut son premier mari. Dans le bateau, Lavardin retrouve une boîte à pipe de 1984 alors que le bateau et dit déserté depuis l'accident il y a cinq ans. Le soir alors qu'Hélène est toujousr plongée dans ses souvenirs, Véronique et Claude sortent de leur côté tandis que Lavardin et Vigouroux se rendent au Tamaris. Max Charnet se montre mielleux et cassant, avouant cyniquement fournir en drogue une jeunesse parfois pas même majeure. Lavardin a la désagréable surprise d'y retrouver Véronique qui fuit soudainement. Il la poursuit jusque sur la plage où devant la "Véronique", elle retrouve un homme mystérieux qui fuit lorsque l'inspecteur s'avance. Lavardin reconduit Véronique sans réussir à lui faire avouer le nom de l'inconnu. De retour au Tamaris, il arrête la musique et quelques jeunes avec de la drogue. Il menace alors de fermer la boite et Max Chenet est obligé d'avouer le lien qui l'unissait à l'écrivain assassiné : Charnet prêtait à Raoul Mons une garçonnière, un studio éloignée de 12 kilomètres et lui fournissait des jeunes filles.

Lavardin prétend aller de suite au studio mais passe la nuit à surveiller la plage où Véronique, conduite par son oncle, vient retrouver l'homme mystérieux qui part ensuite dans une voiture dont Lavardin note la plaque. L'immatriculation lui apprend qu'elle appartient à un écossais, Peter Guinman, un Ecossais. Avec Vigouroux, Lavardin visite le studio au matin et découvre les vêtements de Raoul Mons maculés de sang et même le coupe-papier, arme du crime. Dans le studio, il trouve une photo d'Hélène. Quand il la lui montre, elle lui fournit l'autre moitié de la photo où figure son ancien mari. Lavardin comprend alors que l'homme mystérieux de la plage n'est autre que le père de Véronique, lequel n'est donc pas mort.

Claude avoue, lorsque Lavardin menace de détruire sa collection d'yeux de porcelaine, que Jeanne, son ex-femme et Pierre Manguin vivent ensemble en Ecosse. Le père de Véronique revient tous les 15 octobre lui fêter une sorte d'anniversaire secret. Lui-même trouve avantage à cette vie de parasite et cache la vérité à Hélène pour la laisser vivre dans ses souvenirs.

Lavardin revient chez Charnet et, sous la menace d'une inculpation, exige de visiter son appartement. Il y découvre un dispositif de vidéo surveillance dont l'éclairage lui rappelle celui du studio. Dans celui-ci, il découvre  bien un dispositif d'enregistrement vidéo, installé par Francis à la demande de Mons pour filmer ses ébats.  Dans la dernière  K7, l'inspecteur découvre que c'est Véronique qui a tué son beau-père lorsque celui-ci voulut la violer en échange de son silence sur l'identité de son père qu'il avait retrouvé grâce à un détective.

Claude est désespéré que Lavardin ait retrouvé la vérité. En échange de la destruction de la K7, il propose de se désigner comme coupable et de se suicider pour épargner la vérité à  Hélène et le scandale pour Véronique. Celle-ci s'en va d'ailleurs remettre l'eveloppe d'argent à Francis qui  non seulement avait installé le dispositif de surveillance mais, drogué, avait assisté au corps balancé sur la plage par Claude. Lavardin le convainc de témoigner que c'est Charnet qui a jeté le corps. Il échappera ainsi aux poursuites pour chantage et trafic de drogue. Francis, pour qui Max Charnet  est un beau salaud, accepte.

Lavardin fait arrêter Charnet en présence de journalistes. Il s'en va, remercié par Véronique et Claude. Il avertit Hélène que son mari est toujours vivant. "Oui, dans mon cœur" répond Hélène. "Surtout dans ta tête" réplique Lavardin. Il s'en retournera seul chez lui : il révèle à Vigouroux que la photo de sa femme de ses deux enfants n'était que celle d'une criminelle ayant zigouillé ses deux lardons !

L'Inspecteur Lavardin avait d'abord enquêté du côté de la Haute-Normandie dans Poulet au vinaigre (1985). Muté pour "une sombre affaire de lavabo" en Bretagne, c’est cette fois en Ile-et Vilaine, du côté de Dinan, qu’on retrouve l’inspecteur pour sa seconde aventure cinématographique.

L'inspecteur Lavardin poursuivra ses aventures dans une mini-série de quatre épisodes pour la télévision, Les dossiers secrets de l’inspecteur Lavardin, toujours interprété par Jean Poiret et mise en scène par Claude Chabrol dans L'escargot noir (1988) et Maux croisés (1989) et par Christian de Chalonge dans Le diable en ville (1989) et Le château du pendu (1990).

Contrairement au premier épisode, dans lequel Lavardin n’apparaissait qu’au bout de trois quarts d’heure, il apparait cette fois en moins de dix minutes. Toujours avec son incomparable verve et ses mauvaises manières, mais flanqué cette fois d’un adjoint, le Chef Marcel Vigouroux, un peu trop mou (!) qu’il se plait à appeler Watson. 

Cette insolence agressive se retrouve vis à vis de Charnet lorsqu'il ferme la boite pour un soir et menace de la fermer plus longuement s'il ne parle pas et vis à vis de Claude lorsqu'il met à terre sa délicate collection d'yeux en porcelaine. Mais c'est lorsqu'il mélange violence et sous-entendus qu'il est le plus cynique. Ainsi lorsqu'il convainc Francis de faire inculper Chenet plutôt que de révéler que c'est Claude qui a balancé le corps de Mons du haut de la plage.

La haine de Chabrol vis-à-vis des écrans de télévision, ceux de la boîte de nuit, et ceux de télésurveillance de Charnet et ceux installés par Francis dans la garçonnière de Mons, n'a d'égal que son anticléricalisme (la pièce Notre paire qui êtes aux cieux, l'alcool caché dans une fausse bible, le crucifix rangé sur un tabouret)et son indulgence pour Claude, parasite mais le gai veuf, ou veuf gay, "plus porté sur les Jules que sur les Julies" à la mort de sa femme. Autres bons mots "Je voudrais pas paraitre vulgaire mais votre studio ressemble plus à un bordel qu'à une tasse à café "; "-J'ai du lui faire beaucoup de mal. -Je te fais confiance"

En parallèle l'histoire d'amour impossible avec Hélène, enformée dans le bocal du souvenir, avec ses écouteusr derrière la baie vitrée dès leur première rencontre, le soir lorsqu'il lui demande de sortir et à la fin. Rêveuse sur la plage et inaccessible, c'est elle qui est origine du cynisme de Lavardin. Enfuie il y a 20 ans, il est devenu flic en amateur en la cherchant partout mais elle a appelé sa fille Véronique parce c'est ce qu'il aurait voulu...

Jean-Luc Lacuve le 22/09/2015