La loi du marché

2015

Genre : Drame social

Prix d'interprétation masculine pour Vincent Lindon Avec : Vincent Lindon (Thierry), Yves Ory (Le conseiller Pôle Emploi), Karine De Mirbeck (La femme de Thierry), Matthieu Schaller (Le fils de Thierry), Xavier Mathieu (Le collègue syndicaliste), Noël Mairot (Le professeur de danse), Catherine Saint- Bonnet (La banquière), Roland Thomin (l’acheteur mobil-home), Françoise Anselmi (Mme Anselmi). 1h33.

À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

La loi du marché veut que chaque employé pense d'abord à préserver son travail avant d'être au service des autres. C'est le cas de l'employé de pôle-emploi qui ne peut rien pour Thierry, envoyé dans une formation de grutier sans avoir le pré-requis qui lui permet d'être employable. C'est le cas de la banquière qui ne pense qu'à placer des assurances-vie ou des emprunts plus élevé dès qu'elle sent Thiery devenir solvable. Pareillement, le recruteur ne fait passer un entretien à Thierry par skype que pour faire son job, convaincu d'avance qu'il ne l'emploiera pas. Le syndicaliste lui-même est pris dans des procédures trop longues qui n'intéressent plus que les spécialistes du combat social.

La loi du marché veut que chacun se trouve à la merci de celui placé un peu plus haut que soi. Ainsi l'acheteur du mobil-home qui ne veut rien entendre de la situation de son vendeur. Ainsi du patron des ressources humaines qui licencie en se servant du premier prétexte venu sans tenir compte de la qualité humaine de ses employés. Mêmes les participants au stage sur les entretiens d'embauche ne se privent pas d'aller dans le sens de l'animateur qui déroule son petit programme des choses à ne pas faire que tout le monde sait sans le moindre mot chaleureux pour Thierry qui connait, lui aussi, tout ça par cœur.

La cruelle loi du marché mise en évidence par Brizé dans la somme de ces cas concrets est celle qu'appliquent ceux qui sont dans le système vis à vis de ceux qui n'y sont plus. Dans ce monde sans solidarité, Brizé reste rivé sur son personnage principal, seul capable de sauver sa peau car personne ne lui viendra jamais en aide. Excepté toutefois sa femme et son fils avec qui l'accord semble toujours parfait, aussi bien pour les blagues, la danse, l'attention au fils handicapé moteur dans l'année difficile du passage du bac, ou dans l'attitude vis à vis de l'acheteur intransigeant.

Ne quitter ni sa maison, ni sa famille, ni sa dignité, tel est probablement le message modeste, un peu angélique et non politique, que Brizé se permet de donner à ceux que la loi du marché a exclu.

Jean-Luc Lacuve le 07/06/2015