El Chino

2011

Jun débarque mystérieusement en Argentine. Perdu et ne parlant pas un mot d'espagnol, il tombe littéralement sur Roberto, quincaillier maniaque et célibataire grincheux, qui le recueille malgré lui. Ce grain de sable dans la vie très réglée de Roberto va peu à peu le conduire, de situations absurdes en drôles de coïncidences, à changer imperceptiblement...

Le film s'inspire d'un fait divers dont la narration par la télévision russe est donnée lors du générique final (il est donc déconseillé de partir avant la fin). La vache de Borensztein s'écrase en Chine et non dans les eaux territoriales du Japon et ne tue pas un pêcheur mais la fiancée du personnage principal. L'enjeu du film est de savoir si notre monde à un sens ou est tout simplement absurde.

Roberto qui collectionne les faits divers absurdes-qui font l'objet de vignettes burlesques à l'intérieur du film- croit que le monde est privé de sens et se raccroche à ses maigres certitudes : l'amour de ses parents auquel il voue un culte (l'armoire pleine des cadeaux offerts à la mère décédée le jour de sa naissance, la visite rituelle au cimetière où sont enterrés ses deux parents), des heures de travail et de sommeil bien fixés, et le décompte du nombre de pièces dans les boites reçues pour la quincaillerie. Un désordre dans ces différentes habitudes le met hors de lui.

Jun non plus n'a pas compris ce qui lui arrivait quand la vache lâchée par des voleurs de vaches est tombée sur son bateau et a tué sa fiancée. Il est néanmoins plus stoïque face à l'adversité et accepte de changer ses habitudes.

Il va de soi dès le début que les deux hommes finiront par devenir amis et le film en trompe jamais sur cette certitude scénaristique. Le plus fort du film consiste à préparer le mur blanc sur lequel Jun finira par dessiner une vache qui regarde Roberto. La vie n'a peut-être pas toujours un sens mais il est possible de lui en donner un. Ce regard du ruminant fera comprendre à Roberto que c'est à lui de donner du sens à sa vie. Il décide ainsi de rejoindre Mari... celle qui trait la vache

Jean-Luc Lacuve, le 24/04/2012

 

 

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(Un Cuento chino). Avec : Ricardo Darín (Roberto), Muriel Santa Ana (Mari), Ignacio Huang (Jun), Enric Cambray (Roberto jeune homme), Iván Romanelli (Leonel), Julia Castelló Agulló et Javier Pinto (les amants italiens). 1h33.