Dans cette scène, le silence, l'attitude respectueuse et étonnée du saint agenouillé contraste avec la posture tendue et inhabituel de l'apôtre dans son martyre.
Zurbarán a rejeté tout élément troublant l'attention du spectateur. La scène se concentre sur les deux figures de l'apôtre et du saint, tous deux fortement illuminés. Le reste de l'espace reste vide dans l'ombre. La lumière chaude et diffuse, comme celle d'un émerveillement, baigne la scène. Elle permet au peintre de mettre en valeur les qualités tactiles des tissus, à la fois celles des habits du moine comme des draperies de l'apôtre.
L'oeuvre de Francisco de Zurbarán consista principalement à transmettre les visions du monde des divers ordres monastiques qui lui passèrent commande. En 1628, Zurbarán reçoit la commande d'une série de tableaux sur différents épisodes de la vie de Saint Pierre Nolasque, fondateur de l'Ordre, pour le cloître du couvent de la Merced Calzada, à Séville.
Deux de ces tableaux sont conservés au musée du Prado. L'un est cet Apôtre saint Pierre apparaissant à saint Pierre Nolasque et l'autre La vision de saint Pierre Nolasque.
Pierre Nolasque est né en France à Carcassonne à la fin du 12ème siécle et est mort vers le milieu du 13e. Il eut une vie très intense, prenant part à la croisade contre les Albigeois, puis servant le roi James I d'Aragon. A Barcelone, il fonde l'ordre religieux des mercédaires, dédié à Notre Dame de la Miséricorde, destinée à libérer des maures les prisonniers chrétiens de l'époque de la Reconquête.
Son désir était de se rendre à Rome pour visiter la tombe de l'Apôtre Saint-Pierre. Il ne trouva pas le temps de s'y rendre mais l'Apôtre lui-même lui apparu dans sa cellule. Une première fois, il lui apparu crucifié la tête en bas tel qu'il le fut pour son martyre puis, lors d'une autre apparition, l'apôtre lui montra la Jérusalem céleste.