la Madone avec des saints et les membres de la famille Pesaro a été commencée seulement quinze ans après La Madone avec les saints de Giovanni Bellini. C'était alors inouï de déplacer la Vierge du centre de l'image et de placer les deux saints du donateur - saint François, reconnaissable à ses stigmates et saint Pierre, qui a déposé la clef, l'emblème de sa dignité, sur les marches du trône de la Vierge - non symétriquement sur chaque côté, comme Giovanni Bellini avait fait, mais comme les participants actifs d'une scène.
Dans cette peinture d'autel, Le Titien a ranimé la tradition des portraits de donateurs d'une façon entièrement nouvelle. Le tableau a été commandé pour être un signe d'action de grâces après la victoire sur les Turcs par le noble vénitien Jacopo Pesaro et Titien le peint à genoux devant la Vierge tandis qu'un porte-étendard en armure traîne un prisonnier turc derrière lui. Saint Pierre et la Vierge le regardent de haut avec bienveillance tandis que saint François, de l'autre côté, attire l'attention de l'Enfant Jésus sur les autres membres de la famille Pesaro, qui sont à genoux de l'autre côté. La scène entière semble avoir lieu dans une cour ouverte, avec deux colonnes géantes qui montent dans les nuages où deux petits anges espiègles s'amusent à lever la Croix.
Les contemporains du Titien ont du être stupéfiés de l'audace avec laquelle il avait osé renverser les règles anciennes de la composition. Ils doivent d'abord avoir trouvé une telle image tordue et non équilibrée. En réalité c'est l'opposé. La composition inattendue sert seulement à produire un effet gai et vif sans renverser l'harmonie de l'ensemble. La raison principale en est la manière dont Titien laisse passer la lumière. L'air et les couleurs unifient la scène. L'idée d'avoir, en face de la Vierge, un simple drapeau aurait probablement choqué la génération précédente, mais ce drapeau, avec ses couleurs riches et chaudes, est un morceau de peinture si extraordinaire que l'entreprise est un succès complet.