La Mort et le fossoyeur   Carlos Schwabe   1900
 
 

La Mort et le fossoyeur
Carlos Schwabe, 1895-1900
aquarelle, gouache et mine de plomb sur papier, 75 x 55,5 cm
Musée du Louvre (cabinet de dessins).

   

L’aquarelle représente deux personnages dans un cimetière. Ils sont au premier plan et occupent le bas de l’aquarelle et la partie droite. Il y a un ange noir et un fossoyeur. Ils se trouvent sous un saule pleureur qui n’a pas de feuilles (c’est l’hiver).

Les tombes sont au second plan, sur la gauche. Elles sont couvertes de neige. Tout est immobile.

Le fossoyeur est en train de creuser une tombe. Le travail est bien avancé. Il est dans le trou. Au-dessus de lui, un ange aux ailes noires est accroupi.

C’est Maria, la première femme de Carlos, qui a servi de modèle à l’ange noir. Son visage est paisible. Il semble sûr de lui. Son regard est baissé en direction du fossoyeur. Il est jeune, gracieux, féminin. Ses doigts sont anormalement longs et ont quelque chose d’animal. La pose est incongrue et plutôt inconfortable (accroupi, pieds nus, bras levé). L’ange porte une longue robe noire avec de nombreux plis et une ceinture noire. Le drapé fait penser à ceux du peintre Edward Burne-Jones (préraphaélite). La coiffure est assez typique du début du vingtième siècle (cheveux coupés court qui forment deux bandeaux). La tresse qui passe sur son front revient assez souvent dans les œuvres de Schwabe et s’inspire entre autres des représentations médiévales.

Le fossoyeur est âgé. Sa peau est ridée. Il porte une longue barbe blanche. Ses cheveux blancs sont assez longs. Lui aussi est vêtu de noir. Il n’est pas très couvert malgré le froid. Son corps est sec et musculeux. Il a l’air en bonne santé et pourrait encore vivre un certain nombre d’années.

La moitié de l’œuvre est sombre (celle avec les personnages), l’autre est claire (cimetière enneigé). Les deux parties sont délimitées par une diagonale.

Analyse & symboles

La mort

L’hiver, la neige, l’immobilité et le cimetière symbolisent la mort. Le saule pleureur évoque le regret, la nostalgie, la tristesse et la mort, mais c’est aussi un arbre de vie. La lumière du couchant est visible en haut à gauche de l’aquarelle. Il s’agit aussi du crépuscule de la vie.

L’ange

Les branches du saule et les grandes ailes noires de l’ange plongent dans l’excavation. Les ailes de l’ange ont une forme enveloppante qui suggèrent l’affection et la possession. La forme de l’aile est aussi celle de la faux, accessoire de la Mort. L’ange tient une flamme verte dans la main. Le vert est la couleur de l’éternité et de la régénération.

Le fossoyeur

Son visage est levé en direction de l’ange. Il a en même temps l’air émerveillé, surpris et résigné. Ses sentiments sont suggérés par l’expression de son visage et par la position de ses bras. L’une de ses mains tient une pelle et semble sur le point de la lâcher.

L’idéal

Dans le fond de la composition, le terrain s’élève (étagement des tombes). Schwabe utilise souvent la montagne comme symbole de l’élévation vers un idéal.

L’au-delà

Contrairement à de nombreux artistes, Schwabe a une vision paisible de la mort et de l’au-delà. Le personnage de la Mort n’a pour lui rien de macabre ou d’effrayant. Au contraire, c’est une femme douce et bienveillante. La mort est à la fois un espoir et un accomplissement.

 

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