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La Descente de Croix

1614

La Descente de Croix
P. P. Rubens, 1611-1614
Huile sur toile, 420 × 310 cm
Anvers, Cathédrale Notre-Dame

La Descente de Croix est la partie centrale d'un triptyque peint par Pierre Paul Rubens entre 1612 et 1614. Il lui fut commandé le 7 septembre 1611 par la Confrérie des arquebusiers dont le saint patron est saint Christophe.

rétable fermé
 
rétable ouvert : la visitation de la Vierge Marie, la descente de croix, la présentation de Jésus au Temple
420x310 et 420x150 (2)

Lorsque les volets étaient fermés les jours "ordinaires", les spectateurs voyaient saint Christophe portant l'enfant Jésus pour lui faire traverser une rivière, ainsi que le voulait une légende médiévales. Christophe était le saint patron des arquebusiers : il devait figurer sur le tableau qu'ils avaient commandé. Cependant la réalité historique du saint n'ayant pu être prouvée, l'Eglise avait essayé de supprimer son culte. Rubens résout le problème en  reléguant Christophe sur la face extérieure moins prestigieuse des volets. Il prête à son personnage l'allure puissante du héros classique Hercule.

Christophe dont le nom grec Christophoros signifie porteur du Christ, fournit aussi la clé permettant de relier entre elles les scènes de ce retable. Celles-ci ne se rapportent pas à un seul et même épisode mais elles possèdent un leitmotiv : le Christ est à chaque fois "porté». A gauche par la Vierge enceinte, à droite par le grand prêtre, au centre surtout par Jean, son disciple favori (vêtu d'un manteau rouge éclatant, couleur de la passion).

Au pied de la croix sont agenouillées Marie madeleine et Marie de Cléophas, une demi-sœur de Marie. La mère de Jésus se tient debout, son attitude et son visage livide traduisent sa détresse. Le fait qu'elle soit représentée debout, plutôt qu'assise - comme c'est le cas dans de nombreuses compositions consacrées à ce thème- est probablement la conséquence de prescriptions religieuses. Pendant la Contre-réforme, les peintres devaient se tenir plus strictement aux textes des évangiles et se distancier de l'interprétation de leurs prédécesseurs. Selon l'Evangile de Jean (19:25) Marie se tenait debout près de la croix du Christ.

L'impressionnant Christ mort rappelle le Laocoon de la célèbre sculpture gréco-romaine que Rubens admirait beaucoup. "Un des grands mérites de Rubens est que, tout comme Michel-Ange avant lui, il a puisé une vérité universelle dans les anciennes légendes, qu'elles soient classiques ou bibliques. Il transcende la distinction stricte entre païen et chrétien, la mort de Laocoon devient ici la passion du Christ (Kristin Lohse Belkin)

Source : Le sens caché de la peinture, Patrick de Rynck et Jon Thompson, Hazan, 2019