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La carriole du père Junier

1908

La carriole du père Junier
Henri Rousseau, 1908
huile sur toile, 97 x 129 cm
Paris, Musée de l'Orangerie

"Le père Junier" vendait de légumes qu'il allait tous les matins acheter chez les maraîchers de Bagneux ou de Verrière-le-Buisson. Il était depuis longtemps un ami du peintre ; sa femme lui faisait la cuisine. Rousseau lui devant quelque argent et monsieur Junier venant d'acheter un cheval dont il était très fier, il fut convenu que Rousseau lui ferait un tableau. Rousseau a travaillé d'après une photographie. Cependant Rousseau y apporte des modifications importantes, révélatrices de la nature de son travail. Il supprime un arbre du boulevard et surtout il joue sur la taille et la position des trois chiens. Ils prennent une fonction plastique. Le gros chien noir donne de la profondeur à la carriole. On sait que lorsque Max Weber fit remarquer à Rousseau que le chien noir était trop grand par rapport à l'échelle de l'ensemble, l'artiste lui a rétorqué que sa toile exigeait qu'il en soit ainsi. Par contre le chien miniature qui trottine devant la carriole ajoute à la monumentalité de la jument. Cette dernière se tient curieusement sur la pointe des sabots, effet que viennent accentuer les ombres portées sur le sol. Cette jument danseuse semble presque suspendue dans l'espace. Rousseau affectionne ce genre de paradoxe qui fait flotter certains personnages dans un espace purement pictural. Les passagers de la carriole à l'exception de monsieur Junier sont présentés dans une stricte frontalité comme des icônes byzantines.