(1828-1882)
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Préraphaëlite |
Autoportrait | 1847 | Londres, National Portrait Gallery |
Beata Beatrix | 1870 | Londres, Tate Gallery |
Fils d'un poète italien émigré à Londres, Dante
Gabriel Rossetti est né à Londres, le 12 mai 1828. Ses proches
l'appelaient Gabriel, mais lui-même plaçait son prénom
Dante (en hommage à Dante Alighieri) en premier dans ses publications.
Rossetti montre très tôt un grand intérêt pour la
littérature et l'art médiéval italiens. Aspirant à
devenir poète, comme la plupart des membres de sa famille, il devient
finalement l'élève du peintre Ford Madox Brown avec qui il tisse
des liens d'amitié étroits qu'il entretint toute sa vie.
Il rencontre William Holman Hunt qui vient de peindre La Veille de la Sainte-Agnès,
illustrant un poème de John Keats. Rossetti est lui-même l'auteur
d'un poème intitulé La Demoiselle élue, écrit
dans le style de Keats. Aussi, pense-t-il que Hunt et lui partagent les mêmes
valeurs artistiques et littéraires et qu'ils pourraient devenir amis.
En effet, ils développent ensemble les principes de la Confrérie
Préraphaélite qu'ils fondent, avec d'autres artistes, en 1848.
Parallèlement à son activité picturale, Rossetti traduit
et publie des poèmes de Dante ainsi que d'autres auteurs italiens du
Moyen Âge, toujours passionné par cette époque.
Son romantisme et son refus du monde qui l'entoure précipitent sa séparation
d'avec le mouvement préraphaélite, bien qu'il en fût l'artiste
le plus important.
Puis, une succession d'événements vont le plonger dans une
profonde dépression. En 1862, son épouse, Elizabeth Siddal,
meurt d'une overdose de laudanum, après avoir donné naissance
à un enfant mort-né. Dans le même temps, n'arrivant pas
à faire publier ses propres poèmes, il les enterre dans la tombe
de son épouse au cimetière de Highgate. Mais c'est aussi pendant
cette période qu'il peint ses plus belles toiles, notamment Beata Beatrix,
dans laquelle il idéalise, sous les traits de son épouse décédée,
la Béatrice de Dante. Il s'essaie également à l'aquarelle,
multipliant les portraits de femmes, notamment Fanny Cornforth, une prostituée
dont il est tombé amoureux, mais aussi l'épouse de William Morris,
Jane Burden, avec qui il a une liaison.
En 1871, il décide de déterrer ses poèmes et les fait
enfin publier. Ils font aussitôt scandale par leur érotisme et
leur sensualité qui choquent le Royaume-Uni victorien.
Délaissant peu à peu l'idéal féminin, il emprunte
aux légendes arthuriennes et à l'uvre de Dante les sujets
de ses dernières toiles.
Les dernières années de sa vie sont sombres : ses passions de
la littérature et de la peinture l'ont quitté, il devient sénile
et se retire à Birchington-on-Sea où il vit, totalement reclus,
souffrant d'un délire de persécution. Il s'éteint, seul,
en 1882.
Malgré la fulgurance de sa carrière, Rossetti a eu une influence
considérable sur le développement du mouvement symboliste en
Europe.