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Martyre de saint Philippe

1639

Martirio de san Felipe
Jusepe de Ribera, 1639
Huile sur toile 234 x 234 cm
Madrid, musée du Prado

On a longtemps cru que cette œuvre représentait le martyre de St Bartolomé, l'apôtre qui, selon la tradition, a été écorché vif alors qu'il prêchait fidélité au Christ en Arménie. Selon une autre tradition d'origine orientale, il aurait été crucifié et décapité. Afin d'harmoniser ces versions contradictoires, Jacques de Voragine dit dans la Légende dorée : 'Il se peut que le saint apôtre ait été d'abord été crucifié, puis, juste avant qu'il ne meure, afin d'augmenter ses souffrances, on l'aurait descendu de la croix puis écorché et enfin, alors, qu'il vivait encore, il aurait été décapité ".

Néanmoins, St Bartolomé est couramment représenté tenant un couteau pour rappeler son terrible martyre et l'absence du couteau dans ce tableau (bien que certains l'identifient dans la poignée qui sort de la poche du bourreau, sur la droite de la toile) a fait douter les critiques sur le sujet de ce tableau.

De récentes étu des ont clairement indiqué que la peinture représente le martyre de Saint Philippe. Cet apôtre vint prêcher en Phrigie où il fut tué par des païens. Il fut attaché à une croix avec des cordes (et non des clous) et Ribera décrit ici l'acceptation de cette torture par le martyr.

La toile commandée par le vice-roi de Naples jusqu'en 1644, Ramiro Felipe Núñez de Guzmán, duc de Medina de las Torres et l'un des clients les plus fervents de Ribera, constitue l'une des œuvres les plus remarquables de Spagnoletto, significative du niveau de maturation atteint dans ces années-là, montrant non seulement un luminisme chromatique renouvelé mais aussi la capacité de représenter la scène d'un martyre sans montrer de personnages hurlants et en état de désespoir, ce que Ribera a fait dans ses martyrs naturalistes caravagesque jusqu'à la fin des années 1620, mais représentant plutôt des états d'âme, à l'impact émotionnel cependant puissant, confiés à des personnages tirés de la vie réelle, entourés de silence et résignés à leur sort

La composition fait usage de séries de lignes diagonales et verticales et de vifs racourcis. Au premier plan, deux bourreaux hissent le corps fatigué, déjà lié à la branche horizontale de la croix alors qu'un troisième aide à tenir la jambe du saint vers le bas.

Sur la droite, un groupe d'homme suit attentivement l'éxécution du martyr alors que le groupe sur la gauche semble méditer sur sa mort prochaine. Le splendide nu d'un saint d'origine populaire, la richesse des couleurs, le vaste ciel clair, et, à gauche l'enfant endormi dans les bras de sa mère, révèlent une oeuvre de la maturité de l'artiste.

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