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Une femme à barbe donne le sein a un nourrisson, se présentant face à nous, accompagnée de son mari, derrière elle.
En 1631, Ribera est appelé au palais royal par le duc d’Alcala pour témoigner par une œuvre d’un prodige de la nature. L'événement est explicitement retranscrit par l'inscription présente sur les blocs de pierre à droite: l’artiste a peint «d’après le modèle vivant» (AD / VIVVM MIRE DEPINXIT) le portrait de Maddalena Ventura, une femme de 52 ans originaire des Abruzzes qui, après avoir donné naissance à trois enfants, à l’âge de 37 ans, se vit pousser une barbe épaisse, sans doute du fait de dérèglements hormonaux.
Le peintre tient à attester que ce prodige de la nature (EN MAGNV[M] NATVRA MIRACVLVM, précise l'inscription), devait constituer un phénomène tel qu’il était digne d’être consigné par le plus célèbre peintre de Naples à ce moment. Ribera date (16 février 1631) et signe son œuvre, en se comparant lui-même à Apelle, peintre le plus illustre de l'Antiquité.
Ribera nous offre un portrait de famille résolument non conventionnel, en rupture radicale avec l’art du portrait de cour en son temps. Le spectateur ne peut qu'être frappé par cette image frontale mettant l'accent sur le contraste entre la longue barbe noire et le sein blanc gonflé de lait sorti du corsage pour nourrir l'enfant Néanmoins, la grande humanité, voire la noblesse, des figures l'emporte sur l’incongruité de la représentation.