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Blonde à la rose

1917

Blonde à la rose
Auguste Renoir, 1917
Huile sur toile, 64 x 54
Paris, Musee de l'Orangerie

Catherine Hessling, de son vrai nom Andrée Madeleine Heuschling (22 juin 1900 - 28 septembre 1979), "Rousse, bien en chair", fut l'un des derniers modèles du peintre Auguste Renoir et la première épouse de son fils, le réalisateur Jean Renoir. C'est pour elle que le cinéaste abandonna la céramique et débuta dans le cinéma. Il en fit l'héroïne de ses cinq premiers films muets.

Elle figure dans plusieurs toiles de Auguste Renoir, magnifiquement offerte dans Les Baigneuses du Musée d'Orsay, ou encore de dos dans Le Concert de Toronto

Andrée Heuschling, d'origine alsacienne, réfugiée à Nice pendant la guerre, dotée d'une beauté incomparable, "dernier cadeau de ma mère à mon père", fut, en fait, envoyée à Auguste Renoir en 1917 par Henri Matisse qui trouvait qu'elle "ressemblait à un Renoir". "Dédée" (surnom donné à l’académie de peinture) pose pour le maître (souvent nue), de 1917 jusqu’à la mort de Renoir, le 3 décembre 1919. Jean, deuxième fils du peintre, tombe amoureux de la jeune fille, qu’il épouse le 24 janvier 1920. Elle donne naissance à un fils, Alain, le 31 octobre 1921.

Andrée Heuschling adore le cinéma et particulièrement les films américains où s’illustrent, à l’époque, des stars comme Gloria Swanson, Mae Murray et Mary Pickford. « Dédée copiait leurs manières, s’habillait comme elles. Dans la rue, les passants l’arrêtaient pour lui demander s’ils l’avaient vue dans tel ou tel film, américain bien entendu. » De cette passion commune sont nés un pseudonyme à consonance anglaise, Catherine Hessling, et le premier scénario écrit par Jean Renoir en 1924, Catherine ou Une vie sans Joie. Albert Dieudonné en assura la réalisation. « Moi, je n’ai jamais voulu être vedette de cinéma, jamais; C’est Renoir qui disait : j’userai s’il le faut de mon droit marital pour te faire tourner ». Jean Renoir confirme ces dires dans ses mémoires en insistant sur le fait qu’il n’a mis les pieds dans ce métier que dans l’espoir de faire de sa femme une vedette.

Jean Renoir lui impose un maquillage très prononcé et vif, peu commun pour l'époque : la bouche et les yeux, d’un noir pénétrant, se détachaient violemment sur le visage recouvert d’un fond de teint blanc. Catherine Hessling qui avait l’air d’un clown noir et blanc, joue des rôles de servantes niaises, en butte à la galanterie des hommes et à la médisance du sexe faible.

Loin d’être découragés par l’échec commercial de ce premier essai, Renoir et sa femme recommencent avec La Fille de l'eau, mélodrame fluvial où Catherine, interprète une jeune fille martyrisée par un oncle marinier. Avec Nana, d’après l'œuvre d'Émile Zola, le grand public va découvrir Catherine Hessling, grâce aux affiches qui couvrent les murs de Paris; pour lancer son film, Jean Renoir vend plusieurs toiles héritées de son père. Dans les salles, en revanche, les spectateurs sont peu nombreux pour amortir l’énorme budget d’un film qui vaut toutefois à son auteur un début d’estime du milieu intellectuel, et à sa vedette Catherine Hessling d’être comparée à Asta Nielsen et à Greta Garbo.

Catherine Hessling tourne ensuite, en 1927, avec Alberto Cavalcanti, cinéaste et ami du couple La P'tite Lili, bref mélodrame qui illustre une chanson populaire. Catherine retrouve Renoir pour La petite marchande d'allumettes, un conte d’Andersen, et Tire-au-flanc, où elle ne fait que deux apparitions. Sa carrière est, déjà, pratiquement terminée. Dans Le Petit Chaperon rouge, elle est une nymphette poursuivie par "Compère le Loup, alias Jean Renoir en tricot de corps et chapeau melon. Die Jagd nach dem Glück, jamais projeté en France, est un échec commercial en Allemagne. Séparée de Jean Renoir en 1931, leur divorce n'est prononcé qu'en 1943. Catherine Hessling apparaît encore dans trois films parlants. Après une brève fin de carrière comme danseuse, elle abandonne toute activité artistique.

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