Mon portrait Odilon Redon 1881
 
 

Mon portrait
Odilon Redon, 1881
Huile sur bois, 41,7 × 32 cm
Paris, Musée d'Orsay

   


Redon a vingt-sept ans lors de la réalisation de ce premier autoportrait. Peint de trois-quarts, le regard fixé vers le spectateur, cette image ne montre ni ne suggère les caractéristiques du métier de peintre, son statut professionnel. Il est remarquable qu’aucun des dix autoportraits réalisés au long de la vie de l’artiste ne fasse jamais allusion à sa profession, révélant ainsi la relation complexe qu’il entretenait avec elle, et par conséquent avec lui-même. La coupe des cheveux et son costume suggèrent son statut social, celui d’un homme bourgeois ; statut avec lequel Redon ne semble pas se réconcilier pendant sa jeunesse : “Quel malheur d’être un bourgeois ! Je n’ai d’excuse que dans la douleur que cet état me donne. Il y a longtemps que je me vois écartelé entre le faux-col et la blouse, sans avoir le courage de rompre avec le premier”, déclarera-t-il en 1873 à son maître Rodolphe Bresdin.
Cet autoportrait aux tons assombris par les noirs et les bruns laisse encore retentir l’influence du romantisme, cher à l’œuvre précoce de Redon. Plus particulièrement c’est l’influence de Delacroix qui transparaît dans cet autoportrait : influence dans la technique picturale, mais aussi dans le mode de l’autoreprésentation comme en témoigne l’autoportrait au gilet vert de Delacroix (Louvre, 1837).
L’autoportrait de 1867 est exécuté dans les années où Redon effectue des copies de Delacroix au Louvre (en 1868, Redon accomplissait un Plafond d’Apollon, d’après le maître). Contrairement à Delacroix, Redon ajoute une bande horizontale en bas du plan du tableau, motif que l’on voit souvent dans les autoportraits et les portraits des XIVe et XVe siècles.

Texte : Katia Papandreopoulou

 

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