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Grotte Chauvet

- 31 000

Grotte Chauvet
Paléolithique supérieur, 31 000 BP
Ardèche, commune de Vallon-Pont-d'Arc
fermée au public en attendant une réplique à proximité en 2014

La grotte Chauvet, grotte Chauvet-Pont-d'Arc ou encore grotte de la Combe d'Arc est une grotte ornée paléolithique située en Ardèche sur la commune de Vallon-Pont-d'Arc. Elle se trouve au lieu-dit de la Combe d'Arc, qui constitue l'ancien méandre de la rivière Ardèche, avant l'érosion du pont d'Arc. La grotte a été découverte le 18 décembre 1994 par Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel et Christian Hillaire .

Le site comporte 420 représentations d'animaux (peintures, gravures). De nombreuses datations directes par la méthode du carbone 14 ont donné des résultats cohérents proches de 31 000 ans BP. La communauté scientifique admet quasi unanimement que les œuvres de la grotte Chauvet datent de l'Aurignacien et comptent parmi les plus anciennes au monde. La diversité et la maîtrise des techniques dont elles témoignent ont profondément remis en cause l'idée d'un art préhistorique évoluant très lentement et de manière linéaire et ascendante.

Avec Lascaux (1940), Cosquer (1991) et Cussac (2000), la grotte Chauvet est l'une des grottes françaises majeures par les qualités esthétiques de ses œuvres.

Elle présente également un très grand intérêt scientifique, tant d'un point de vue paléontologique que de celui de l'art pariétal. Elle est l'une des plus anciennes grottes ornées au monde et date de l'Aurignacien (environ - 31 000 ans BP). Les inventeurs et l'équipe qui, depuis la découverte, y mène les recherches sous la direction de Jean-Michel Geneste et Jean Clottes, ont pris toutes les précautions indispensables pour préserver non seulement les parois mais aussi les traces d'activité humaine. L'Etat, propriétaire de la grotte, a fait installer un réseau de passerelles en inox pour assurer la conservation et l'intégrité des sols.

Les peintures de l'époque aurignacienne témoignent de la maîtrise de techniques très diversifiées (préparation des parois, gravures, tracés digités, mains positives, peintures, estompes, recherche de la perspective, etc.). Les thèmes abordés sont essentiellement animaliers, comme c'est généralement le cas dans l'art paléolithique. Toutefois, les animaux dits dangereux sont ici exceptionnellement fréquents (lions, rhinocéros, mammouths) au détriment des animaux plus ordinaires tels que cheval et bison, davantage représentés dans les grottes aux dessins et peintures solutréens et magdaléniens.

Mis en scène, un crâne d'ours trône sur un bloc rocheux, entouré par d'autres à terre. Sur un bout de roche, on trouve un couple mi-humain mi-animal : l'homme à droite a la jambe et un bras humains mais une tête bison, et la femme, à gauche, humaine en bas, se termine en haut par une lionne. Entre les deux jambes se trouve un triangle pubien avec une vulve. Très souvent, d'ailleurs, on trouve la représentation de couples d'animaux. Sur le panneau des lions, tout près du couple cité, on découvre un couple de lions en caresses, un autre cheminant ensemble, et la joute amoureuse de deux rhinocéros. Les artistes ont gravé une scène de chasse figurant deux lions et un bison. L'un des félins, la tête posée sur celle du bison, y semble en pleine prédation. Autre technique graphique à l'oeuvre à Chauvet, la superposition d'images similaires - générant l'illusion du mouvement de l'animal.

La grotte est d'autant plus remarquable qu'elle a été occupée par les hommes à deux périodes très anciennes, l’Aurignacien et le Gravettien, selon le préhistorien Jean Clottes. Selon les scientifiques en charge de l'étude, les œuvres pariétales auraient été réalisées au cours de la première seulement.

Les premières datations par le carbone 14 ont créé la surprise par leur ancienneté (31 000 ans). Elles ont été mises en doute en 2003 par certains archéologues, Christian Züchner, Paul Pettitt et Paul Bahn notamment, qui estimaient ces peintures plus récentes sur la base de critères stylistiques. La grotte Chauvet a toutefois bénéficié d'un nombre exceptionnel de datations directes pour lesquelles les échantillons furent confiés à plusieurs laboratoires, difficilement contestables et acceptées aujourd'hui par la majorité des préhistoriens. Des parallèles stylistiques ont été établis avec certaines statuettes découvertes en contexte aurignacien indubitable, telles que l'homme lion de Hohlenstein-Stadel.

Des recherches menées sur le style évoquent le cas de quelques gravures peut-être gravettiennes recouvrant certaines peintures noires aurignaciennes et attestant ainsi de leur plus grande ancienneté.

J.M. Elalouf et son équipe ont montré que les restes d'ursidé présents dans la grotte étaient bien ceux de l'ours des cavernes, représenté dans la galerie du cactus. Or cette espèce d'ours végétarien a disparu vers 28 000 ans BP, confirmant ainsi l'ancienneté de cette œuvre pariétale

Les œuvres de la grotte Chauvet démontrent qu'il existait déjà, au début du Paléolithique supérieur, des artistes capables d'abstraction intellectuelle pour préparer la paroi calcaire et penser le dessin. La grotte Chauvet est un site majeur dans l'histoire de l'humanité, où l'on voit que les hommes maîtrisaient parfaitement des techniques très complexes comme l'estompe et la perspective capables de donner du volume aux représentations pariétales mais également d'y figurer un véritable dynamisme. Grâce à la grotte Chauvet, les historiens et les scientifiques admettent dorénavant que l'art ne doit plus être lu comme un mouvement historique linéaire durant lequel les hommes auraient acquis des connaissances et des techniques de représentations pariétales de plus en plus complexes leur permettant de dessiner des objets de plus en plus complexes. L'art peut être vu comme une suite d'apogées et de déclins dont la grotte Chauvet est déjà un sommet de réussite esthétique et technique