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La crucifixion

1930

La crucifixion
Pablo Picasso, juin 1930
Huile sur toile, 51,5 x 66,5 cm
Paris, Musée Picasso

Dans cette peinture, le motif sacré, rare tel quel chez Picasso, est lié à l'expression de la souffrance humaine et aux obsessions personnelles de Picasso. On retrouve comme dans une vision hallucinatoire tous les personnages de la Passion : Christ et Vierge pâles sur fond de ténèbres, Marie Madeleine suppliante, le porteur de lance semblable à un picador transperçant Jésus, tandis que deux centurions jouent sa tunique aux dés près des deux larrons gisants.

Mais d'autres formes issues de l'imaginaire de Picasso se mêlent à l'iconographie chrétienne : une tête bleue de mante religieuse, le visage face et profil inscrit dans un triangle jaune rappelant Marie-Thérèse, une figure solaire au masque rouge et à la chevelure verte, images possibles de Marie Salomé et de l'apôtre Jean. Une masse verte, éponge imbibée de vinaigre, pierre ou soleil obscurci des Évangiles, fait fuir un oiseau. Par la dislocation brutale des formes et la stridence des couleurs, Picasso concourt à exprimer toute la violence d'un sacrifice primitif. Peinture qui n'est pas sans évoquer les planches de l'« Apocalypse de Saint-Sever » de Beatus de Liébana, manuscrit enluminé du XIe siècle aux images frappantes par leur violence et leurs couleurs stridentes, qui furent publiées dans la revue « Documents » animée par Georges Bataille (n° 2, mai 1929).

Source : Musée Picasso