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Les disques dans la ville

1920

Les disques dans la ville
Fernand Léger, 1920
Huile sur toile, 130 x 162 cm
Paris, Musée National d'art moderne

Dès sa démobilisation qui devient effective à l’été 1918, Léger peint des tableaux de grand format qui donnent à voir la ville moderne, une ville qui lui a tant manqué pendant ses années au Front et qu’il pense pouvoir aborder avec un regard nouveau. « Ne t’étonne pas que j’aie l’irrésistible désir de la revoir et de la regarder. Il faut être ici pour l’apprécier », écrivait-il depuis les tranchées à propos de Paris à son ami Poughon (lettre du 12 août 1915).

La ville qu’il peint est une ville entièrement moderne, avec des couleurs vives, de la lumière, des lettres et des signes échappés d’affiches et de panneaux de circulation. Selon son ami Cendrars (témoignage dans Arts et Spectacles, 1954), cette vision de la ville lui viendrait de sa fréquentation de la place Clichy, quartier alors en plein essor : « Neuf fois sur dix, on avait rendez-vous place Clichy et je ne sais pas pourquoi la place Clichy tout entière était garnie d’échafaudages. On refaisait tout, le Wepler notamment. Partout il y avait des affiches. Léger regardait cela et je crois que c’est là qu’est née sa période mécanique avec ces maisons, ces affiches, ces symboles typographiques. »

En 1918, Léger peint Les Disques dans la ville (Musée d’art moderne de la Ville de Paris), où le disque est traité pour lui-même et le rythme qu’il insuffle à la toile. Puis, en 1919, il réalise La Ville (Philadelphia Museum of Art), une composition où les aplats de couleur se mêlent à des représentations d’affiches et d’éléments architecturaux. Les Disques dans la ville, de 1920, sont une synthèse de ces deux précédentes toiles : les disques transmettent leur dynamisme à la ville comme les engrenages d’une machine. Ce tableau est un hymne à la modernité caractérisée par un foisonnement de stimulations sensorielles. Quelques années plus tard, en 1922, Léger reviendra, d’une manière différente, sur le dynamisme du disque dans la ville avec un article de critique cinématographique consacré à La Roue d’Abel Gance, « La Roue, sa valeur plastique », qui posera les jalons de sa propre œuvre filmique à venir.

Vanessa Morisset Centre Pompidou.