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La jeune mariée mise à nue...

1923

La Jeune mariée mise à nue par ses célibataires, même (Le Grand Verre)
Marcel Duchamp, 1915-23
Huile, feuille de plomb, fil de plomb, poussière et vernis sur deux plaques de verre (brisées), chacune d'elles montées entre deux autres palques de verre avec cinq fils de verre très fins, de la feuille d'aluminium et un cadre en bois et acier, 272,5 x 175,8 cm
Philadelphia Museum of Art, Collection Louise et Walter Arensber

Sûrement un des objets d'art les plus énigmatiques de l'histoire. Au Musée de Philadelphie qui rassemble la collection de Louise et Walter Arensberg, Le Grand Verre domine une galerie consacrée au travail de Marcel Duchamp et se trouve à l'emplacement exact dans lequel celui-ci l'a placé en 1954.

Minutieusement exécuté sur deux panneaux de verre avec des matériaux peu conventionnels comme une feuille de métal, un fil à fusible et de la poussière, l'apparition du Verre est le résultat d'une combinaison extraordinaire de procédures fortuites, à partir d'études prospectives très poussées.

Quant à son aspect métaphysique, les volumineuses notes préparatoires de Duchamp, publiées en 1934, révèlent que son travail est destiné à faire le diagramme du progrès irrégulier de la rencontre entre "la Jeune mariée", dans le panneau supérieur et ses neuf "célibataires" réunis timidement au-dessous parmi une profusion d'appareil mécanique mystérieux.

Le schéma du grand verre est censé décrire le fonctionnement de l'œuvre réputée la plus riche et la plus troublante de notre siècle. Quelques éléments essentiels ont fait l'objet de travaux préparatoires (le passage de la vierge à la mariée, 1912, mariée, 1912, Broyeuse de chocolat n°2, 1914, Neuf moules mâliques 1915, Glissière contenant un moulin à eau en métaux voisins, 1915), mais l'errance du spectateur à travers le verre est, par définition, sans fin.

Selon Duchamp, cette œuvre est démonstrative et ne saurait donc appartenir à la "peinture rétinienne" qu'il a en horreur. Outre la peinture proprement dite, il y a utilisé des fils de plomb et de la poussière qu'il a laissé se poser sur l'œuvre pendant des mois, avant de l'enlever, sauf sur les sept cônes du tamis, où elle a été fixée au vernis. Pour ce qui est des "pistons de la voie lactée" -expansion et réceptacle à al fois de la Mariée- il a reporté les profils photographiés d'une gaze carrée soumise à un courant d'air.

Le grand verre est un engin parodique (Duchamp songeait aux stands forains où l'on tire sur des personnages de noce), mais aussi un "tableau" littéralement bouleversant qui dépasse tout ce que l'on croyait savoir jusque-là sur la peinture

Exposé seulement une fois (en 1926, au Musée de Brooklyn) avant qu'il n'ait été accidentellement fragilisée lors d’un transport en 1936, et laborieusement réparé par l'artiste, le Grand verre a rejoint la collection du Musée de Philadelphie en 1953. Il est progressivement devenu le sujet d'une littérature savante énorme et l'objet de pèlerinages pour des visiteurs innombrables pour qui il a contribué à la liberté de l'esprit et à la redéfinition de ce que peut-être une oeuvre d'art.

Le grand verre exposé en 1926, réparé chez Katherine Dreier et installé définitivement au musée de Philadelphie

Le Grand Verre a donné lieu à quatre répliques. La première, réalisée par Ulf Linde (1961), a été signée « copie conforme » par l’artiste.