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(1870-1943)
Nabis
La visitation (visite de Marie à Elisabeth) 1894 St Pétersbourg, l'Ermitage
Le bois sacré 1897 St Pétersbourg, l'Ermitage
Soir de septembre, plage de Trestrignel 1911 Brest, musée des Beaux-Arts


Après des études au lycée Condorcet où il rencontre Édouard Vuillard, Paul Sérusier et Ker-Xavier Roussel, Denis se forme au Louvre où les œuvres de Fra Angelico déterminent sa vocation de peintre chrétien, marquée ensuite par la découverte de Pierre Puvis de Chavannes. Il étudie simultanément à l’École des beaux-arts et à l’Académie Julian en 1888 mais il quitte rapidement la première, la jugeant trop académique. Il rencontre cette même année Paul Sérusier qui lui offre un tableau, le Talisman. Il fonde avec ce dernier l’école des Nabis et en devient le théoricien. Détachés ou non du christianisme, les Nabis cherchent des voies spirituelles au contact de philosophies et de doctrines teintées d’Orient, d’Orphisme et d’Ésotérisme. En 1892, au Salon des Indépendants, à vingt-deux ans, il présente un tableau énigmatique Mystère (Matin) de Pâques signé en bas à droite du monogramme « Maud » qui ajoute encore au mystère de l’œuvre.

En 1889, il découvre lors de l’exposition universelle la peinture de Paul Gauguin dont l’influence sera déterminante pour la suite de son œuvre. Il acquiert d’ailleurs l’une de ses peintures en 1903, L’autoportrait au Christ jaune.

Entre-temps, il a rencontré en 1890 Marthe Meurier. Elle sera d'abord son modèle dans de nombreux tableaux et puis il l'épouse un an plus tard. Il déclare cette année là, dans un article dans la revue Art et Critique définissant ce qu'il appelle le néo-traditionnisme, la formule suivante, restée célèbre comme la profession de foi de l'esthétique nabie : "Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées." Par delà l'œuvre de Denis, cette phrase a été retenue comme l'une des premières définitions de l'art moderne à la recherche d'une émancipation de la peinture par rapport à la représentation mimétique.

A partir de 1890, il revient à un art plus décoratif, peignant de grands panneaux pour les habitations de plusieurs mécènes, dont la maison de Gabriel Thomas. En 1891, il fait la connaissance de Henry Lerolle qui lui achète un premier tableau et lui commandera un plafond, puis le reçoit chez lui où le jeune peintre rencontre le musicien Ernest Chausson qui lui commandera trois plafonds pour son hôtel particulier du Boulevard de Courcelles, et Arthur Fontaine, collectionneur, ainsi que Denys Cochin qui lui commandera La Légende de saint Hubert. Puis Henry Lerolle le présente à Paul Durand-Ruel, le fameux galeriste. Le jeune artiste nabi est lancé. Il entreprend une correspondance avec Jacques-Émile Blanche.

Il achève en 1897 La Légende de saint Hubert sur sept panneaux. Mais, dès 1892, Maurice Denis a délaissé une iconographie traditionnelle pour des symboles plus personnels. Il est fortement inspiré par la poésie symboliste et la poésie épique du Moyen Âge. Il introduit l’image de la femme dans des jardins paradisiaques dans lesquels les nuances et la pâleur des tons viennent révéler l’atmosphère rêveuse des lieux. Il prend souvent sa femme Marthe pour modèle féminin dans ses tableaux. Il découvre l’Italie, sa patrie de cœur, en compagnie de sa femme et d'Ernest Chausson, chez qui il loge à Fiesole. Il y peint une série de paysages et y fera dix voyages. Son style évolue progressivement, le peintre introduisant un certain modelé ainsi qu’une perspective du décor, retrouvant une tradition classique, dont témoigne, par exemple, Figures dans un paysage de printemps (1897).

À partir de 1898, il aborde le thème des "Baigneuses" au cours de plusieurs séjours à Perros-Guirec en Bretagne où il achète la villa Silencio. Dans la décennie 1900, il fait partie, avec Lucien Simon, Edmond Aman-Jean, André Dauchez, George Desvallières, Charles Cottet d'un groupe de jeunes peintres surnommé "Bande noire" par les critiques d'art car ils rejettent les toiles claires des impressionnistes. En 1906 il voyage avec Ker-Xavier Roussel en Provence et sur la côte, où la lumière des bords de mer lui permet d’exalter les couleurs et de souligner la violence qui émane souvent de ces légendes.

À cette époque, Denis rencontre le graveur Jacques Beltrand ; les deux hommes se lient d'amitié et Beltrand devient, secondé par ses frères Camille et Georges, l'interprète exclusif du peintre, gravant pour lui nombre de ses œuvres sur bois. Jusqu'à la mort de Denis, ce sont un total de 23 livres qui seront illustrés.

Maurice Denis réside une grande partie de sa vie à Saint-Germain-en-Laye, utilisant les locaux d’un vieil hôpital appartenant à la paroisse. Il y construit un atelier en 1912 et devient propriétaire des lieux, qu’il renomme Prieuré , à partir de 1914. Son succès est alors international, il est au sommet de son ascension sociale.

La guerre et la mort de sa femme, le 22 août 1919, après de nombreuses années de maladie, renforcent son action pour un art chrétien. Il se consacre alors à la décoration de la chapelle de son prieuré par des fresques murales, la conception des vitraux, du mobilier, le tout sur le thème de sainte Marthe. Bien qu'inachevée, elle est inaugurée le 25 mars 1922. Elle servira à plusieurs reprises pour des cérémonies religieuses puisque le peintre y mariera plusieurs de ses enfants. Il épouse en secondes noces, cette même année, Elisabeth Graterolle.

Il enseigne à l’Académie Ranson de 1908 à 1921. Il fonde en 1919 les Ateliers d'art sacré avec George Desvallières, formant toute une génération de jeunes peintres. Sa reconnaissance officielle atteint son apogée après la fin de la première Guerre mondiale et plusieurs expositions rétrospectives montrent son travail (Biennale de Venise en 1922, Pavillon de Marsan à Paris en 1924.

Il dispose de plusieurs mécènes et Étienne Moreau-Nélaton acquiert l’une de ses œuvres, Amour, Foi, Espérance (1916) que ce dernier donne au musée du Louvre (maintenant au musée d'Orsay) en 1919 pour commémorer le décès de son fils, mort pour la France en 1918. Catholique, membre du Tiers-Ordre dominicain, tout en s'estimant proche de l'esprit franciscain, il interprète des thèmes empreints de tendresse.

Politiquement, Maurice Denis est proche de l'Action française, mouvement royaliste, qu'il quitte après la condamnation du mouvement par Rome. En 1941, il est nommé, avec Beltrand, membre du Comité d'organisation professionnelle des arts graphiques et plastiques. Il décéde en 1943.