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Triptyque 1967

1967

Triptych inspired by T.S Eliot’s poem, Sweeney Agonistes
Francis Bacon, 1967
Huile et pastel sur toile, chaque panneau : 198 × 147
Washington, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden

Au début de Sweeney Agonistes, le catholique T. S. Eliot cite saint Jean de la Croix : "Par conséquent, l'âme ne peut jouir de l'union divine avant de s'être dépouillé de l'amour des créatures". L'ironie de l'auteur se révèle dans la suite qui oppose Sweeney, le représentant d'une humanité "sensuelle, terre à terre, avilie et débauchée" à un groupe de personnes qui consacrent leur vie à discuter des mérites sociaux relatifs des êtres créés.

Dans l'histoire personnelle de Bacon, ce triptyque renvoie à l'époque où il vivait une relation triangulaire tendue avec l'écrivain Roy de Maistre (qui lui a fait connaître la poésie d'Eliot) et l'écrivain Patrick White. Sur le volet gauche, les amants masculins paraissent inconscient de la présence d'un tiers qui sort par la droite du tableau. Sur le volet droit - en une inversion chronologique forcée-, le même tiers observe l'acte sexuel tout en poursuivant une conversation téléphonique, où il parle comme le suggère le poème en vers d'Eliot, de "naissance,de copulation et de mort". Dans le panneau central, la figure ensanglantée de Sweeney titube dans un espace clos, se dépouillant progressivement de ses vêtements. Comme l'écrit Eliot en écho à Samson Agonistes de John Milton, "quand on est aussi seul que lui, on n'est ni vivant ni mort"