(1404-1472)
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Première Renaissance |
C'est une des figures les plus importantes de la Renaissance, grand écrivain et philosophe, en latin comme en toscan, théoricien de la perspective mathématique et plus généralement des arts.
Façade de Santa Maria Novella | 1425 | Florence, Santa Maria Novella |
Second fils naturel de Lorenzo di Benedetto Alberti, patricien de Florence, et de Biancha Fieschi, Leon Battista est né le 14 février 1404 à Gênes, en Ligurie, où son père s'était réfugié après un décret de proscription rendu contre sa famille. Le jeune homme étudia dans le nord de l'Italie, à Venise, à Padoue puis à Bologne. Il y étudia le latin et le grec, ainsi que le droit (il obtint en 1428 le titre de laureato en droit canonique), mais entreprit aussi des études de physique et de mathématique dont témoignent ses écrits scientifiques ultérieurs. À vingt-quatre ans, il put retourner à Florence, où avait été levé l'avis de bannissement pris à l'encontre de sa famille.
Probablement grâce à l'aide de certains de ses parents (en particulier le prélat Alberto degli Alberti et Francesco d'Altobianco), il devint, à Rome en 1432, un " abréviateur apostolique" au service des papes Eugène IV et Nicolas V. C'est là que naquit son intérêt pour le classicisme. Il vécut à Florence et dans les villes du centre de l'Italie (en suivant les déplacements du pape Eugène IV) pendant une dizaine d'années. Pendant cette période, il tente en particulier de promouvoir la littérature en langue vernaculaire (c'est-à-dire le toscan). L'échec de ce combat, en particulier à Florence, le pousse vers d'autres territoires, et particulièrement vers des travaux de génie et vers l'architecture.
Revenant à Rome, il écrivit la Descriptio Urbis Romae, premier plan « scientifique » d'une ville (probablement dans le but de retrouver le tracé de l'aqueduc de l'Acqua Vergine). À partir de l'art de l'antiquité, il élabora la théorie de la beauté en tant qu'harmonie, exprimable mathématiquement dans ses parties et son tout ; ainsi, la base de la projection architecturale se trouve dans la « proportionnalité » des édifices romains. Cette vision harmonique est présente dans toutes ses œuvres.
En 1434 il arriva à Florence et découvrit, dans l'art de Brunelleschi, Masaccio et Donatello, l'affirmation de ses propres principes. Tout en étant un profond admirateur de la langue latine, Alberti est très tôt persuadé qu'il serait vain de vouloir la ressusciter. C'est ainsi qu'il organise à Florence, en 1441, un concours de poésie en langue vulgaire : le certame coronario, qui était destiné à renforcer le prestige de l'italien.
Vers la fin de sa vie, Leon Battista Alberti ne quittait plus Rome que pour de rares et courts séjours à Florence et à Mantoue. Une fois les plans et dessins d'un monument donnés, il ne restait pas sur le chantier et confiait à d'autres la surveillance et la conduite des travaux.
À Florence, le palais Rucellai, dans la via della Vigna, fut commencé en 1455 (aujourd'hui siège du Musée Alinari). Sa façade est une structure géométrique pure divisée par des pilastres doriques, ioniques et corinthiens. Pour le très élégant petit Temple du Saint Sépulcre (1467), dans la chapelle Rucellai près de San Pancrazio (aujourd'hui siège du Musée Marino Marini), il reprit les proportions du Saint Sépulcre de Jérusalem. La même année, il fut chargé par Marchese Ludovico Gonzaga de réaliser la tribune de SS. Annunziata. Il compléta ensuite la façade de la basilique Santa Maria Novella (1470) sur une commande de la famille Rucellai, en recouvrant de marbre la partie supérieure et le portail majeur, mais surtout en couronnant l'ensemble d'un tympan triangulaire classique et en rajoutant deux volutes marquetées aux côtés cachant ainsi les toits inclinés des nefs latérales.
Toutefois, c'est ailleurs qu'il a développé la majeure partie de son activité dans le domaine architectural. À Rome, il a été employé par le pape Nicolas V dans la restauration du palais papal et dans celle de l'aqueduc romain de Acqua Vergine qui débouchait dans un simple bassin dessiné par Alberti ; lequel sera, plus tard, remplacé par la fontaine de Trevi. Il restaure également les églises de Santo Stefano Rotondo et de Santa Maria Maggiore. À Rimini, il construit le temple Malatesta (1447-1460), véritable manifeste du classicisme de la Renaissance, dans le pur respect d'une église gothique qui avait préalablement existé. Enfin, à Mantoue, il laissa la « somme » de sa pensée architecturale dans les églises San Sebastiano (1460) et Sant'Andrea (1470) et anticipe ainsi les plans typiques des églises de la Contre-Réforme.
Il a écrit un ouvrage sur l'architecture, De re aedificatoria (L'Art d'édifier) composé vers 1450, mais publié après sa mort en 1485. Alberti, dont les conceptions architecturales sont imprégnées d'harmonies et de rapports, s'inspire des conceptions musicales des anciens. Dans les cinquième et sixième chapitres, il y explique que les conditions de la beauté reposent aussi sur l’utilisation de certains rapports musicaux agréables à l’oreille : l’octave (1/2), la quinte (2/3), la quarte (3/4). Ce livre esttraduit en italien, français, espagnol et anglais durant le XVIIIe siècle. . Dans cet ouvrage, Alberti proposait de nouvelles méthodes de fortification qui sont devenues classiques pour les villes à l'époque de l'artillerie et des sièges de plusieurs dizaines d'années..
Il écrit pendant la même période De pictura (1436, dédié à Brunelleschi) et le De statua (1464).