Au XIXe siècle, les usines Schneider au Creusot sont les plus grandes de France. Pendant trente ans – de 1871 à 1899 –, la paix sociale y est solidement établie, facilitée tout à la fois par la croissance soutenue, le calme des ouvriers satisfaits d’appartenir à une grande entreprise à la pointe du progrès et par le paternalisme des dirigeants soucieux du niveau de vie de leurs « employés » et de leur formation professionnelle.
Cependant en 1898, toute une série de changements entraîne un bouleversement de la situation : les radicaux gagnent les élections de mai ; Eugène II Schneider, nouveau patron trop absorbé par ses tâches parisiennes, accède à la tête de l’entreprise ; l’afflux des commandes entraîne une accélération des cadences de travail et, aussi, des profits dont les ouvriers sont irrités de ne rien percevoir. La question de la création d’un syndicat est à l’ordre du jour.
De mai 1899 à juillet 1900, les usines du Creusot connaissent plusieurs grèves, notamment entre le 31 mai et le 2 juin puis entre le 20 septembre et le 1er octobre. Le 24 septembre 1899 a lieu une grande manifestation réunissant plus de 7 000 personnes, au cours de laquelle les Creusotins remercient leurs voisins de Montchanin pour leur soutien.