Accueil Partie beaux-arts Histoire de l'art Les peintres Les musées Les expositions Thèmes picturaux

Le compte-rendu qui suit est rédigé par Anne Roué après avoir assisté, le mardi 18 octobre 2022 à l'école supérieure d'arts et médias de Caen, à la conférence "Est-il (encore) nécessaire de présenter des expositions d’artistes femmes ?", première des quatre conférences Artistes femmes. Les outsiders de l’art. Récits et contre-narrations par Géraldine Gourbe, philosophe, critique et commissaire d’art.

1er partie de la conférence :

Géraldine Gourbe se présente comme une “habitante en contradiction” qui s'intéresse aux “Outsiders de l'Art”: artistes internés psychiatriques, “spirits”, queer, LGBT, racisés, marginaux.... et comme une “agitée à rebours par des contradictions, injections, contradictions” qui sucitent des polémiques.

Géraldine Gourbe s'appuie sur les écrits critiques de Magali Lesauvage et Roxana Azimi  dans Le Quotidien De L'Art (juin 2021), dans le contexte de présentation d'expositions  en 2021 qui font débat, comme quoi il y a un surplus d'expositions de femmes, les inaugurations coïncidant avec la fin du confinement, produisant de la redondance, une abondance programmée.

1: Au Musée du Luxembourg (Martine Lacas) : Peintres femmes 1780-1830. Naissance d'un combat. Constat que beaucoup de femmes artistes avaient pignon sur rue avant la révolution, et qu'après la révolution, elles deviennent invisibles. La révolution française n'a pas apporté de statut aux femmes. Ainsi Elisabeth Vigée Lebrun (1755-1842) a acquis très progressivement une reconnaissance. Elle s'est légitimisée en acceptant de peindre les académiciens de l'Académie royale. Ainsi Adelaïde Labille-Guiard (1749-1830) a osé se représenter dans son atelier en train de peindre, a osé enseigner la peinture à d'autres femmes. Géraldine Gourbe en conclut qu'il y a donc eu une émancipation des femmes avant 1791.

2: “Elles font l'abstraction” au centre Pompidou : La conservatrice, Christine Macel, commissaire génerale de l'exposition, présente “une autre histoire de l'abstraction” : Relecture inédite de cette histoire depuis ses origines jusqu'en 1980. On a vu, présenté l'abstraction par la peinture, mais si on on revoit ce “canon” en augmentant les sources d'art (textile, papier peint, danse, photographie, arts performatifs, on remarque des formes au départ de l'abstraction. Ne pas opposer art à l'art déco, l'art noble à l'art mineur. N.B : suite à cette exposition, Christine Macel est devenue directrice des Arts Décoratifs à Paris.

3: “Les Amazones du Pop” au MAMAC Nice. Géraldine Gourbe et Hélène Guénin retracent l'histoire de femmes artistes européennes et nord-américaines qui ont contribué au “pop”. Objet de l'exposition: mettre en valeur les 30 ans du MAMAC (où 98%des oeuvres pop sont faites par des hommes blancs , surtout USA et Londres). faire un pendant au constat ci-dessus. Recherches, menant à des découvertes d'oeuvres innombrables, mais on sait que c'est encore peu par rapport à ce qui aurait pu être collectionné.

Apports de collectionneurs privés. Présentation d'oeuvres politiques, de femmes grecques, portugaises, espagnoles. Ecriture d'une “histoire europeenne du pop art”, liée à la colonisation.

Géraldine Gourbe conclut qu'il y a donc DES histoires de l'Art et non une seule. Les thèmes peuvent être différents, les techniques également : utilisation de spray, peinture carrosserie  automobile, technique de fumigation …


Artistes citées : Judy Chicago, Kiki Kogelnik, Niki de Saint-Phalle, Pauline Boty (portrait de M. Monroe triste), Elaine Sturtevant (qui a intégré une façon de peindre à la Warhol).

Conclusion de Géraldine Gourbe : Il ne faut pas écouter la question "Est-il (encore) nécessaire de présenter des expositions d’artistes femmes ?". Y répondre c'est se soumettre. Il faut faire apparaitre autrement DES histoires qui sont aussi les nôtres. La contre-narration, c'est proposer des récits qui donnent du poil à gratter, d'autres réflexions

Géraldine Gourbe qui n'est pas historienne de l'art mais qui vient de l'esthétique veut favoriser des prises de conscience, d'autres types de formations, des usages populaires, en posant les questions d'énonciation : par quel contexte, génèse, cela a-t-il été produit ?

N.B Lucy Lippard a été la première en 1964 à défendre le pop art, mais il n'est plus enseigné comme elle le faisait. Elle affirmait que c'était une avant-garde.

2e partie de la conférence :

Art et féminisme, anthologie et approche englobante. On peut faire l'anthologie, lister les artistes Géraldine Gourbe nous montre une approche englobante: photo de la revue PHAIDON ( auteures: Hélena Reckitt et Peggy Phelan) Cela a été très commercialisé. Leur analyse de la période féministe (60-80) a permis d'englober, mais par contre a masqué les contiguités (différences, origines,..). Il y a eu ensuite une période post-féministe (fin années 70, 80) qui est loin d'être achevée en ce début de 21e siècle. Ces deux auteures pensent que contrairement à ce qu'on pensait dans la première période, certains nouveaux droits acquis peuvent devenir réversibles.

Art et féminisme, une approche égalitaire. Exemple : les Guerilla girls qui ont voulu se réapproprier le “Fucking World” , provoquent avec des vêtements de gorilles.
cf “The advantages of being a woman artist”
cf “Do women have to be naked to get into the Met Museum?”
Approche limitée de l'égalité car elles posent seulement des questions sur leur visibilité,  et n'en posent pas sur les sujets traités, les prix...

Art et féminisme : une révolution épistémologique. cf Linda Nochlin= WA : women artists in action. Ce mouvement milite pour que les femmes soient davantage exposées dans les musées. Linda Nochlin pense également qu'il ne faut pas répondre à la question (Q?) mais qu'il faut poser en amont comment on écrit l'histoire de l'art . Il faut faire une révolution féminisme, faire en sorte que ce qui a été écrit soit réformé . On doit s'en prendre au point de vue de l'historien de l'art.

Anne Roué, le 22 octobre 2022.

Retour à la page d'accueil de la section Beaux-Arts