Accueil Partie beaux-arts Histoire de l'art Les peintres Les musées Les expositions Thèmes picturaux

Compte-rendu : série "Les foyers de la création : Jacques Deschamps Assise vers 1300" (Arte 1ère diffusion 23/11/2002)

Au début du XIII, Rome n'a plus rien d'un empire. Les villes et régions italiennes sont partagées entre citées guelfes, partisanes du pape, et gibelines, liées à l'empereur d'Allemagne. La puissance est en France avec les cathédrales gothiques. Dans les églises italiennes, le christ est pantocratore, tout puissant, il préside au jugement dernier. Les épreuves des saints disent le mal qu'il faut pour s'élever, pour gagner le firmament. Venise, Gênes ou Pise s'enrichissent du commerce et des croisades. Florence et Sienne développent le système bancaire. Leurs architectures placent la piazza au cœur de la cité, lieu d'échanges entre citoyens.

Cette soudaine prospérité entraîne l'inquiétude : l'aspiration à la pauvreté se répand. Les marchands enrichis qui abandonnent leurs richessess se melent aux Cathares pour ébranler l'église. En 1209 est organisée la croisade contre les Cathares, les parfaits. L'Eglise trouve sont appui le plus précieux en François d'Assise, un fils de marchand épris de chevalerie et de poésie qui va prêcher la pauvreté. Le poverello d'Assise marque la mutation de la pensée. Ce bouleversement s'accompagne d'un bouleversement de la représentation à Assise entre 1290 et 1320. Premiers actes de la peinture moderne avec Cimabue et Giotto.

François reçoit l'appel de Dieu dans une chapelle face à un crucifix. Le christ lui a ordonné de réparer son église. François crée une communauté et se met à faire des prêches itinérants. François soumet son ordre au pape qui se montre réticent mais Innocent III fait un rêve où il voit son église, saint Jean de Latran, penchée prête à s'écrouler, soutenue par l'épaule d'un religieux, François d'Assise. Le pape lui donne son accord ; ainsi naît l'ordre franciscain. Les frères mineurs deviennent de plus en plus nombreux. A la fin de sa vie, François écrit Le cantique du soleil (ou Le cantique des créatures) dans lequel il exhorte à voir dans tous les êtres de la nature la présence du créateur. Il s'attaque aux bases même du catharisme en réconciliant ainsi l'esprit et la matière. Lorsqu'il meurt en 1226, on découvre que son cops porte des stigmates comme le christ. Il est canonisé deux ans plus tard.

Une basilique est aussitôt mise en chantier, un corps de bâtiment double superposant deux églises, l'une inférieure abritera sous une crypte sombre la dépouille du saint, l'autre rendra compte dans la clarté de sa nef de la toute puissance de l'église, de l'autorité du pape. Les deux nefs portent sur leurs parois la représentation en images de la vie exemplaire de saint Francois située dans le contexte de l'ancien et du nouveau testament. Saint François est le premier cas de stigmatisation aussi le thème et l'iconographie était en pleine évolution. Voici Séraphin, c'est l'ange le plus proche de Dieu. Il symbolise la charité et l'amour. De même les six ailes des séraphins représentent la flamme de l'amour. Sur cette fresque cette représentation archaïque de la stigmatisation de saint François : il y a un séraphin : il a le visage d'un ange (sans la barbe) par le sujet ce séraphin deviendra jésus crucifié. C'est donc Jésus crucifié avec les six ailes du séraphin qu'on trouve dans les représentations ultérieures.

Les premières figurations du saint dans la basilique inférieure sont dues à un peintre appelé le maître de saint François, il a du intervenir vers 1260 à la demande du pape Alexandre IV neveu de Grégoire IX, celui qui avait canonisé saint François. Le peintre avec sa manière encore orientale représente en vis a vis de cinq scènes de la vie de saint François cinq scène de la passion du Christ. Le parallèle entre la souffrance de Jésus sur la croix et les actes simples du Poverello aussi appelé Alter Christus, l'autre christ illustre le débat théologique difficile qui agite le clergé d'alors. En 1204, en Calabre est mort un moine cistercien Joaquim de Flore qui avait écrit un livre dans lequel il commentait l'Apocalypse. Il soutenait que le jour du jugement dernier serait précédé par uen époque, l'âge de l'esprit qui débuterait avec l'apparition d'un homme marqué par les stigmates, c'est à dire les signes du dieu vivant ; il commentait là un passage connu de l'apocalypse où il est dit que le retour de jésus christ sur terre serait précédé par l'apparition d'un ange, l'Alter Christus, un ange avec les stigmates sur les mains. Quand les frères, à la mort de saint François, en lavant son corps ont trouvé ces signes mystérieux sur ces mains et sur ses pieds, ils se sont écriés c'est lui l'ange du sixième sceau. Ils n'ont fait qu'appliquer ce célèbre commentaire de Joaquim de Flore au miracle qui se déroulait sous leurs yeux. Bien sur les autres ordres religieux n'y ont pas cru alors Grégoire IX et Alexandre IV sont intervenus. Cette scène du maître de saint François représentant la mort de saint François est inspiré d'une lettre du pape Alexandre IV où il écrit qu'il était présent à la mort de saint François et qu'il a vu les stigmates sur ses mains et sur ses pieds. C'est à travers les images et l'art que les franciscains ont diffusé ce fait nouveau qu'ils jugeaient extraordinaire. Tandis que d'autres y voyaient une hérésie car seul le christ avait été marqué par ces signes.

Du vivant de saint François les autorités pontificales craignaient cet homme qui passait pour un nouveau prophète. Qu'il acquière, une fois mort, la dimension d'un autre christ comme le désirait le courant franciscains des spirituels menaçait les fondations de l'église. Les stigmates de saint François posaient un énorme problème et le choix de Bonaventure comme ministre général a été un compromis. Bonaventure est appelé pour empêcher l'ordre de sortir de l'orthodoxie, il a réécrit la vie de saint François en commençant par dire que saint François était l'Alter Christus, qu'il portait sur son corps les signes du dieu vivant. Mais Bonaventure a aussi mis en évidence l'unicité de saint François en en faisant un modèle inimitable alors que pour les spirituels saint François restait un modèle imitable. Il n'est pas seulement l'Alter Christus mais aussi un modèle qu'on pouvait suivre. Bonaventure a transformé ce mouvement en un mouvement de clerc, il a cléricalisé l'ordre franciscain. Il réécrit les règles de vie de son ordre. Pour rester fidèle à l'esprit de pauvreté, il précise que les églises franciscaines doivent éviter les excès de décoration tels que tableaux et sculptures. Mais ce lieu franciscain par excellence, par ce qu'il a été placé des l'origine sous la seule autorité pontificale, n'est pas soumis à la règle d'austérité édicté par Bonevature. Les papes qui se succèdent à la tête de l'église à la fin du XIII vont convoquer dans la basilique supérieure d'Assise les plus grands peintres pour conforter et magnifier l'autorité de l'église. L'art religieux devient scénique, il propose pour la première fois de manière aussi convaincante la diffusion d'une parole par les images. C'est probablement Nicolas IV, le premier franciscain à devenir pape qui fit appel, vers 1290, au florentin Cimabue pour décorer le cœur et les transepts de l'église supérieure.

A gauches corps inexistants drapés dans leur vêtement rigides à la manière byzantine avec une grosse tête et, à coté de cette rigidité, le corps de la Madeleine en mouvement, l'explosion du sentiment de la Madeleine. Son corps ne fait plus qu'un avec celui de Jésus avec sa courbure très accentuée. Et els anges en pleurs qui tournoient autour du Christ crucifié. La fresque, bien conservé, apparaît néanmoins comme un négatif très abîmé cela est du à une technique imparfaite il a beaucoup utilisé le blanc de céruse un hydroxyde de plomb qui s'est altéré avec le temps et a noirci. Donc toutes les couleurs, le vert le rouge, le bleu où il a utilisé ce blanc se sont altérées avec le temps et ont noirci. Cimabue s'arrête au transept et d'autres ateliers prennent le relais. Pendant un temps, plusieurs ateliers collaborent ; dans la partie haute de la nef on distingue plusieurs mains. On voit des ateliers romains, s'ils connaissaient la perspective ils ne l'utilisaient pas. Puis on voit dans la troisième travée à gauche une peinture insolite, belle, on ignore l'auteur, on l'appelle Le Maître d'Isaac (Giotto jeune ?) car cette peinture retrace l'histoire d'Isaac. Dans la dernière travée les 4 voûtes figurent les docteurs de l'église. Giotto travaille donc avec d'autres ateliers. Le commanditaire choisit Giotto pour ce cycle le plus important : les 28 scènes de la vie de saint François. Giotto copie un peu les ateliers romains.

Peintre applique la couleur quand l'enduit est encore frais afin que la couleur sèche en même temps que l'enduit et, par un phénomène chimique de carbonisation ca durcit. C'est la technique la plus résistante qui existe, les fresques sont intactes aujourd'hui

Chaque fresque a sa propre didescali. Un poème composé de strophe. Chaque tercet a un dénominateur commun. Dans le premier c'est le manteau, le vêtement comme symbole de prestige. Dans le deuxième saint François converti en trois scènes. Dans la scène centrale, on voit la main de Dieu qui bénit saint François. Saint François ne regarde pas le père terrestre qui le menace, il regarde en l'air la main de Dieu qui le bénit. Dans les trois scènes, le visage est tourné vers cette main. C'est donc elle qui réunit ces trois scènes qui n'en font qu'une. Saint François n'est pas guidé par la main du père terrestre mais par la main de Dieu. Représentation familière et naïve du surnaturel
La prédication aux oiseaux ; cycle où saint François parle avec Dieu en prière. Il parle avec les hommes de son époque (sultans d'Egypte, les papes, ses frères), il parle aussi aux animaux, aux oiseaux. Ce sont ses frères et ses sœurs. Les peintres observent la lune, l'eau, l'air, les animaux mais aussi la mort ; sœur la mort.
Les franciscains sont mis à contribution pour conter l'hérésie mais ils sont aussi confrontés à la pensée rationnelle d'Aristote traduite à l'époque. Contrairement au dominicain saint Thomas d'Aquin qui se place très vite sur le terrain de la raison pure, le franciscain refuse de dissocier philosophie et théologie. L'homme ne serait se passer de Dieu pour connaître le vrai. Sachant que toutes les créatures sont des imitations de Dieu, leurs propriétés fondamentales et les relations de ces propriétés entres elles peuvent nous permettent de connaître celles de dieu. La science est nécessaire pour atteindre la contemplation extatique terme ultime de la connaissance. Dans les universités de Paris surtout d'Oxford, les franciscains passent de l'étude de la symbolique de la lumière à celle de la physique de la lumière, de l'optique et de la perspective. Ils développent un système qui met en avant la vision. Les yeux sont considérés comme al porte du cœur, l'image est bientôt tenue comme un véhicule plus persuasif que la lecture de la bible ou même que son audition.
Le corps humain dans son volume de face ou de dos la figure humaine représentée à 360° alors que dans l'art byzantin toutes les figures sont frontales, hiératiquement frontales, l'observateur est convoqué dans le tableau.

Dans sa prison, trace des appareils en fer qui empêchent le prisonnier de s'enfuir ; faux hérétique, L'évêque se repent de l'avoir condamné
Dante ami de Giotto divine comédie amour d'une femme et tourné vers dieu ; espace reconnu par l'église depuis peu, le purgatoire entre l'enfer et le paradis, le temps fait alterner jour et nuit rêve et réalité

Deux artistes siennois, Simone Martini et Pietro Lorrenzetti viennent avec Giotto décorer la basilique inférieure d'Assise. Pietro Lorrenzetti est l'un des premiers à peindre ces ciels nocturnes. Les voûtes célestes sont réalistes La position de la lune est donnée avec précision. La lumière vient d'en haut, renforcé par la lumière d'un feu qui projette des ombres, elle nimbe la passion du Christ d'une pâleur diffuse qui semble atténuer le drame qui se joue, ralentir le déroulement. Lumière vraie des fenêtres, des portes et pas seulement la lumière symbolique. Descente de croix avec marteau tombé, tenailles ressortir les clous du christ. Réalisme des images, interpréter la réalité et non plus figée dans une vérité éternelle a partir de son expérience personnelle partager la passion du christ

Martini en 1315 à Assise peintre de cour (Sienne, Avignon). manière courtoise d'aquitaine et de Provence formes, perspective souples et gracieuses chapelle saint Martin, chapelle Marie Madeleine, ateliers de Giotto, sensualité de Marie Madeleine. Le chantier de l'église inférieure s'interrompt brusquement vers 1320 lorsqu'un prêtre s'empare du pouvoir communal d'Assise et vole le trésor papal déposé dans la basilique. La ville sera excommuniée jusqu'en 1352. Les interventions des autres seront limitées. Assise s'endort pour les six siècles qui suivent.

 

Source : série "Les foyers de la création : Jacques Deschamps Assise vers 1300" (Arte 1ère diffusion 23/11/2002)

Retour à la page d'accueil de la section Beaux-Arts