Divinité composite de l'ancienne Grèce, Dionysos fut assimilé à Bacchus romain. Il était le dieu de la vigne et du vin. Il ne faisait pas partie des douze Olympiens à l'origine mais Hestia lui céda sa place.
Ses surnoms (Nysaeos, Bromios, Dithyrambos, Evios, Bakkhos, Zagreus, Sabazios, Lyaeos, etc.) rappelaient quelque trait de sa vie ou de son culte.
On se le représentait suivi d'un joyeux cortège, où
figuraient les satyres, les silènes, Pan, Priape, les Ménades,
les Thyiades, les Bacchantes, etc.
L'histoire de ce culte est assez complexe car le Dionysos classique offre
deux aspects:
1° c'est un dieu national, champêtre et populaire, le dieu du vin,
et, comme tel, honoré de tout temps en pays grecs;
2° c'est un dieu des extases et des mystères, dieu étranger,
originaire de Thrace et d'Asie Mineure, introduit en Grèce au VIe siècle
avant notre ère.
Il avait des temples dans tous les pays grecs pour ses fêtes, les Dionysies. Le culte de Dionysos a eu, en Grèce, une influence considérable : il a beaucoup contribué à introduire, dans la religion, le sens du mystère ; dans la poésie lyrique, le sentiment de la nature ; dans les arts plastiques, le mouvement passionné. Plusieurs genres littéraires en sont sortis : poésies orphiques, dithyrambe, et tout le théâtre.
Couronné de pampres, tenant le thyrse, la patère ou le canthare
ou encore la grappe de raisin, le ciste mystique, il joue avec une panthère
apprivoisée. Il monte sur celle-ci, sur un bouc ou sur un âne.
D'après la légende la plus accréditée, il était
fils de Zeus et de Sémélé, fille de Cadmos, foudroyée
pour avoir voulu voir son divin amant dans toute sa gloire. L'enfant, dont
l'heure n'était pas venue, fut enfermé quelques mois dans la
cuisse de Zeus, d'où il sortit au jour fixé : aussi disait-on
qu'il était né deux fois.
Dans un autre récit, sur l'ordre d'Héra, les Titans s'emparèrent du fils nouveau-né de Zeus, et le coupèrent en petits morceaux qu'ils firent bouillir dans un chaudron; mais, secouru et reconstitué par sa grand-mère Rhéa, il revint à la vie. Perséphone, à qui Zeus l'avait confié, l'amena au roi Athamas d'Orchomène et sa femme Ino, à qui elle recommanda de l'élever dans le quartier des femmes, déguisé en fille. Mais on ne pouvait tromper Héra et elle punit les époux royaux en les rendant fous.
Hermès le transforma provisoirement en chevreau ou en cerf, et l'offrit
aux nymphes du mont Nysa (Dionysos signifie Zeus de Nysa) Macris, Nysa, Erato,
Bromie et Bacché qui s'occupèrent de lui. En récompense,
Zeus les plaça par la suite parmi les étoiles sous le nom d'Hyades.
Ce fut sur le mont Nysa que Dionysos inventa le vin et c'est à cause
de cela surtout qu'il est vénéré. Lorsqu'il devint un
homme, Héra le reconnut comme étant le fils de Zeus, et elle
le rendit fou. Il parcourut le monde accompagné de son précepteur
Silène et une armée de Satyres et de Ménades déchaînés
(ou Bacchantes chez les romains), dont les armes étaient un bâton
entouré de lierre, surmonté d'une pomme de pin, appelé
thyrse, des épées, des serpents et des rhombes destinés
à semer la terreur.
Il s'embarqua pour l'Egypte et y apporta la vigne; à Pharos, le roi
Protée le reçut de façon très hospitalière.
Parmi les Libyens du delta du Nil, en face de Pharos, vivaient des reines
Amazones à qui Dionysos demanda de marcher avec lui contre les Titans.
La défaite infligée aux Titans et la remise sur le trône
du roi Ammon sont les premiers de ses nombreux succès militaires.
Ensuite, il se tourna vers l'orient, se rendit en Inde et il conquit le pays
tout entier auquel il enseigna l'art de la viticulture; il dota ces régions
de lois et fonda de grandes villes.
Sur le chemin du retour, il eut à combattre les Amazones dont il rejeta
les hordes jusqu'à Ephèse. Certaines d'entre elles s'enfuirent
à Samos; Dionysos les poursuivit sur des navires et il en tua un grand
nombre.
Après cela, Dionysos revint en Europe en passant par la Phrygie où
sa grand-mère Rhéa le purifia des nombreux meurtres qu'il avait
commis pendant sa folie et l'initia aux Mystères.
Il envahit ensuite la Thrace; mais ses hommes n'avaient pas plus tôt
atteint l'embouchure du fleuve Strymon, que Lycurgue, roi des Edoniens, captura
l'armée tout entière sauf Dionysos qui plongea dans la mer et
se réfugia dans la grotte de Thétis.
Rhéa aida les prisonniers à s'échapper et rendit fou
Lycurgue: il tua son propre fils Dryas avec une hache, s'étant imaginé
qu'il était en train d'arracher la vigne, et le sol de Thrace devint
stérile à cause de ce crime atroce. Lorsque Dionysos annonça
que cette stérilité ne cesserait que si Lycurgue était
mis à mort, les Edoniens le conduisirent au mont Pangée, et
là, des chevaux sauvages l'écartelèrent. Dionysos ne
rencontra plus de résistance en Thrace. Il se rendit à Thèbes,
et incita les femmes à se joindre à ses orgies sur le mont Cithéron.
Penthée, roi de Thèbes, à qui déplaisaient les
menées lubriques de Dionysos, l'arrêta ainsi que toutes ses Ménades
mais il perdit la raison et, au lieu d'enchaîner Dionysos, il enchaîna
un taureau. Les Ménades s'échappèrent à nouveau
et, dans un état de frénésie, regagnèrent la montagne.
Penthée essaya de les arrêter mais, surexcitées par le
vin et dans un état de transe religieuse elles lui brisèrent
les membres un à un. Sa mère Agavé les conduisait et
c'est elle qui lui arracha la tête.
A Orchomène, les trois filles de Minyas, nommées Alcathoé
Leucippe et Arsippé, refusèrent de participer aux orgies, bien
que Dionysos lui-même, déguisé en jeune fille, les y eût
invitées.
Alors il se métamorphosa, devenant successivement lion, taureau, panthère
et les rendit folles. Leucippe offrit son fils Hippasos en sacrifice; et les
trois soeurs, après l'avoir mis en pièces, le dévorèrent
puis parcoururent les montagnes dans un état de frénésie
jusqu'à ce qu'enfin Hermès les changeât en oiseaux ( certains
disent en chauves-souris).
Après que toute la Béotie eut reconnu la divinité de
Dionysos, il fit un voyage dans les îles Égéennes, répandant
la joie et la terreur partout où il passait. A Icaria, il s'aperçut
que son navire était en mauvais état et ne pouvait plus tenir
la mer, il en loua un à des marins tyrrhéniens qui se disaient
en partance pour Naxos, mais c'étaient des pirates. Ne sachant pas
qu'ils transportaient un dieu, ils mirent le cap sur l'Asie avec l'intention
à l'arrivée, de le vendre comme esclave. Dionysos fit pousser
sur le pont un cep de vigne qui entoura le mât tandis que du lierre
s'enroulait autour du gréement; il changea les rames en serpents et
lui-même devint lion, il remplit le navire d'animaux fantômes
et fit chanter des flûtes, si bien que les pirates, pris de panique
sautèrent par-dessus bord et devinrent des dauphins.
C'est à Naxos que Dionysos rencontra la charmante Ariane que Thésée
avait abandonnée et il l'épousa aussitôt. Elle lui donna
Oenopion, Thoas, Staphylos, Latromis, Euanthès et Tauropolos. Par la
suite, il plaça sa couronne de mariée parmi les étoiles.
De Naxos, il se rendit à Argos et punit Persée - celui-ci avait commencé par lui tenir tête en tuant un grand nombre de ses compagnons - et frappa de démence les femmes d'Argos. Persée s'empressa de reconnaître qu'il avait eu tort et apaisa Dionysos en bâtissant un temple en son honneur.
Finalement, ayant établi son culte à travers le monde, Dionysos
monta au ciel, et maintenant il est assis à la droite de Zeus ; il
fait partie des douze grands dieux.
Les artistes lui ont prêté plusieurs types : d'abord le type
barbu et largement drapé ; c'est le plus ancien, exclusif à
l'époque archaïque, rare depuis le IVe siècle. Sa tête
couronne un pilier ou un hermès. Les vases peints le montrent couronné
de pampres, tenant le thyrse, la patère ou le canthare ; c'est un homme
dans la force de l'âge, d'allure plutôt grave. L'époque
classique avancée popularise le type juvénile, imberbe, plus
libre en ses mouvements, vêtu plus court, d'une simple peau, voire nu.
Source : Le grenier de Clio