L'art roman regroupe aussi bien l'architecture romane que la sculpture, la peinture ou la statuaire romane de la même époque. L'expression recouvre une diversité d'écoles régionales aux caractéristiques stylistiques différenciées, mais qui allient maîtrise technique et audace. Se développant lors d'une période d'expansion économique, il n'a pas été le produit d'une seule nationalité ou d'une seule région, mais est apparu progressivement et presque simultanément dans plusieurs régions d'Europe occidentale. Dans chacune d'elle, il a des caractéristiques propres (par exemple : l'utilisation de pierres différentes dans chaque région), bien qu'avec une unité suffisante pour être considéré comme le premier style international, avec un cadre européen. Son domaine d'expression est essentiellement religieux avec notamment l'adoption du plan basilical pour les églises et la généralisation de l'emploi de la voûte en berceau.
L'art n'émane plus d'un pouvoir royal ou impérial plus ou moins centralisé, mais des communautés monastiques. Les foyers économiques et culturels ne sont plus les villes appauvries, apeurées, mais les abbayes. C'est donc pour la plus grande gloire de Dieu que les artistes travaillent, et rien n'est trop beau pour le célébrer. Les couleurs éclatent dans les pages des manuscrits (l'admirable Apocalypse de Saint-Sever), sur les vitraux, ou sur les tissus, qui viennent souvent de Byzance ou du monde islamique. Les chapiteaux et statues sont également peints. Or, ivoire et pierres précieuses ornent les reliquaires, les vases sacrés ou les reliures des évangéliaires.
Les éléments de l'architecture romane sont pour l'entrée, le tympan. Très simple sur les premiers édifices romans, cet élément devient de plus en plus décoré à la fois pour magnifier la maison de Dieu et participer à l'instruction religieuse en reprenant des scènes de livres liturgiques ; parmi les thèmes représentés, on retrouve par exemple celui du Tétramorphe (allusion à l'Apocalypse et symbole des quatre Évangélistes), celui du jugement dernier. La nef a plusieurs travées, avec la voûte dite plein cintre (voûte tunnel ou avec arcs-doubleaux), en berceau brisé, en voûte d'arêtes, à file de coupoles (coupole à pans ou hémisphérique) ; un transept en général simple avec ou non des chapelles échelonnées ; on trouve cependant des églises sans transept dans le cas des constructions les plus humbles ou avec deux transepts, en particulier en Allemagne où s'est développée l'architecture ottonienne. un chœur ; une abside avec ou non des chapelles rayonnantes, appelées également chapelles absidiales, et une voûte en cul-de-four (voûte quart sphérique) complètent cette architecture.
Un des premiers ordres réformateurs est celui de Cluny. Il tire son nom du petit village de Cluny, près de Mâcon, où une abbaye bénédictine réformée est fondée en 909 par Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, qui l'a placée sous la direction de Bernon, abbé de Beaume. Odon, souvent décrit comme le fondateur de l'ordre, lui succède. La renommée de Cluny se propage loin au-delà du monastère d'origine. Sa règle rigide est adoptée par un grand nombre de vieilles abbayes bénédictines qui ne sont plus affiliées à la maison mère, et les nouveaux monastères qui, de plus en plus nombreux, désirent tous se rattacher à Cluny. À la fin du XIIe siècle, le nombre de monastères affiliés à Cluny en Europe occidentale atteint 2 000. L'établissement de Cluny est l'un des plus grands et magnifiques de France. Malheureusement, à la fin du XVIIee siècle, la quasi-totalité des bâtiments de l'abbaye, y compris l'église monumentale, sont vendus comme biens nationaux, puis détruits. Toutes les maisons rattachées à Cluny sont des dépendances françaises dirigées par des prieurs de cette nationalité. Elles ne reprennent leur indépendance que sous le règne d'Henri VI. Malgré son éclat, le renouveau clunisien est de courte durée : réputation et célébrité sont à l'origine de son déclin. Après une croissance considérable de leur ordre, les moines clunisiens deviennent aussi riches et peu disciplinés que leurs prédécesseurs. Une nouvelle réforme est alors devenue nécessaire.
Les Cisterciens. L’ordre de Cîteaux est fondé par Robert de Molesme et quelques moines en 1098, en Bourgogne. Il considère que l'ordre clunisien s'est fortement écarté de la règle édictée par Saint Benoit et prône un retour intégral à cette dernière. Il demande aux moines de respecter des principes radicaux : isolement du monde, travail manuel, silence et pauvreté. Avec saint Bernard, ces règles trouvent un écho dans l'art monastique. Les monastère n’étant pas fait pour les laïcs sont construits dans des endroits retirés ; ils doivent s’insérer dans un cadre naturel qu’ils respectent (harmonie avec la nature, solitude propice à la prière intérieure et au silence). Les clochers sont de dimensions modestes (humilité) ; les voûtes en berceau brisé ; lignes et volumes sobres. La décoration est dépouillée et épurée pour ne pas faire injure aux pauvres : refus de tout élément figuratif (en particulier au niveau des chapiteaux), d'où l'absence de statues ou peintures ; la pierre doit rester nue, sans aucune couleur; il ne faut pas détourner le moine de sa prière ou de son recueillement ; vitraux incolores aux motifs abstraits ou fleur de lys (symbole de Marie) ; mobilier simple : quelques cierges, pas d’or : encensoirs en cuivre ou en fer, chasubles sans broderies, crucifix ; motifs végétaux et géométriques dans les manuscrits peu enluminés : limitation des couleurs avec quasi suppression des couleurs rouge et or, très utilisées par les Clunisiens.
Les Cisterciens français qui édifièrent l'abbaye de San Galdano en 1218 introduisiernt en Toscane ce style caractérisé par des arcs brisés, ou ogives. Sienne l'adopta pour son dome, des batiments civils tel le Palazzo Publico et plusieurs palais privés.