Lola Montès : la copie restaurée !
Mercredi 17 décembre à 19h30
au Café des images


Séance spéciale suivie d’un pot de Noël offert en cafétéria, sur fond de musiques cultes du cinéma !

Le Ciné-club de Caen, Lézardus et Radio 666, s'associent au café des images pour revoir ou découvrir un trésor du cinéma dans une copie restaurée :

Inspiré de la vie scandaleuse de la comtesse de Landsfeld, Lola Montès fut un échec retentissant à sa sortie. S'il est défendu par Godard, Truffaut ou Cocteau, la plupart des critiques dénoncent l'excès d'affectation des scènes de cirque, des mouvements de caméra par trop sophistiqués, un flot de créativité mal jugulée et mal orchestrée, sans parler de l'usage audacieux des couleurs et du Cinémascope. Autant d'arguments qui plaident aujourd'hui en faveur de ce chef-d'oeuvre du cinéma épique.

A la version originale de décembre 1955 succède celle de février 1956, dans laquelle les dialogues allemands sont remplacés par des voix françaises postsynchronisées, et enfin celle de 1957, remontée contre la volonté de Max Ophüls - l’histoire est replacée dans un ordre chronologique, accompagnée d’une voix off.

Copie restaurée au format Scope et en Eastmancolor

La version présentée sur dix copies depuis le 3 décembre 2008 est le fruit de la collaboration entre la Cinémathèque française et les Films du Jeudi - la société de Pierre Braunberger, qui avait racheté le film en 1966. Après la faillite du producteur français Gamma, Pierre Braunberger, qui a produit Godard, acquiert les droits de Lola Montès. Il entreprend de reconstituer la continuité de la version de 1956, qui ressort dans deux salles parisiennes.

La Cinémathèque française ne disposant pas d’une copie intégrale de Lola Montès a convaincu en 2006 la fille de Pierre Braunberger, Laurence, directrice des Films du Jeudi, de tenter de retrouver le montage initial, les couleurs, la bande-son et le format d’origine du film. Sous le regard attentif de Marcel Ophüls, cette lente résurrection de Lola Montès a réuni François Ede, qui avait déjà oeuvré à la restauration du Playtime de Tati, la Fondation Thomson pour le patrimoine du cinéma et de la télévision, qui a permis l’accès au laboratoire Technicolor de Burbank en Californie, et le Fonds culturel franco-américain.

En 2007, l’arrivée de deux mécènes, L’Oréal et agnès B., a permis de réunir la totalité des 440 000 euros nécessaires. Il a fallu rechercher des éléments photochimiques du film de 1955 dans différentes cinémathèques, à Luxembourg, Bruxelles, Munich.

Pour Tom Burton, vice-président de Technicolor Digital Services, "la plus grande difficulté était de retrouver l’intention première du réalisateur dans le montage. Il manquait entre vingt et trente minutes du film. Nous avons eu la chance de travailler avec Marcel Ophüls, qui nous a guidés très précisément". Les négatifs originaux étaient souvent abîmés, troués, griffés, décolorés. Certains photogrammes ont été recréés numériquement, comme la gestuelle d’un bras ou un déplacement de caméra. Les couleurs, auxquelles Max Ophüls avait attaché une attention si particulière - il voulait par exemple que dans certaines scènes elles soient aussi éclatantes que "des cravates américaines" -, ont été retrouvées une à une. "Le numérique a permis d’harmoniser des images provenant de supports de générations différentes", explique Tom Burton. "On a eu des moments de découragement, risqué de tout abandonner. Miraculeusement, cette oeuvre pourra à nouveau être montrée au public", se félicite Sandrine Wemaere, déléguée générale de la Fondation Thomson. Et l’on débarrassera une fois pour toutes Lola Montès de sa réputation de film maudit.

Source : Nicole Vulser, Le Monde du 15.05.08




 

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