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Lagaan (metteur en scène à déterminer, 3h40) / ce film magnifique
et enchanteur est l'un des premiers films indiens de l'immense machine
de "Bollywood" (les studios de Bombay où se fabriquent la plupart des
superproductions indiennes) à parvenir en France. Il faut savoir que
l'Inde est le pays qui produit le plus de film au monde, mais que ces
films sont souvent des mélodrames à l'eau de rose assez médiocres et
difficilement visibles pour un public occidental. Avec Lagaan , le cinéma
indien a décidé de s'ouvrir au public etranger en nous offrant un film
plus substantiel. Le postulat du film est rocambolesque : à la fin du
XIXe siècle, en Inde, un officier britannique offre à un village indien
un pari insensé, à savoir un match de cricket entre les officiers anglais
et une équipe du village; si les indiens gagnent ils ne paieront pas
l'impôt qu'on appelle le lagaan pendant trois ans; s'ils perdent, ils
verront leur impôt tripler. Armé de ce postulat invraissemblable, le
metteur en scène construit une magnifique fiction en mélant le mélodrame
et de très beaux numéros de comédies musicales à l'indienne(qui raviraient
Jibé et Sylvain, eux qui aiment déjà tellement les comedies musicales
à l'occidentale...). Le match de cricket lui-même, qui s'étend sur trois
jours et une heure de film, est un morceaux d'anthologie et de suspense.
Bien sûr, le spectateur ne doute pas un instant de la victoire finale
des indiens, mais le metteur en scène ménage le suspense jusqu'au bout.
Bref un très beau film que je vous engage à voir toute séance tenante(
et n'ayez pas peur de la durée, on ne voit pas le temps passer). (4
coeurs)
Land and Freedom de Ken Loach (Anglo-espagnol, 1994) : Ce film
du réalisateur anglais dont on connaît les engagements (il ne fait pas
mystère de ses opinions trotskystes) est consacré à ce que Loach a appelé
la "dernière croisade idéologique" du siècle, à savoir la guerre d'Espagne.
Mais son film tranche sur les autres long-métrages consacrés à ce conflit,
en ce qu'il s'attache à montrer un aspect peu connu de la Guerre d'Espagne
: la guerre civile au sein de la guerre civile qui opposa dans le camp
républicain les communistes staliniens aux anarchistes et aux trotskystes.
Anarchistes et trotskystes, qui avaient leurs propres milices, voyaient
dans le Coup d'état des militaires fascistes l'occasion de faire la
Révolution, et à leurs yeux, Révolution sociale et guerre contre le
fascisme devaient être menées de front. En Catalogne, et particulièrement
à Barcelone, anarchistes et trotskystes avaient mené une révolution
radicale par une politique d'expropriation au main des syndicats de
l'agriculture et de l'industrie. Mais Staline, dans la foulée de la
repression menée en URSS contre toute version alternative du socialisme,
décida d'ecraser la révolution espagnole. Le conflit fut tranché en
mai 1937 à Barcelone, par plusieurs jours de combats qui firent plusieurs
centaines de morts. Le film de Ken Loach suit la destinée d'un jeune
communiste britannique qui part en Espagne aider la République : mais
par un concours de circonstances, il ne s'engage pas dans les Brigades
Internationales, tenues par les communistes, mais dans le POUM, le syndicat
trotskyste. Il est témoin de l'engagement révolutionnaire sincère des
miliciens trotskystes : la scène pivot du film est un débat au sein
d'un village délivré par le POUM sur l'opportunité de la collectivisation
des terres du villages. Le jeune anglais est aussi témoin des difficultés
que rencontre le POUM à obtenir un armement correct, dues à l'obstruction
du gouvernement espagnol central. Tenté un moment de revenir vers ses
allégeances traditionnelles en s'engageant dans les Brigades, il est
témoin des évènements barcelonais et de la repression qui s'ensuit contre
anarchistes et trotskystes du POUM. Il revient alors vers ces derniers,
mais il aura juste le temps d'assister à la mise hors-la-loi du POUM.
Dans une scène du film, on voit le personnage principal déchirer sa
carte du parti communiste britannique, scène qui illustre sa prise de
conscience de l'ignominie stalinienne. Au total un film un peu didactique
et démonstratif, où le message que veut délivrer Ken Loach est matérialisé
par de nombreux dialogues et discours bien pensés tenus par les protagonistes,
mais un film qui vibre d'une générosité et d'un humanisme qui emportent
toute réticence. (4coeurs)
Lilya 4-ever de Lukas Moodysson (Suède)
: Lilya est une adolescente de 16 ans vivant quelque part en ex-Union
Soviétique, et que sa mère abandonne en partant avec son
amant aux Etats-Unis. Laissée à elle-même, obligé
de se débrouiller comme elle peut pour vivre, elle n'a qu'un
rêve, quitter ce pays sordide. Son seul ami est un jeune garçon,
Volodia, avec qui elle partage ses peines. Survient un jour le bel Andreï
qui séduit Lilya et lui propose de le suivre dans son pays, la
Suède. Lilya n'écoute pas les mises en garde de Volodia,
toute à son bonheur de quitter enfin la contrée sinistre
où elle a vécu. Arrivé en Suède, le traquenard
se referme : Lilya est prisonnière d'un maquereau et obligée
de se prostituer. On l'a vu, ce film traite du délicat problème
des "filles de l'Est", et il le fait avec un mélange
de naturalisme très cru (sans jamais pourtant essayer de titiller
le spectateur) et d'onirisme et de poésie visant à mieux
montrer le caractère tragique et sordide du destin de Lilya.
En effet, des scènes oniriques, où lilya, devenu prostituée,
revoit Volodia avec des ailes d'anges parsement et concluent le film.
Au total, un film très noir, aussi bien par sa description du
pays natal dévasté de Lilya que par sa vision de la descente
aux enfers de la prostitution de la jeune héroïne, mais
une noirceur contrebalancé par des élans de poësie.
( 4 coeurs)
La Liste de Schindler de Steven Spielberg (Etats-Unis, 1994)
: Je pense qu'il n'est pas besoin que je vous fasse un résumé précis
du film, supposant que la plupart d'entre vous l'ont vu. Cette histoire
véridique d'un homme d'affaire allemand qui embauche en pleine deuxième
guerre mondiale des juifs pour faire tourner une fabrique, et qui finit
par sauver ses ouvriers juifs de l'Holocauste, a représenté un tournant
esthétique majeur pour Steven Spielberg, qui nous avait habitué à des
films de pur divertissement. Ici, il s'est attaqué à un sujet grave,
et nous a offert un film impressionnant, d'une richesse psychologique
étonnante. Saluons d'abord le courage de Spielberg d'avoir tourné le
film en noir et blanc ( ce qui provoque un effet de réel quasi-documentaire)
et sans acteurs connus ( eût-il fait le contraire qu'il eût gaché toute
son entreprise). Saluons aussi la maestria de la mise en scène, évidente
quand Spielberg filme des mouvements de foule : à cet égard, la scène
de liquidation du gettho de Cracovie restera dans les annales du cinéma.
Mais ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans le film est le portrait
psychologique de Schindler (Liam Neeson), jouisseur et profiteur cynique,
homme à femme, aimant la bonne chère et le bon vin, et qui sait comment
amadouer les nazis par des "cadeaux" : au début du film, il n'engage
des ouvriers juifs que pour faire du profit, sa prise de conscience
de l'abjection nazie se fait progressivement. Autre personnage fascinant
(et effrayant), Amon Goeth(Ralph Fiennes), l'officier SS, prisonnier
de ses pulsions meurtrières et sadiques. Entre Goeth et Schindler s'engage
une partie trés serrée, l'entrepreneur allemand ayant besoin de Goeth
pour continuer à faire travailler "ses" juifs dans l'entreprise. La
relation entre les deux personnages est trés intéressante, car, par
certains côté, Schindler voit en Goeth un double de lui-même ( l'officier
SS est aussi amateur de jolie femme, de boisson et de bonne chère, et
en temps de paix, "il ferait un merveilleux escroc" selon les termes
d'Oskar Schindler). Mais dans la relation de séduction-manipulation,
Schindler l'emporte car il sait garder la maitrise de soi alors que
Goeth est le jouet de ses impulsions sadiques et hédonistes. Bref, un
des films marquants de la décennie 1990, dommage simplement que les
scènes finales tombent dans le mélo le plus manipulatoire puis dans
la propagande sioniste la plus outrancière. (4 coeurs)
Loin du Paradis de Todd Haynes (USA)
: Ce film se passe dans l'Amérique d'Eisenhower, à la fin des années
1950, à une époque de consensus national et de conformisme social, et
explore les arcanes d'un couple qui reflète trop bien l"American Way
of Life" de cette époque. Cathy (Julianne Moore) et Frank (Dennis Quaid)
sont apparemment un couple modèle, possedant une grande maison et vivant
avec deux enfants. Le bonheur apparemment sans nuage de ce couple et
de cette Amérique apaisée est souligné par une mise en scène qui rappelle
délibéremment les grands mélos américains des années 1950 : le soin
apporté aux couleurs, aux costumes, aux décors, confinent à la munificence.
Mais cette mise en scène délibérement retro vise en fait à souligner
un décalage entre l'apparence sociale et ce qui mine le couple : le
mari, Dennis Quaid, se découvre des penchants homosexuels, et la femme,
Julian Moore, fera elle l'expérience des barrières et des préjugés raciaux
dans l'Amérique de cette époque. Tombant peu à peu amoureuse de son
jardinier noir, elle ne pourra mener cette relation (qui n'est au départ
qu'une relation amicale) jusqu'au bout : les commerages des "braves
américaines", exerçant un contrôle social très efficace, et l'intolérance
parallèle de la communauté noire envers toute relation interraciale,
feront échouer cette idylle. Bref, un long-métrage qui, filmé comme
les mélos de l'époque, montrent ce qu'ils ne pouvaient montrer, l'envers
du décor d'une amérique trop lisse, et un portrait de femme très émouvant
(3 coeurs).
Los porfiados de Mariano Torres Manzur
(Argentine) : Ce film totalement fauché et tourné en noir et blanc nous
raconte l'histoire d'une bande de pieds nickelés qui veulent faire la
révolution et lutter contre la « société cybernétique » et le monde
globalisé. Cela nous vaut la peinture de personnages truculents et hauts
en couleur, et des diatribes révolutionnaires souvent très drôles. Rassurez-vous,
cette bande de révolutionnaires sympathiques ne feront pas beaucoup
de mal (quelques monuments « patriotiques » détruits, et une bombe finalement
jetée à la rivière par celui qui avait été choisi par le groupe pour
commettre un attentat). Au total un film d'esprit sympathique, qui reflète
sans doute l' état de crise généralisée que connaît l'Argentine. ( 2
cours)
Lost in translation de Sofia
Coppola (Etats-Unis) : Bob Harris (Bill Murray), acteur américain sur
le déclin et vivant la crise de la cinquantaine, vient au Japon tourner
une publicité pour un Whisky. S'ennuyant dans son immense hotel, perdant
ses repères dans ce pays etrange dont il ne comprend ni la langue ni
la mentalité, il rencontre bientôt Charlotte (Scarlett Johansson), jeune
femme qui a la moitié de son âge et qui est délaissé par un mari surbooké.
Ces deux êtres vont engager une relation tenue. Voilà "l'intrigue" du
deuxième film de Sofia Coppola, fille du grand Francis Ford Coppola
: après Virgin suicides, que personnellement je n'avais pas beaucoup
aimé, Sofia Coppola réussit pleinement le cap du deuxième film. Spectateur,
ne vous attendez pas à une intrigue structurée ou à une progression
dramatique classique : il n'y a pour ainsi dire pas d'intrigue dans
ce film en perpetuel flottement, tout tient par les rapports entre les
personnages, et la peinture de deux américains "perdus" dans un pays
qui leur est etranger. La tonalité du film est mélancolique, mais certaines
scènes sont absolument désopilantes : ainsi, le tournage de la pub,
où le metteur en scène japonais éructe de longues diatribes incompréhensibles
(ses propos ne sont pas traduits dans le film), diatribes réduites à
une phrase laconique par l'interprète japonaise de Bob. Tout concourt
dans le film à nous livrer cette sensation d'étrangeté que ressentent
les deux protagonistes : les mines impassibles des japonais, les problèmes
pour se faire comprendre des autochtones, les néons agressifs de la
nuit à Tokyo. Une des meilleurs surprises de ce début d'année cinématographique,
qui commence décidement très bien. ( 4 coeurs)
Loulou de Georg Wilhem Pabst (Allemagne, 1928, film muet): ce
chef d'oeuvre du cinéma muet tardif consacra l'actrice américaine
Louise Brooks comme mythe cinématographique. Louise Brooks y
incarne une femme libérée qui multiplie les liaisons et
qui connaît une lente déchéance. Dans ce film à
l'érotisme trés osé pour l'époque (le film
eut des problèmes avec la censure), le sexe et le désir
viennent dynamiter les conventions bourgoises : Loulou a notamment une
liaison avec un homme d'âge mûr, le docteur Schoen, en même
temps qu'avec son fils. Apprenant qu'il est un homme trompé le
jour même de son mariage, le Docteur Schoen est tué accidentellement
par Loulou. Cette dernière fuit avec le fils du mort, et finira
assassinée à Londres alors qu'elle vendait ses charmes
dans les rues de la capitale anglaise. Ce qui m'étonne toujours
dans les grands chef-d'oeuvres du muet, c'est le dynamisme des images,
la beauté de la photographie : ici, je pense notamment à
une scène dans les coulisses d'un music-hall, où Pabst
nous montre sa maîtrise des mouvements de foules, et une autre
scène dans un tripot enfumé, où Loulou et son amant
se sont réfugiés. Un pur chef-d'oeuvre à redécouvrir.
(4 coeurs).
Loulou de Maurice Pialat (France, 1980): Loulou, jeune loubard
oisif vivant en dehors de toute convention sociale (un des meilleurs
rôles de Gérard Depardieu) rencontre Nelly(Isabelle Huppert),
jeune bourgoise qui s'ennuie avec son mari publicitaire (Guy Marchand,
qui prouva dans ce film qu'il pouvait jouer autre chose que des comédies
débiles). Nelly prend de plus en plus l'habitude de découcher
avec Loulou et finit par quitter son mari pour vivre à l'hôtel
avec le jeune loubard. Le film explore les relations entre ces trois
personnages, les disputes violentes entre Nelly et son mari, la découverte
par Nelly d'une nouvelle liberté avec son nouvel amant. Le film
est tourné le plus souvent caméra à l'épaule,
pour suivre les méandres des personnages, et beaucoup de séquences
sont des scènes nocturnes, dans les rues de Paris et dans des
bars : la photographie et la mise en scène sont très soignées,
dans ce film qui consacra Maurice Pialat.
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Mabuse le joueur et Mabuse le démon du crime,
films muets de Fritz Lang (Allemagne, 1922) : Avec ces deux films qui
en fait n'en font qu'un, Lang inventa un personnage mythique de l'histoire
du cinéma, celui du diabolique Docteur Mabuse, génie criminel,
démon du crime, faux-monnayeur, expert en l'art du déguisement
et doué du pouvoir de manipuler les humains par le biais de l'hypnose.
Le film raconte ses méfaits criminels et sa lutte implacable,
lutte du Bien contre le Mal, contre le procureur Von Wenk, qui ignore
au départ l'identité de Mabuse (ce dernier, trés
offciellement, tient un cabinet de psychanalyste). Ce film est un véritable
chef-d'oeuvre et à mon avis n'a pas pris une ride : Lang est
aussi à l'aise pour filmer une panique boursière, des
tripots enfumés que les scènes où Mabuse fait usage
de ses pouvoirs ( je pense à une scène vers la fin du
film où Mabuse se déguise en illusionniste donnant une
démonstration devant une salle comble et hypnotise à son
insu Von Wenk). Je pense que ce film reflète aussi l'époque
où il a été tourné : chaos économique,
politique, social et moral de la République de Weimar au début
des années 1920, attrait pour les sciences occultes et la psychanalyse.
Bref un film magistral. (5 coeurs).
Mad Max de Georges Miller (Australie, 1979) :
ce premier opus d'un jeune médecin australien devait instaurer un personnage
cinématographique qui allait réapparaître dans deux suites, et révéler
au grand public un acteur alors totalement inconnu, Mel Gibson. Pour
l'époque, ce long-metrage a été considéré comme ultra-violent, à tel
point qu'il fut un temps interdit en France, pour sortir ensuite dans
une version amputé de 6 minutes : aujourd'hui, nous pouvons voir le
film dans sa version intégrale. Ce film à très petit budget fut un très
grand succès mondial, et devint ce qu'il est convenu d'appeler un "film-culte".
Pourtant il faut dire que ce premier épisode, qui nous montre les ravages
causés par une bande de motards et de fous du volant, et la guerre que
leur fait la police -notamment le personnage de Max Rockatanski (qui
perdra à la fin du film sa femme et son enfant, avant de se venger froidement-ce
film donc a pris un coup de vieux. Il faut notamment faire remarquer
que dans ce long-metrage qu'on a decrit après-coup comme une oeuvre
d'anticipation, il n'y a en réalité rien qui nous permette de déduire
que nous sommes dans le futur. A mettre au crédit du film tout de même
: les scènes d'actions et de poursuites automobiles, brillamment filmées
en scope. Une curiosité (2 coeurs).
Mad Max 2, le défi de Georges Miller (Australie,
1982) : Cette suite du premier Mad Max est nettement meilleure que le
film princeps. Elle est aussi très différente : cette fois, le spectateur
est explicitement plongé dans un contexte futuriste et post-apocalyptique,
dans un monde d'après la catastrophe où règne la lutte de tous contre
tous et où les hommes se font la guerre pour cette denrée rare qu'est
devenu l'essence. Max (Mel Gibson), errant à travers les routes, tombe
sur une station de pompage d'essence défendue par une poignée d'individus
tentant de resister à la barbarie et de garder de ce qui reste de civilisation
dans ce chaos : la station est assiégée par une horde de barbares motorisés.
Max viendra en aide à ce petit groupe et les aidera à echapper aux barbares.
Ce film, dans le genre du film de divertissement, est un petit chef-oeuvre.
Les cascades et les scènes d'actions sont bien plus impressionnantes
que dans le premier film. Surtout, Georges Miller arrive à créer un
"univers" sombre et futuriste parfaitement réussi, visuellement et esthétiquement
parlant : les barbares motorisés sont des musclors bardés de cuirs et
aux coupes punks et iroquois. En fait, Miller ressuscite les archétypes
du western (les barbares motorisés sont une version futuristes des méchants
indiens des westerns de la grande époque). ( 4 coeurs)
Main basse sur la ville de Francesco Rosi ( Italie,
1961) : ce film très puissant que l'on doit a Francesco Rosi, spécialiste
du "film dossier" à connotation politique, est l'un des films les plus
célèbres de son auteur et lui valut la récompense suprême au Festival
de Venise en 1961. Le but de ce long-métrage est de dénoncer la spéculation
immobilière et la collusion entre les promoteurs immobiliers et les
hommes politiques. Le rôle principal est joué par Rod Steiger, qui incarne
un puissant promoteur immobilier qui est en même temps un conseiller
municipal de la ville de Naples. Après l'écroulement d'un des immeubles
qu'il a fait construire, le conseil municipal de la ville, décide, après
une séance houleuse, de constituer une commission d'enquête. De Vita,
conseiller municipal communiste intègre et courageux, est convaincu
qu'il y a eu des irrégularités dans l'adjudication de ce marché immobilier,
et part en guerre contre ce qu'il devine être la collusion entre la
droite majoritaire dans la municipalité et le promoteur immobilier mis
en cause. Ce film a été tourné en noir et blanc, ce qui renforce son
authenticité documentaire. D'autre part, Rosi nous démontre dans ce
film sa maestria de metteur en scène, aussi habile pour filmer les débats
houleux du conseil municipal de Naples, les conciliabules secret entre
politiciens, que les scènes de foules nous montrant tout un quartier
refusant de se faire expulser de leurs immeubles. Un classique du cinéma
politique au sens large
Mar adentro de Alejandro
Amenabar (4 coeurs). Ce film très émouvant est tiré d'une histoire authentique
qui a émue toute l'Espagne il y a quelques années, celle de Ramon Sanpedro,
tétraplégique d'une cinquantaine d'année paralysé depuis presque trente
ans qui demanda en vain à la justice de son pays le droit à mourir dans
la dignité. Ramon Sanpedro est dans le film incarné par l'acteur trentenaire
Javier Bardem, vieilli de vingt ans pour le film et dont la composition
est extraordinaire. Ramon vit paralysé dans la maison familiale en Galice
avec son frère ainé, sa belle soeur, son neveu et son père. Au début
du film, il reçoit la visite d'une avocate venu étudier son cas, jeune
avocate qui est elle-même atteinte d'une maladie dégénerative du cerveau
et qui est donc sensibilisée à sa manière au sort de Ramon. S'ajoute
à cette galérie de personnage une jeune ouvrière qui s'eprend de Ramon,
et une militante d'une association pour le droit à l'euthanasie. Tous
ces personnages réagissent chacun à sa manière au drame de Ramon et
à sa volonté de mourir, depuis l'incompréhension butée du frère ainé
(ce qui nous vaut quelques scènes de disputes entre les deux frères,
dialoguées en Galicien), l'approbation tacite de sa belle-soeur, la
sollicitude maladroite de la jeune ouvrière, jusqu'à la défense militante
du droit à l'euthanasie manifestée par d'autres personnages. Je craignais
au début de la projection le film-dossier, mais mes réticences ont vite
été balayée au fur et à mesure de la projection devant le caractère
poignant et émouvant du film. On pourra tiquer devant certains effets
un peu mélodramatiques, mais peut-on reprocher à un film d'être émouvant
? Pour ma part, j'ai été, vers le dernier tiers du film, physiquement
au bord des larmes. J'ai rarement été sécoué émotionnellement avec une
telle intensité par un film.
Mark Dixon detective (Otto Preminger, USA, 1950)
: Ce trés bon film est un produit typique du "film noir", genre qui
s'est épanoui pendant les années 1940 et qui est très différent du "film
de gangster" qui a fait les beaux jours de la Warner dans les années
1930. Comme l'ont montré les historiens du cinéma, le film noir s'est
épanoui dans un contexte d'angoisse de la société américaine (IIe Guerre
Mondiale, Guerre Froide, Maccartysme) et l'on y sent souvent l'influence
de la psychanalyse : les héros hantés par leur passé sont typiques du
film noir. Dans cet oeuvre du grand réalisateur Otto Preminger, Dana
Andrews joue justement l'un de ces héros hantés par la fatalité : inspecteur
de police, son père était un criminel et lui-même est devenu policier
pour effacer cette tare familiale. Hélas, une bagarre qui tourne mal
avec le suspect d'un meurtre (le dit suspect est tué en tombant sur
la tête) oblige Mark Dixon à "maquiller" son "accident" et à faire disparaitre
son cadavre, et dès lors, employant des méthodes de gangster, il retombe
dans la fatalité familiale. On soupconne vite un innocent du meurtre
du disparu, et Mark Dixon, continuant à jouer son rôle de policier,
tombe amoureux de la fille du suspect (Gene Tierney). A la fin du film,
Dixon arrive à coincer le criminel responsable du premier meurtre, mais
hanté par le remords il avoue qu'il est le responsable de la mort du
suspect qu'il a tué à coup de poing. Les dernières images laissent entrevoir
une rédemption possible pour Mark Dixon.(3 coeurs)
Mary d'Abel Ferrara. Le film
est certes assez confus (mais le chaos n'est-il pas la marque de fabrique
de Ferrara ?), abusant d'effet de style un peu facile (je pense à la
scène de l'attentat), mais il y a de bonnes choses, et tout d'abord
le personnage de Forest Whitaker : il ya une scène au moins qui mérite
de rester, la confrontation entre Matthew Moddine et Forest Whitaker
sur le plateau de l'émission de ce dernier, la violente interpellation
du cinéaste cynique par l'animateur de radio traversant une crise personnelle.
Bref, c'est loin d'être un chef-d'oeuvre, mais pas infamant (2 coeurs)
Les métamorphoses
du choeur de Marie-Claude Treilhou, . Dans ce très beau film, Marie-Claude
Treilhou "ne fait que" filmer une communauté au travail, à savoir une
chorale d'amateur préparant un concert. Pendant une heure et demie,
nous suivons d'abord séparement les enfants, les ados et les adultes
préparer chacun leur partition, puis la fusion du groupe pendant les
dernières répétitions, afin d'assister, pendant le générique de fin,
au concert final. Et bien de ces images de choristes amateurs, beaucoup
plus sincères et émouvants que les merdeux à la voix de chatré dans
l'abominable film du même nom, de ces images naissent la grâce, la légéreté
et l'émotion. Tout d'abord, le morceaux préparé est de la musique baroque
(une messe de Noël de Charpentier), c'est à dire ce que je préfère en
musique "classique". Puis le film montre admirablement tout l'effort
d'appropriation néccessaire pour préparer un concert, le sens de l'effort,
la savante pédagogie du maître de choeur. Bref, un très bon documentaire.
(3 coeurs).
Metropolis (Allemagne, Fritz Lang, 1926, muet):
Ce film est l'un des grands chefs d'oeuvre du muet, qui souffra, lors
de sa sortie, de coupes et de censures multiples. Un immense travail
de restauration a été fait, et si un quart du film a été irrémédiablement
perdu, cette version de deux heures est la plus proche de celle voulue
par Lang. Le canevas du film est très connu : dans Métropolis, ville
futuriste, une classe d'esclave travaille dans les sous-sols à faire
marcher les machines indispensable au fonctonnement de la Cité et à
la vie d'une riche classe oisive. Le fils du patron de la ville découvre
par hasard les conditions de vie effroyables des ouvriers du sous-sols
et se solidarise avec eux, en même temps qu'il tombe amoureux d'une
madonne qui soulage les souffrances des ouvriers. Le patron de la ville
décide alors de remplacer la jeune fille par un robot lui ressemblant
en tout point, afin de pousser les ouvriers à la révolte pour mieux
les mâter. L'intrigue du film est un peu naïve, le principal intérêt
de cette oeuvre est son aspect visuel, ses visions de la ville du futur,
ces images apocayptiques des ouvriers au travail dans les salles des
machines, ces mouvements de foules à la fin du film.
Molière d'Ariane Mnouchkine (France, 1978) :Ce
film fleuve de 4h10 racontant la vie d'un des plus grands noms de la
littérature française m'a encore paru trop "court", tellement la matière
était riche. Cette "réserve" étant dite, le film est magnifique, splendide
plongée dans le XVIIe siècle français et les principaux tournants de
la vie de Molière : son enfance et ses premiers contacts avec la comédie
à travers les spectacles de rues, ses années d'études à Orléans et ses
premières confrontations avec les dévôts, ses débuts de dramaturge et
de comédien, les 15 ans de pérégrinations à travers la France de "L'Illustre
Théâtre", son intronisation comme dramaturge officiel de Louis XIV.
Le film suggère que l'art de Molière est née de la culture populaire
et carnavalesque du XVIIe siècle, il se veut aussi une critique sociale
et politique : les démélées de Molière avec les dévôts y sont longuement
traités, notamment à travers "l'affaire" Tartuffe. In Fine le film se
veut un éloge de la liberté, de la raison (à travers le personnage de
Descartes, qui apparaît dans le film), et de la joie (joie de créer,
joie populaire d'un carnaval), contre le fanatisme et le rigorisme des
dévôts. Un grand film qui échappe à tous moment à l'académisme. (3 coeurs).
Le monde d'Apu de Satyajit Ray (Inde, 1959) :
Voilà, après La complainte du sentier et l'invaincu, la
fin de la "trilogie Apu". Notre héros, qui, rappelez-vous-en,
avait perdu père et mère dans les précédents
épisodes et avait entamé des études supérieures
à Calcutta, est désormais un intellectuel bohême,désargenté,
essayant de faire publier ses contes dans des revues littéraires.
Par un concours de circonstances, il se trouve embarqué dans
un mariage arrangé à la campagne avec une aristocrate
traditionnelle. Bientôt enceinte, elle meurt des suites de son
accouchement mais le bébé survit. Ne pardonnant pas au
garçon né d'être responsable de la mort de sa femme,
Apu le confie à sa belle-famille et connaît des années
d'errances. Le film se termine par les retrouvailles émouvantes
du père et du fils des années plus tard. Cette dernière
partie de ce récit initiatique est pour ma part celui des trois
films de la trilogie que j'ai le moins aimé. Es-ce l'effet de
surprise et de découverte qui s'estompe ? Je ne ne sais. En tous
cas, ce dernier opus est moins raffiné esthétiquement
que les deux autres. Cela n'en reste pas moins un très beaux
film. (4 coeurs)
La mort aux trousses d'Alfred Hichcock (Etats-Unis,
1959) : La genèse de ce film est des plus cocasses. Lors d'un dîner
au restaurant avec son scénariste Ernest Lehman, et alors qu'ils cherchaient
un sujet de film possible, Hitchcock confia qu'il avait toujours eu
le désir de faire un film avec une poursuite sur les visages des présidents
américains du Mont Rushmore. Ernest Lehman fut tout de suite emballé
par l'idée, et de ce presque rien naquît, après des mois d'efforts,
le scénario de La mort aux trousses. Les intrigues des films d'Hitchcock
sont souvent sophistiquées, mais ici, le scénario est pratiquement irrésumable
: Les services secrets américains inventent l'existence d'un agent fictif,
Robert Kaplan, afin de mieux protéger un de leurs agents bien réel.
Mais il se trouve qu'un publicitaire, Roger Tornhill (Cary Grant), se
trouve par un concours de circonstances pris pour Kaplan, et il sera
dès lors projeté dans une suite d'aventures dangereuses où il risque
plus d'une fois d'y laisser la vie. Dans son périple, il rencontrera
une charmante blonde incarnée par Eva Marie Saint. Des scènes d'anthologies
sont restées dans les mémoires de tous les cinéphiles : outre la poursuite
finale sur le Mont Rushmore, citons la scène où Cary Grant est poursuivi
par un avion dans un champ de maïs, où encore la désopilante scène des
Enchères, où Cary Grant, pour sauver sa vie, fait le pitre publiquement.
Le film est porté par une interprétation hors-pair : outre Cary Grant
et Eva Marie Saint déjà cités, évoquons James Mason génial dans le rôle
du méchant. Ce film exprime à sa quintessence l'univers d'Hitchcock(
5coeurs).
Mourir à trente ans de Romain Goupil (1982,
France) : Romain Goupil fut aux avants postes de la contestation lycéenne,
dans les célèbres Comités d'Action Lycéens
( les "CAL"), dans les années 1960, a vécu intensément
les "évènements" de Mai 68 puis la période
gauchiste du début des années 1970. Mais en même
temps qu'il faisait ses premières armes de militant, Romain Goupil
faisait son apprentissage de cinéaste avec une caméra
super-8 avec laquelle il filmait tout ce qui bougeait. Cette documentation
filmée considérable lui a permis de réaliser ce
film trés précieux pour comprendre cette période
de militantisme et d'ultra-gauchisme que furent les années 60
et 70. Le pretexte de ce documentaire est le suicide de Michel Recanatti,
militant à la JCR, personnage clé de cette période
et qui mis fin à ces jours à la fin des années
70. Ce film se veut un hommage à l'homme en même temps
qu'à toute une génération : le film est un patchwork,
melangeant témoignages des acteurs de cette période et
documents d'époque (qu'il s'agisse des films tournés par
Goupil, oùu de simples photos). Goupil manifeste un vrai talent
pour la prise de vues, notamment lorsqu'il filme les meeting d'Alain
Krivine, candidat de la LCR Aux présidentielles de 1969. Bref
un document précieux sur cette époque.(3 coeurs)
Mistic river de Clint
Eastwood (Etats-Unis) : Le grand Clint nous revient enfin en grande
forme, après plusieurs films très médiocres (comme Les pleins pouvoirs
ou Créance de sang) ou moyen (le sympathique Space cowboys). Ce thriller
psychologique passionnant est centré sur trois personnages, trois amis
d'enfance qui, après le drame vécu par l'un d'entre eux (enlevé sous
les yeux de ses deux camarades par deux faux policiers, il est enfermé
et violé pendant 4 jours), ont dénoué leurs liens d'amitié. Après le
prologue, on retrouve nos trois compères 30 ans après : Jimmy (Sean
Penn) tient une épicerie, Sean (Kevin Bacon) est policier, quant à Dave,
celui des trois qui a vécu le drame decris plus haut (Tim Robbins),
il s'est renfermé sur lui-même. Un drame reunira de nouveau les trois
hommes : l'assassinat de la fille de Jimmy. Se met alors en place un
suspense criminel et psychologique à la fois, prenant de bout en bout,
et qui devient passionnant à la dernière demi-heure. Clint Eastwood
confirme qu'il est un très grand directeur d'acteurs : les trois interprètes
principaux sont formidables, avec une mention speciale pour Tim Robbins
en homme détruit et hanté par ce qu'il a subi dans son enfance. ( 4
coeurs)
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N |
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Napoléon d'Abel Gance ( 1927, film muet) : Je dois
tout de suite préciser quelque chose : j'ai vu ce film sous une version
muette de quatre heures, et pour moi, cette version fait référence et
constitue le plus beau film que j'ai vu de ma vie - mais il existe quantités
de versions de ce film, dont beaucoup de parlantes, Abel Gance ayant
anticipé l'avénement du parlant et demandé à ses acteurs d'articuler.
Autant vous le dire tout de suite, j'ai vu pour partie une de ces versions
parlantes : c'est un beau gachis, toute la magie du muet s'est estompé
et Gance est allé jusqu'à tourner de nouvelles scènes. Par contre, la
première fois que ce film a été montré au public, ce fut avec un système
de projection sur trois écrans simultanés. Inutile de vous dire que
je rêve de voir un jour ce spectacle total que doit être cette projection
sur trois écrans. En tout cas, je me suis contenté d'un écran, est le
spectacle qu'il m'a été donné de voir, sans sons ni musique d'accompagnement,
est le plus impressionnant que j'ai vu, reléguant aux oubliettes toutes
les superproductions américaines que j'ai pu voir. Ce que j'adore dans
le film de Gance c'est sa démesure, sa mégalomanie, sa folie : il avait
manifestement le projet de filmer toute la vie de Napoléon, et là, en
4 heures, il ne nous raconte que les touts débuts de la carrière de
Bonaparte sous la Révolution (le film s'arrête au tout début de la Campagne
d'Italie et ne traite même pas de la Campagne d'Egypte) ! S'il avait
continué au même rythme, on aurait abouti à un film d'une vingtaine
d'heure au moins. Le film montre pendant plus d'une demi-heure, en une
symphonie d'image fascinante, la toute première bataille de Napoléon,
la prise de Toulon en 1793 alors au mains d'une coalition hétéroclite
d'anglais, d'espagnols et autres. Le film est porté par son interprète
principal, Albert Dieudonné, totalement possédé par son rôle, et Gance
fait de son personnage une sorte de surhomme. On est plus près de l'Imagerie
d'Epinal que d'un film historique rigoureux, mais qu'importe ! C'est
ça qui fait tout le charme et l'intense poesie de cette oeuvre, témoin
d'un temps où l'on pouvait tout expérimenter au cinéma.
Non ou la vaine gloire de commander de Manuel de Oliveira (Portugal,
1990) : J'avais toujours évité les films de Manuel de
Oliveira, effrayé que j'étais par leur réputation
de lenteur et d'austérité. Je me suis pourtant laissé
tenté par ce long-métrage, évocation de la fin
de l'Empire Portugais d'Afrique et reflexion plus générale
sur la futilité des Empires. L'action se situe au début
des années 1970 en Afrique, un groupe d'officiers portugais évoquent
la situation et débatent du sens de la guerre coloniale qu'ils
sont en train de mener. Tout d'un coup, l'un d'entre eux, féru
d'histoire, se met à leur raconter les batailles perdues de leur
pays à travers l'histoire. Dès lors le film se met à
osciller entre les discussions du groupe d'officier et des reconstitutions
historiques illustrant les récits de l'officier-historien, reconstitutions
d'une très grande beauté plastique et pour lesquelles
des moyens conséquents ont été apparamment mobilisés,
même si nous ne sommes pas dans une superproduction hollywoodienne.
A la fin du film, ironie de l'histoire, l'officier conteur des occasions
perdues par le Portugal meurt le jour même de la Révolution
des oeillets. Un film à l'atmosphère très prenante
(3 coeurs).
Novo de Jean-Pierre Limousin
: Autant le dire tout de suite, dès le prologue totalement absurde
et gratuit, j'ai vite détesté le film. Cette histoire
d'un amnésique qui ne se souvient plus de ce qu'il a fait 10
minute avant et qui fait la rencontre d'une jeune femme aurait pu être
intéressante, si le scénario n'était à ce
point inconsistant et si le film ne partaît pas dans tous les
sens comme il le faît. Seule consolation, le très joli
minois et la plastique parfaite d'Anna Mouglalis, qu'on voit dans de
nombreuses scènes érotiques avec Edouardo Noriega, interprète
du personnage principal. Mis à part ça, il n'y a pas grand
chose à sauver de ce film. (0 coeurs).
La nuit de Michelangelo Antonioni (Italie, 1961)
: Antonioni est, avec Fellini, Pasolini, Rosselini et quelques autres
l'un des plus grands noms de l'âge d'or du cinéma italien. Son film
L'Avventura, présenté à Cannes en 1960 déclencha, si j'ose dire, une
seconde bataille d'Hernani. Le film fut copieusement sifflé en projection
officielle (au point de faire fondre en larme Antonioni), et il était
en compétition directe avec un autre film qui allait devenir une oeuvre
phare du cinéma italien, La Dolce vita de Fellini. Pourtant, malgré
cet accueil houleux, un auteur était né, qu'on étiqueta vite "cinéaste
de l'incommunicabilité". Cette étiquette, bien qu'un peu réductrice,
rend bien compte de l'univers d'Antonioni, cinéaste de la crise du couple
et de la déshumanisation du monde moderne. La Nuit, tourné un an après
L'Avventura, est typique du cinéma d'Antonioni : le scénario tient sur
une épaisseur de papier à cigarette. Le film est l'autopsie, sur une
journée, de la fin d'un couple, celui formé par Lidia (Jeanne Moreau)
et Giovanni (Marcello Mastroianni). On suit 24 heures de la vie de ce
couple, et on les voit déambuler de coctails littéraires (Giovanni est
ecrivain) en soirée mondaine se terminant à l'aube, en passant par une
boîte de nuit. A l'aube, les deux amants se parlent enfin et Lidia avoue
à Giovanni qu'elle ne l'aime plus. Certains trouveront ce film interminablement
creux et long, mais j'ai aimé cette peinture très moderne d'un monde
vain où on ne communique plus. Un chef-d'oeuvre (5 Coeurs)
La nuit américaine de François Truffaut (France,
1973) : Ce long métrage est le classique du"film dans le film". Il raconte
tout ce qu'est le tournage d'un film, avec ses secrets de fabrication,
ses incidents cocasses, les caprices de stars,et la relation pas toujours
facile entre vie privée et vie d'acteur. François Truffaut joue lui-même
le rôle de Ferrand, le metteur en scène du film, Jacqueline Bisset interprète
le rôle d'une actrice depressive, Jean-Pierre Leaud lui joue le rôle
de l'acteur principal du film. A signaler parmi les multiples comédiens
de ce film choral, Nathalie Baye en assistante ou Bernard Menez en accessoiriste,
ou encore Jean-Pierre Aumont dans le rôle d'un des acteurs clés du film
mourant d'un accident de voiture avant la fin du tournage et mettant
toute l'équipe dans l'embarras, l'obligeant à simplifier l'intrigue.
C'est un des plus beaux films tournés sur le cinéma : encore une fois,
le film n'est pas centré sur le metteur en scène et les affres de la
création, mais présente plutôt un portrait de groupe. (4coeurs)
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O |
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Les oiseaux d'Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1962) : Ce film
est l'un de mes préférés d'Hitchcock, peut être mon préféré. Il anticipa
avec près de dix ans d'avance la vogue des films catastrophes, et avec
ce film, Hitchcock donna le rôle principal à une débutante, Tippi Hedren,
dont il voulut faire la nouvelle Grace Kelly. Melanie Daniels (Tippi
Hedren) fait la connaisance d'un beau jeune homme, Mitch Brenner, dans
un magasin d'oiseau à San Francisco. Elle décide de le suivre à Bodega
Bay, petite bourgade californienne où vit Mitch. Mais alors qu'elle
fait connaissance avec sa mère et sa jeune soeur, elle constate un comportement
inhabituel des oiseaux, qui se révèlent de plus en plus agressifs et
se livrent à des attaques concertés sur les humains. Ce film, dans ses
scènes où les oiseaux sont en furies, est très impressionnant. Un travail
minutieux a été fait sur les effets sonores dans ce film qui ne comporte
pas une note de musique. On est pas prêt d'oublier la scène où les oiseaux
attaquent des enfants à la sortie de leur école, ni celle où Mélanie
et Mitch sont enfermés et barricadés et subissent les assauts des volatiles.
Un pur chef-d'oeuvre.
Open hearts de Suzanne Bier '(Suède)
: Ce film a été réalisé selon les preceptes
du fameux "Dogme" édictés il y a quelques années
par un groupe de cinéaste regroupés autour de Lars Von
Trier. Les regles édictés étaient très jansénistes
: pas d'effet special ou de trucage, tournage en vidéo de préférence,
banissement de tout effet de mise en scène et recherche d'une
véracité maximale. Ce "Dogme" a très
vite été considéré comme une opération
publicitaire, son chef de file s'empressant d'en violer les commandements
( dans Dancer in the dark par exemple) : de manière générale,
je ne goûte guère les films de Lars Von Trier. Ce "Dogme"
a pourtant permis quelques oeuvres fortes et marquantes : ce fut le
cas de Festen de Thomas Vinterberg, c'est aussi le cas, à mon
avis de ce Open Hearts réalisé en Suède. Le film
raconte l'histoire de deux couples dont le destin va se rencontrer tragiquement.
D'une part, Joachim et Cecilia, jeune couple au porte du mariage. De
l'autre, Niels, chirugien, et sa femme Marie qui ont fondé une
famille et ont trois enfants. Marie renverse en voiture Joachim, le
rendant paraplègique à vie. Ce dernier, tout à
sa douleur, ne supporte plus les attention de sa compagne Cécilia.
Dès lors, cette dernière, en quête de consolation,
s'adresse à Niels, mari de la femme responsable de son malheur,
pour parler et trouver une consolation. Ces deux êtres vont bientôt
tomber amoureux l'un de l'autre. Ce film, d'une richesse psychologique
et d'une intensité impressionnantes, nous montre à la
fois le désarroi et le drame d'un paralysé à vie,
et l'amour paradoxal qui unit Cecilia et Niels : le film nous montre
très bien les conséquences sur la famille de Niels de
sa passion adultérine, qui menace de détruire son foyer,
ce qui nous vaut des scènes très fortes.(4 coeurs)
11'09'01' september 11 : Ce film part d'une idée formidable
: demander à onze cinéastes de pays différents
de faire un court-metrage évoquant les évenement tragique
du 11 septembre. La plus totale liberté d'expression et de création
a été laissée à ces réalisateurs,
dont la majorité viennent de pays non-occidentaux. Il s'agit
donc, pour la grande majorité des films, du regard de cinéaste
originaires de pays très divers sur une tragédie qui a
frappé la puissance leader du monde occidental. La simple liste
des réalisateurs partie prenante du projet et de leur nationalité
montre l'extrême diversité des regards portés sur
l'évenement : l'iranienne Samira Makhmalbaf, le français
Claude Lelouch, l'egyptien Youssef Chahine, le britannique Ken Loach,
le burkinabé Idrissa Ouedraogo, le Mexicain Alexandro Gonzalez
Inarritu, le bosniaque Danis Tanovic, l'Israëlien Amos Gïtai,
une cinéaste indienne, l'américain Sean Pean et enfin
le japonais Shohei Imamura. Deux constats d'évidence sur cette
liste : il n'y a qu'un américain, et trois occidentaux au total
(Outre Sean Pean, On a Claude Lelouch et Ken Loach). Deuxième
constat : dans cette liste, on trouve beaucoup de "pointures"
du cinéma mondial, que ce soit des cinéastes reconnus
et consacrés depuis longtemps ( c'est le cas de Ken Loach, de
Lelouch, de Chahine, d'Imamura), où qu'il s'agisse de cinéastes
qui ont émergé récemment et/ou qui se sont fait
remarquer ces dernières années par des oeuvres marquantes
(Amos Gitaï, auteur des trés remarqués Kadosch, Kippour
ou plus récemment Kedma, Danis Tanovic, réalisateur du
très remarquable No man's land).
Que dire de cette entreprise cinématographique remarquable ?
D'abord que c'est fabuleux de voir en une seule séance de cinéma
des court-metrage d'une telle diversité d'inspiration. Ensuite,
il est frappant de voir un bon nombre de ces cinéastes faire
le parrallèle entre la tragédie du 11 septembre 2001et
les tragédies qui frappent où ont frappé leur propre
pays : le bosniaque Danis Tanovic, par exemple, nous montre des femmes
qui ont l'habitude de manifester tous les 11 du mois en mémoire
des morts du génocide planifié de la ville de Srebrenica.
Apprenant la nouvelle des attentats sur le World Trade Center, le premier
reflexe de ces femmes est de ne pas manifester ce jour là, mais
l'une d'elle les convainc qu'il faut manifester plus que tout, pour
signifier la solidarité envers les victimes de la barbarie, d'où
quelle vienne et quel que soit le peuple frappé. Youssef Chahine,
quant à lui, dans un film très polémique, évoque
la brutalité des israëlien en Palestine et relativise la
tragédie du 11 septembre en rappellant le nombre de mort causés
par les américains depuis 1945. Je ne vais pas évoquer
tous les court metrage de ce film, mais j'aimerai pour finir m'arrêter
sur le film que j'ai préféré : celui de Ken Loach,
qui fait le parrallèle entre le 11 septembre 2001et un autre
"11 septembre", celui de 1973, date du coup d'Etat de Pinochet
au Chili. Le film de Ken Loach- cinéaste qui n'a jamais fait
mystère de ses opinions trotskystes- est un réquisitoire
implacable contre le Terrorisme d'Etat du gouvernement américain,
qui a sciemment saboté l'expérience Allende et soutenu
le coup d'Etat. Il est réjouissant, en ces temps où régne
le "politiquement correct" et un consensus social-démocrate
mollasson, de voir un réalisateur rester fidèles à
ses convictions de gauche.
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Pale Rider de et avec Clint Eastwood (USA, 1985) : Ce film fut
l'avant dernier western tourné par Clint Eastwood, le dernier en date
étant le formidable et crépusculaire Impitoyable, où l'acteur-rélisateur
s'ingéniait à détruire son image de justicier infaillible qu'il avait
battit de film en film. De ce point de vue, Pale Rider est beucoup plus
traditionnel, Clint Eastwood y reprenant son rôle éternel de justicier
solitaire, ici un étrange "precheur" qui vient en aide à une communauté
de chercheurs d'or harcelés par un magnat qui cherche à leur prendre
leur terre. Plus que de justicier solitaire, il faudrait parler d'ange
exterminateur, le personnage D'Eastwood apparaissant comme un personnage
biblique et un homme revenu d'entre les morts : le film a l'habileté
de flirter avec le fantastique sans y tomber. il faut mettre au crédit
du film la qualité de sa photographie, certaines scènes se passant dans
une pénombre quasi-totale. En tout cas, ce western, même s'il ne révolutionne
pas le genre, est quand même un superbe spectacle, avec tout ce qu'on
peut attendre d'un film de ce genre : bagarres, longs gunfights à la
fin du film. En fait le film est un étrange mélange d'éléments stéréotypés
et de touche personnelle (cf ce que j'ai dit plus haut de la thématique
du vengeur biblique revenu d'entre les morts).( 3 coeurs)
La Passion du Christ de Mel Gibson
:ce film est ignoble d'intégrisme, d'antisémitisme, de violence. Il
véhicule bel et bien un message antisémite. Dans le processus de l'arrestation
de Jésus et de sa condamnation à mort, les dignitaires religieux juifs
sont présentés comme les seuls coupables, tandis que Ponce Pilate, le
préfet romain de Judée, est vu comme un brave type qui, à plusieurs
reprises, refuse de condamner Jésus car il ne voit aucun motif valable
d'inculpation, avant de se ranger à la pression de la foule et des dignitaires
Juifs. Bref, est réaffirmé avec force la thèse du peuple juif comme
"peuple déïcide". Je sais bien que tout ça est dans la Bible, mais depuis
quand doit-on considérer les Evangiles comme un document historique
? En réalité, comme je l'ai écris dans ma citation de la semaine dernière,
les Evangiles eux-mêmes délivrent un tel message : ce n'était pas la
peine de resservir le couvert, alors qu'il y a plus de 40 ans l'Eglise
catholique, avec à sa tête le regretté Jean XXIII, rejettait enfin l'accusation
bimillénaire adressée aux Juifs d'avoir tué Jésus. De plus, Mel Gibson
en rajoute vraiment de façon très voyante : cf le ralenti sur la bourse
pleine des 30 deniers qui volent en l'air alors que le grand prêtre
juifs les lance à Judas pour prix de sa trahison, la scène de la comparution
de Jésus devant le tribunal suprême juif, le Sanhédrin (plans sur la
foule juive haineuse, sur le grand prêtre crachant au visage de Jésus)...etc,
etc. Bon je m'arrête là sur le sujet, il ya vraiment beaucoup à dire
à la charge du film de Gibson. Rajoutons que sur le plan purement cinématographique,
c'est du tape-à-l'oeil hollywoodien d'une laideur absolue, et que la
violence du film fait vomir. J'aime bien la violence au cinéma, quand
elle est purement ludique ou quand elle est transcendée par un grand
metteur en scène. Mais Gibson n'est ni Sam Peckinpah ni Martin Scorsese,
la longue scène de la flagellation de Jésus est tout simplement vomitive,
par sa laideur et par le message ignoble qu'elle délivre : Jesus souffrant
pour le rachat de tous les hommes, et par la faute des Juifs. Bref,
à une époque secoué par les communautarisme religieux, avoir fait un
tel film relève de l'irresponsabilité absolue. Comme l'a dit justement
Fréderic Bonnot, tous les intégrismes se ressemblent, ils visent à terroriser
: les uns font sauter des tours, les autres terrorisent le spectateur
à la vision des souffrances du Redempteur..... note : (0 coeurs)
Le Pianiste (Roman Polansky, 2002, Palme d'Or au Festival de
Cannes 2002) : Je dois vous dire d'emblée ma franche deception
devant ce film, qui est entaché des deux défauts que je
trouve les plus rédhibitoires pour une oeuvre cinématographique
: l'académisme et l'impersonnalité. Dans cette histoire
vraie d'un pianiste juif polonais qui voit toute sa famille se faire
déporter et qui échappe lui-même par miracle à
la déportation et se cache ensuite de l'autre côté
du ghetto jusqu'à la fin de la guerre et l'arrivée des
troupes soviétiques, on ne retrouve pas du tout la personnalité
de metteur en scène de Polansky, sa touche personnelle, "l'inquiétante
étrangeté" qui faisait de Rosemary's baby, de Chinatown
et de Le Locataire des chef-d'oeuvres. La première partie du
film est certes relativement intéressante, car elle montre le
"crescendo" des mesures anti-juives prises par les autorités
nazies (port de l'étoile jaune, interdiction d'aller dans des
lieux publics, "installation" des juifs dans le ghetto de
Varsovie puis édification du mur séparant le dit ghetto
du reste de la ville) : cependant, tout ça est filmé fort
platement. Quant à la deuxième partie (celle où
le pianiste se cache dans des appartements hors du ghetto), elle n'a
vraiment aucun intérêt : des événements aussi
importants que l'insurrection du ghetto de Varsovie ou celle, en 1944,
de la resistance polonaise de l'intérieur, sont traités
en à peine quelques minutes; certes ces événements
sont "vus" et filmé du point de vue de quelqu'un qui
est reclus dans un appartement à l'extérieur du ghetto
et assiste aux événements de loin, en témoin "extérieur",
mais c'est malgré tout un peu court, Monsieur Polansky......Donc,
outre l'intérêt historique de la première partie
et quelques fulgurances de beauté à la fin( magnifique
plan de Varsovie complétement dévastée), il n'y
a pas grand chose à sauver de ce film. (1 coeur)
Picpocket de Robert Bresson (1959) : Autant je trouvais Le journal
d'un curé de campagne un peu veilli et ennuyeux, autant je trouve ce
film-ci toujours aussi passionnant et prenant plus de 40 ans après sa
réalisation. Michel, jeune homme désoeuvré, commence à se livrer au
vol, puis rencontre un picpocket aguerri qui lui apprend tous ses trucs.
Dès lors il va vivre de son "art" pendant plusieurs années, aveugle
devant l'agonie de sa mère et l'amour que lui porte Jeanne, une jeune
femme voisine de celle-ci. Il finira par se faire prendre, et la dernière
scène est une scène d'embrassade a travers les barreaux de sa cellule,
où Michel se rend compte du détours qu'il lui a fallu emprunter pour
venir jusqu'à Jeanne. Voila pour le synopsis. Un des intérêt du film
est de nous montrer les techniques des voleurs pour s'emparer d'un sac
à main, d'une montre ou d'un portefeuille, ce qui nous vaut quelques
scènes virtuoses et purement visuelles. Ce qui m'a frappé dans le film
aussi, c'est sa thématique dostoïevskienne, proche de Crime et châtiment.
Comme dans le roman de Dostoïevsky, le héros de Bresson développe des
théories sur le droit pour des "surhommes" à faire ce qu'il est interdit
au commun des mortels. La relation entre Michel et le commissaire qui
le soupçonne rappelle les face-à-face entre Porphyre, le policier, et
Rashkolnikov, le jeune assassin, dans Crime et châtiment. Enfin les
deux heros trouvent leur rédemption dans l'amour et le repentir. Bref,
si l'histoire du roman de l'ecrivain russe (un double meurtre) est assez
différente de celle du film de Bresson, les analogies thématiques et
formelles sont frappantes. (5 coeurs)
Playtime (film de Jacques Tati, 1967) : Ce chef-d'oeuvre du
cinéma français est ressorti en salle dans une version entièrement restaurée.
On y retrouve le personnage de M.Hulot, avec sa pipe, son chapeau, son
impermeable et son parapluie. La première partie du film nous montre
d'abord l'arrivée de touristes étrangers à l'aéroport d'Orly, puis M.
Hulot rentrer dans le siège d'une grande société puis visitant une exposition
d'objet high-tech. La seconde partie du film se déroule dans un hôtel
restaurant où a lieu une grande fête : M.Hulot, y entrant par hasard,
y provoque catastrophe sur catastrophe, et les gags s'enchaînent en
cascade dans cette longue séquence (qui n'est pas sans rappeler un film
qui avait aussi pour sujet une fête dont la mécanique bien huilée se
déréglait totalement, je veux parler de La Party de Blake Edwards).
Cette séquence au restaurant est celle que préfère les membres de mon
entourage qui ont vu le film, trouvant par ailleurs la première partie
un peu longuette. Je suis pour ma part d'un avis totalement différent
: les gags de la seconde partie partie m'ont paru convenus et un peu
lourd, tandis que je considère la première partie de ce long-metrage
de Tati comme un des sommets de l'histoire du cinéma mondial. Plus précisement,
il s'agit de la satire burlesque la plus extraordinaire que j'ai vu
sur la modernité urbaine, technologique et capitaliste des "Trentes
Glorieuses". Je m'explique : Tati y filme des espaces aseptisés (hall
d'ascenseur, immeuble d'une grande société aux grandes baies vitrés),
et enchaîne les détails les plus incongrus et des gags qui manifestent
un sens de l'absurde que je n'ai jamais vu au cinéma. Clou du film:
l'exposition, où sont présentés des objets aussi incongrus qu'une porte
qui claque sans faire de bruit, un balais équipé de phares ou encore
une poubelle en forme de colonne antique. A côté de ces gags tellement
forts et subtils et de cette satire poëtique de notre monde moderne
standardisé et envahis par la technologie, la séquence du restaurant
m'a paru beaucoup plus faible et convenue.
Polissons et galipettes : Ce film est à l'antipode de Etre et
avoir. Il faut préciser que j'ai vu les deux films d'affilée, dans la
même soirée, passant brutalement, en quelque sorte, de l'innocence de
l'enfance à la débauche la plus effrénée. Ce film est une anthologie
de films pornographiques tournés entre les années 1900 et 1920, et que
l'on projettait dans les bordels pour faire patienter les "Messieurs".
Je puis vous assurez que, bien que ces films soient en noir et blanc
et muet, ils n'ont absolument rien à envier aux films pornographiques
actuels....On y retrouve cependant un humour trés "Belle Epoque", avec
des intertitres humoristiques, où la fréquence des sketsches mettant
en scène des curès où des nonnes. Clou du film : un sketsche où un chien
fait une petite gâterie à une nonne allongée....Ceci dit, ce film, pourtant
très court (1h10) finit par lasser: il n'y a rien de plus lassant que
la pornographie.....Une curiosité (2 coeurs)
Punch-Drunk love de Paul-Thomas Anderson
( USA) : Il y a trois ans, la projection de Magnolia avait été
un véritable choc, j'en étais d'autant plus impatient
de voir le film suivant de ce jeune cinéaste américain
surdoué. Le résultat est un film imparfait, inabouti,
mais contenant de vraies perles. P-T Anderson nous offre là un
film complétement décalé, à l'humour absurde
et incongru qui fait penser à l'une des références
avouée du cinéaste, à savoir Jacques Tati. Le film
nous conte les aventures de Barry Egan (interprété par
un comique trés connu aux Etats-Unis, Sam Sandler), jeune homme
solitaire, bizarre et lunaire qui, après une conversation avec
une hôtesse porno, se retrouve dans un sac de noeud inextricable,
et qui par ailleurs rencontre enfin la femme de sa vie. La première
demi-heure du film est formidable (je pense aux 5 premières minutes,
succession d'événements totalements incongrus, ainsi qu'à
la scène complétement surréaliste de la conversation
avec l'hôtesse téléphonique). Par la suite, le film
ne tient pas complétement ses promesses, et contient de nombreux
temps morts. Mais tel quel, avec toutes ses imperfections, le film confirme
que P-T Anderson est un cinéaste à suivre. ( 2 coeurs).
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Q |
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Qui a tué Bambi
? de Gilles Marchand (France) : Ce thriller hospitalier à l'atmosphère
angoissante et subtilement fantastique est assurément l'un des meilleurs
films à aller voir en ce début d'année, je vous recommande d'y aller dare-dare
toute affaire cessante. Ce long-metrage est du au scénariste de l'excellent
Harry, un ami qui vous veut du bien, film qui avait à son époque rencontré
un succès mérité. L'argument est le suivant : Isabelle (Sophie Quinton),
jeune aspirante infirmière, fait son stage dans un hopital dont l'un des
médecins, le docteur Philip (Laurent Lucas), l'intrigue. Bientôt d'étranges
incidents se déroulent pendant les opérations chirurgicales : des patients
se réveillent en pleine opération ! Par ailleurs, le docteur Philip se
promène la nuit dans les couloirs de l'hopital avec un flacon d'anesthésiant
et endort certaines jolies patientes et se livre à des attouchements que
le spectateur devine être sexuels. Ces patientes disparaissent ensuite
mystérieusement. Voilà pour la trame policière : pendant la première partie
du film, Gilles Marchand a l'habileté de ne pas tout montrer et de suggérer
les choses, si bien que le spectateur se demande si les actes énigmatiques
du docteur Philip ne sont pas une invention mentale d'Isabelle. Tout passe
par la fascination et l'inquiètude qu'exerce le docteur Philip sur la
jeune infirmière, et par le climat d'inquiétude suggéré par les décors
de l'hopital. Dans la dernière partie, le thriller devient beaucoup plus
explicite et le film moins original bien que tout aussi prenant. Il faut
saluer en tout cas la performance de Laurent Lucas (assurément l'un des
meilleurs acteurs de sa génération) dans son rôle de médecin inquiétant.
(4 coeurs). |
R |
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La règle du jeu (Jean Renoir, 1939) : Depuis la déception de
Gosford Park de Robert Altman, je pensais que tout film traitant des
moeurs aristocratiques et des rapports de classe entre maître et valet
m'ennuyerait automatiquement à mourir. C'est donc avec une certaine
appréhension que je m'apprêtais à regarder ce film qui traite globalement
le même thème, et que les historiens du cinéma considèrent comme étant
le chef-d'oeuvre de Jean Renoir. Miracle ! Le film est plein d'allan
et de grâce, et nous entraîne dans des marivaudage amoureux dans le
monde de l'aristocratie et celui, parralèle, des valets, sans que jamais
nous ne perdions le fil et cessions d'identifier les personnages principaux.
La mise en scène de Jean Renoir est discrète, mais fluide et élégante,
et l'on peut considérer le film comme une étude de moeurs des classes
dirigeantes française à la veille de la guerre de 39. Renoir, en un
sens, à travers ces intrigues amoureuses, décortique "la règle du jeu"
sociale. Bref, un classique que je vais garder dans ma vidéothèque et
que j'apprécierais davantage à chaque vision. ( 4 coeurs).
Requiem for a dream (Darren Aronofsky, USA, 2001) : cette critique
constitue d'abord un remerciement à Sylvain, Céline, Jean-Benoît
et peut-être quelques autres, qui ont eue l'idée de m'offrir
ce film pour mon anniversaire en espérant que je partagerai leur
enthousiasme pour ce long-metrage : oui, ce film, descente hallucinante
dans l'enfer de la drogue, de la dépendance, de la folie et de
l'autodestruction est un pur chef-d'oeuvre. Rappellons en quelques mots
l'argument : Sarah (extraordinaire Ellen Burstin), veuve solitaire,
veut absolument passer dans son show télévisé préférée,
et, en conséquence de cela est obsédé par l'idée
de maigrir. Son fils Harry et un ses amis noir sombrent dans l'enfer
de la drogue, tandis que Harry et sa copine Marion rêvent d'un
jour meilleur. Tous ces personnages signeront un aller direct vers l'enfer.
Toue la deuxième partie du film est extraordinaire : nous assistons
aux délires hallucinatoires de Sarah, son internement dans un
hopital psychiatrique et son traitement aux électrochoc, tandis
que son fils a le bras complétement "explosé"
à force de s'être piqué, alors que Marion est obligé
de participer à une fête partouzarde. Un pur chef-d'oeuvre.
(5 coeurs).
Respiro de Emanuele Crialese (Italie):
J'avoue, en repensant à ce film, ne pas comprendre comment ce
film trés médiocre a pu obtenir le prix du Public et le
Prix de la semaine internationale de la critique au dernier festival
de Cannes. L'action se situe dans une île au sud de la Sicile,
et relève à la fois de la chronique sociale et du récit
du mal de vivre d'une jeune mère de famille, Grazia, qui étouffe
dans les conventions villageoises. Grazia (la trés belle Valeria
Golino, qui, pour mémoire, avait jouée dans le super nanar
de John Carpenter, Los Angeles 2013) est une femme éprise de
liberté dans une société machiste et ou les cancans
et les ragots des mégères de villages et des compagnes
de travail forment un contrôle social trés efficace contre
toute tentative de comportement déviant. Sans doute à
cause de cet environnement social oppressif, le personnage de Valeria
Golino a des troubles du comportement et des crises d'hystéries,
et son entourage parle de l'envoyer à Milan se faire soigner
: par certains aspect, Grazia m'a lointainement rappellé le personnage
interprété par Gena Rowlands dans 'Une femme sous influence
de John Cassavetes, mais j'arrête là la comparaison car
elle est trés cruelle pour le film de Crialese : son film aurait
du traiter son sujet jusqu'au bout et ne pas s'embarasser de scènes
inutiles montrant la vie des enfants dans l'île. Surtout, il aurait
pu éviter de tomber dans le mélo et le symbolisme à
30 centimes d'euros dans sa dernière partie : Grazia s'enfuit,
et le village la croyant noyée, la considère comme une
sainte( une scène nous montre le mari de Grazia enfouir sous
les eaux une statue de la Sainte Vierge). La fin est carrément
grotesque. Enfin, formellement parlant, la mise en scène de ce
long-métrage est celui d'un mauvais télefilm. Esthétiquement,
il n'y a à sauver que quelques paysages. Bref, encore une fois,
les raisons de l'indulgence dont ce film bénéficie m'echappent....(1
coeur).
Les rois du désert de David.O.Russel (USA, 1999): Quand
ce film est sorti aux Etats-Unis, il a été ressenti comme
un réquisitoire contre la politique de Georges Bush Senior en
Irak. Pour être précis, la critique porte sur le fait que
Bush a appellé le peuple irakien à la révolte contre
son dictateur une fois la guerre du Golfe finie, mais a laissé
Saddam Hussein ecraser les soulèvements sans lever le petit doigt.
Voilà en tout cas la réalité que découvre
quatre soldats américains ( joués, entre autre, par Georges
Clooney, Mark Walbherg et Ice Cube) qui, une fois la guerre finie, décident
d'aller s'emparer de l'or koweitien volé par l'Irak. Nos aventuriers
tombent sur des populations victimes de l'armée du régime
irakien et que l'Amérique a laissé tomber. Ceci dit, il
ne faut pas exagerer la portée subversive et critique du film
: elle ne porte que sur un des aspects de la politique américaine,
et dans ce long-métrage, l'action reprends vite le dessus. (3
curs
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S |
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Le salon de musique de Satyajit Ray (Inde, années
1950) : ce film est l'histoire d'une décadence et d'une ascension,
décadence et ascension de deux individus et à travers
eux de deux classes. L'histoire est celle du passage de relais entre
l'aristocratie indienne traditionnelle et une bourgeoisie de riches
parvenus. Le personnage principal est un aristocrate désargenté
et couvert de dettes que vient régulièrement narguer son
voisin, riche riche bourgeois parvenu. L'aristocrate est obligé
de vendre peu à peu ses biens, mais dans la dernière partie
du film, il décide de brûler ses économies pour
donner une dernière fois dans son salon un de ces concerts de
musique indienne qu'il organisait au temps révolu de sa splendeur.
L'homme finira par mourir d'une chute de cheval. Ce film vaut surtout
par ces qualités esthétiques et son raffinement pictural,
qualités auxquelles le cinéma de Satyajit Ray nous a habitué
: les scènes de concert dans le "salon de musique"
du titre sont le clou du film. Un chef d'oeuvre. ( 4 coeurs)
Le samouraï de Jean-Pierre Melville (années 1960)
: Au générique de début, une citation sur la solitude du samouraï annonce
ce qui sera le thème du film. Ce long metrage raconte l'histoire de
Jeff Costello (Alain Delon), tueur à gage, qui assassine au début du
film un tenancier de boîte de nuit tout en se forgeant un alibi en béton.
Le commissaire de police chargé de l'enquête (François Perrier) est
bien obligé de relacher Costello, mais, convaincu de sa culpabilité,
le fait suivre et organise une traque minutieuse ( voir notamment une
passionnante séquence de filature dans le métro). Par ailleurs, les
maffieux qui avaient "commandité" le contrat tentent de tuer Costello.
Ce dernier n'est plus qu'un loup traqué, blessé, solitaire : il va chercher
du reconfort auprès de la pianiste noire de la boîte de nuit dont il
a tué le tenancier et qui a menti lors de l'enquête pour protéger Costello
(elle l'avait vu sortir du bureau du tenancier juste après le meurtre).
Pour mettre fin à la traque qu'on organise autour de lui, et sans doute,
pour en finir avec une solitude irrémédiable, le personnage joué par
Alain Delon commet un acte suicidaire qui entraîne sa mort. L'un des
meilleurs films d'Alain Delon et de Jean-Pierre Melville, dont la mise
en scène sobre et seche sert parfaitement son sujet.( 4 coeurs)
Le Seigneur des anneaux ( épisode 1 :
La communauté de l'anneau (1coeur) et épisode 2 : Les
deux tours (0 coeurs)), de Peter Jackson : L'an dernier j'avais boudé
ostensiblement le premier opus de cette saga cinématographique
inspiré du roman fleuve de Tolkien. Cette année, une vague
curiosité me titillait, et j'eus le projet de rattrapper mon
retard, en visionnant d'abord le premier épisode (j'ai acheté
en VHS la version longue de 3h20)en vidéo, puis en allant voir
Les deux tours dans un multiplexe grenoblois récemment construit.
Je parlerais donc des deux fillms à la fois.
Bon, je ne vais pas vous faire le coup du "plus mauvais film de
l'histoire du cinéma mondial" chaque fois que je vois un
navet caractérisé, mais après la vision des deux
films de' Peter Jackson, ce n'est pas l'envie qui m'en manque. La magie
et la féerie que pouvait dégager la lecture de la saga
de Tolkien (et encore ne nous emballons pas, j'ai lu ça à
13 ans, il n'est pas sûr du tout que ça tienne le coup
d'une relecture) disparaît ici totalement devant la laideur des
decors et des maquillages et l'outrance des effets speciaux. J'ai souvent
trouvé ces deux films trés longs, lents et bavards : je
pense notamment à l'interminable mise en place de l'intrigue
dans le premier épisode(cette présentation du monde idyllique
des hobbits est vraiment d'une niaiserie consternante). Dans le premier
épisode, je me suis ensuite un peu reveillé grâce
à quelques scènes de batailles plûtôt bien
menées, mais la longue bataille finale du deuxième film
m'a paru interminable et relever du jeu vidéo. Bref, soit on
s'emmerde, soit on a l'impression de se retrouver devant une play-station.
Bon soyons bon prince, reconnaissons quelques qualités aux deux
films de Peter Jackson : de superbes paysages, et la belle gueule de
Vigo Morgenstern (l'interprète du personnage d'Aragorn). Mais,
à part ça, il n'y a pas grand chose à sauver de
ce qu'il faut bien appeler une production bêtifiante pour adolescents
analphabètes. Franchement, tous ces zelateurs de ce qu'il faut
bien appeler une secte ( les fans inconditionnels de l'univers de Tolkien)
me rappellent l'Eglise de Scientologie.
Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick
(1957, USA): Avec L'ultime Razzia, cette oeuvre est l'un des premiers
trés grands films de Kubrick. Le génial cinéaste
américain s'attaque au thème polémique des executions
pour l'exemple dans l'armée française pendant la Grande
Guerre : le film raconte comment un général français
ordonne à ses troupes l'attaque d'une position allemande imprenable.
Après l'echec sanglant et prévisible de cette offensive,
le haut commandement militaire décide un procès de trois
soldats tirés au sort, soldats accusés de "lacheté
devant l'ennemi". Kirk Douglas joue le rôle d'un colonel
qui prend la défense des trois malheureux accusés. Il
n'en seront pas moins condamnés à mort et executés.
Le film de Kubrick est porté par une caméra virtuose :
on n'oublie pas de sitôt les longs travellings dans les tranchées,
l'offensive imbécile et sanglante voulue par les généraux,
les cadrages coupés au cordeaux et la multiplication des prises
de vues pendant les scènes au Conseil de Guerre et lors de l'execution
finale (autant de procédés stylistiques visant à
dénoncer la mécanique absurde de ces rituels). Dernière
précision : ce film n'a pu être vu par le public français
que presque 20 ans après sa sortie américaine, mais contrairement
à ce que l'on entend fréquement, ce ne fut pas le fruit
d'une censure d'Etat, mais d'une autocensure (la sortie du film en Belgique
avait donné lieu à de graves incidents, et les distributeurs
craignaient qu'il en fut de même en France). (4 coeurs)
Les sentiments de Noémie
Lvovski (France) : ....Ou comment celle qui fut l'un des talents les
plus prometteurs du jeune cinéma d'auteur français perd son âme dans
le cinéma commercial. Je m'explique : Noémie Lvovski avait, avant ce
film ci, réalisé deux long-metrages que je juge être parmi les meilleurs
de ceux que nous a donné le cinéma français dans les années 1990. Oublie
moi, en 1994, qui consacra Valeria Bruni-Tedeschi, et La vie ne me fait
pas peur, en 1999, étaient deux films formidables, d'une énergie et
d'une vitalité sidérante. Avec Les sentiments, la cinéaste a manifestement
voulu faire un film de plus grande audience, engageant pour cela des
stars du cinéma français comme Jean-Pierre Bacri et Nathalie Baye (Melvil
Poupaud et Isabelle Carré venant completer la distribution) : chemin
faisant, et esperons-le l'espace d'un film, Noémie Lvovski a perdu tout
son talent. Dans cet adultère entre Jacques(Jean-Pierre Bacri), médecin
de campagne retiré, marié à Carole (Nathalie Baye), et Edith (Isabelle
Carré), jeune femme et épouse du remplacant de Jacques, François (Melvil
Poupaud), je n'ai vu qu'un film convenu, formaté, grotesque, au total
une oeuvre cinématographique totalement affligeante et d'une nullité
abyssale. C'est Serge Kaganski du "Masque et la plume" qui a le mieux
exprimé ce que je pense, en parlant d'un adultère "bourgeois" et d'un
film commercial sans aucun intérêt. (0 coeurs)
Les Sept Samouraïs (Japon, 1954, Akira Kurosawa)
: ce film est l'un des grands classiques du cinéma japonais et mondial
et contribua à rendre son auteur mondialement célèbre. L'intrigue de
base est simple : nous sommes au Japon au XVIe siècle, époque de guerres
civiles ; un village, sans cesse rançonné par des bandits, décide, sur
avis de l"ancien" de la communauté, d' engager des samouraïs. L'entreprise
est une gageure, car il s'agit de trouver des samouraï qui acceptent
de se battre sans récompense ni solde en contrepartie, tout juste l'assurance
de trois bol de riz par jour. La première partie du film nous montre
la quête de ces samouraï par quelques paysans du village, puis, une
fois l'équipe engagée, on voit comment les septs samouraïs préparent
la défense du village et entraînent les villageois à la guerre. Dans
sa seconde partie, le film voit se succéder les assauts des bandits,
et Kurosawa nous montre une magnifique bataille finale, sous la pluie
et dans la boue. Le film est assez pessimiste : seul trois des sept
samouraïs initiaux ressortent vivant de l'aventure. Ce long-metrage
contient aussi d'intéressante notation sur le choc culturel entre les
samouraïs et les paysans (au milieu du film, ceux-ci, effrayés à l'idée
que leur filles ou femmes soient séduites, les cachent ou leur cooupent
leur cheveux), paysans, qui, il faut le répéter, sont les gagnants de
l'histoire, tandis que les samouraïs survivants ne sont que les témoins
d'un code d'honneur et d'un monde révolu.
Sex is comedy (Catherine Breillat, France) :
Ce film est un "film dans le film", c'est à dire qu'il nous narre le
tournage d'un long-metrage à forte connotation érotique. Anne Parrillaud
(en qui il ne faut pas être grand clerc pour voir une projection de
Catherine Breillat elle-même )joue la réalisatrice du film tandis que
Grégoire Colin interprète l'acteur principal. Le film traite des rapports
difficiles entre acteurs et réalisateur, mais le problème c'est qu'il
le fait principalement par la voie du dialogue, ce qui rend le long-métrage
de Catherine Breillat trés bavard et très ennuyeux pendant les deux
tiers du film. Heureusement, mon intérêt s'est reveillé au dernier tiers,
qui nous montre la longue mise en place et le tournage d'une scène érotique
: là, le film redevient intéressant, en ce qu'il nous montre les coulisses
d'un tournage, les états d'âmes des acteurs devant la scène délicate
qu'ils doivent tourner, et Catherine Breillat filme là sans doute des
situations qu'elle a elle-même vécues en tant que réalisatrice de film
érotique. Bref, un film sauvé de la médiocrité absolue par sa fin. (
2 coeurs)
Shock corridor de
Samuel Fuller (Etats-Unis, 1963) : Samuel Fuller est l'auteur de nombreux
films d'action et de polars dans les années 50 et 60 dont l'originalité
et la force devaient être redécouvertes sur le tard par
une poignée de réalisateurs cinéphiles comme Godard,
et, comme toujours, Bertrand Tavernier et Martin Scorsese (qui dit avoir
été très marqué et influencé par
le cinéma de Fuller). Samuel Fuller traitait souvent des sujets
" à poigne", hors des sentiers battus. Shock corridor
est sans doute l'un des sujets les plus puissants et originaux qu'il
ait traité : un journaliste veut absolument obtenir le prix Pulitzer
et se mêt en tête de se faire passer pour fou afin de mener
une enquête sur un meurtre dans un hopital psychiatrique. Au fur
et à mesure de son enquête, son équilibre mental
se met à basculer et le héros, à la fin du film,
sombre à son tour dans la folie, et les terribles images de la
fin du film nous le montre prisonnier à jamais de l'asile. Il
faut prendre ce film hallucinant comme une métaphore de L'Amérique
. Samuel Fuller se livre à une satire au vitriol de son pays
à travers certains des "patients" rencontrés
par son héros. La scène la plus forte nous montre un noir
devenu fou enfiler une tenue du Klu-Klux-Klan et tenir une diatribe
raciste enfievrée sur "l'Amérique Blanche" et
le péril "négre". Une des oeuvres les plus fortes
du cinéma américain toute époque confondue ( 4
coeurs).
Snake eyes de Abel Ferrara (Etats-Unis, 1993)
: Ce film ne doit pas être confondu avec le long-métrage homonyme de
Brian de Palma. Après Bad lieutenant, récit d'une descente aux enfers
et d'une impossible rédemption, Abel Ferrara reprend sa thématique dans
ce film, en donnant une fois de plus le rôle principal à Harvey Keitel.
Le génial acteur incarne ici Eddie Israel, metteur en scène qui tourne
un film narrant la crise d'un couple. Le film d'Israel montre ce couple
plongé dans les affres de la drogue, de l'alcool et du sexe et à la
recherche d'une rédemption. Ce que vivent les acteurs et le réalisateur
se rapprochent beaucoup du film en cours de tournage : Frank, l'acteur
principal, ressemble beaucoup au rôle qu'il incarne; Eddie Israel multiplie
les liaisons avec les actrices à l'insu de sa femme. A signaler l'excellente
performance de Madonna dans le rôle de Shara, l'actrice du film de Eddie.
Un film-choc qui ne renonce pas à quelques scènes ouvertement provocatrice
(ainsi la scène où Frank, tournant une scène où il est censé sodomiser
Shara, sodomise sa partenaire sans faire semblant....). (4 coeurs).
Solaris de Andreï Tarkovsky (URSS, 1972) : Tarkovsky
est un cinéaste qui traîne derrière lui l'image d'un metteur en scène
hermétique et incompréhensible. Il est vrai que ses films sont à l'antipode
du cinéma hollywoodien et qu'ils exigent beaucoup du spectateur. Mais
si on fait l'effort de se déprendre de nos reflexes habituels de spectateur,
si on abandonne tout cartésianisme et toute volonté de compréhension
rationnelle, si, enfin, on ne fait pas attention à la durée de ses films
et qu'on se laisse emporter par leur rythme contemplatif, alors le ravissement
est au rendez-vous : les films de ce cinéaste contiennent des images
d'une beauté visuelle inouïe. C'est le cas de ce Solaris, film de science-fiction
aux antipodes de la SF hollywoodienne : des astronautes sont en orbite
autour de la planète Solaris, immense océan qui est en même temps une
"planète cerveau". Les astronautes ont des hallucinations et voient
des "visiteurs" issus tout droit de leurs fantasmes ou souvenir : C'est
ainsi que Kevline, psychologue envoyé par la station pour élucider les
étranges phénomènes qui se passent dans la station, voit "apparaître"
sa femme morte depuis dix ans. Un cherf -d'oeuvre de la science fiction,
que Tarkovsky dit avoir tourné contre le matérialisme de 2001, l'Odyssée
de l'espace.(4 coeurs)
Son frère de Patrice Chéreau
(France) : Ce film manifeste la propension de Chéreau pour un cinéma
d'écorché vif, physique, corporel, extrême. Dans son précédent film,
le magnifique L'Intimité, Chéreau avait montré les corps s'étreindre,
se heurter, s'enlacer. Ici, il nous montre Bruno Todeschini jouant un
trentenaire atteint d'une maladie grave : l'acteur français s'est totalement
investi dans ce rôle, allant jusqu'à maigrir pour incarner le personnage,
et se faire raser entierement le torse lors d'une séquence-choc où l'on
prépare le malade pour le bloc opératoire. Mais le film n'est pas seulement
une observation clinique des affres de la maladie, il est aussi et d'abord
une chronique de la relation entre deux frères, entre le personnage
de Bruno Todeschini et celui d'Eric Caravaca. Les deux frères, qui s'étaient
perdu de vue, vont réapprendre à s'aimer et se comprendre. Chéreau a
l'habilité de conclure son film sur un point d'interrogation sur le
sort du malade. Un bon Chereau au total, mais qui n'atteint pas l'intensité
et la maitrise d'Intimité. ( 3 coeurs)
Spider de David Cronenberg (Grande-Bretagne)
: ce film sur la folie et l'univers mental d'un schyzoprène a
déjoué tous les pronostics. Là où les fans
de Cronenberg attendait un film déjanté, ce long-metrage
surprend par son absence d'effets et sa sobriété quasi
bressonienne. Ralph Fiennes (l'inoubliable nazi dans La liste de Schindler)
est extraordinaire dans son rôle de schyzoprène obsédé
par son passé ( le meurtre de sa mère par son père
et le remplacement de la dite -mère par une prostituée
poufiasse, du moins le croit-t-il....). L'enfermement mental du personnage
de Fiennes, adulte et enfant, est symbolisé par les toiles d'araignées
factices qu'il façonne avec une corde et installe en hauteur.
Ceci dit, si je reconnais toutes ses qualités au film, j'avoue
que la fin m'a laissé un peu perplexe et je pense que le parti-pris
de sobriété du film, trop systématique, finit par
nuire au film. Cronenberg aurait pu mieux nous faire ressentir la maladie
mentale du personnage. ( 2 coeurs)
Stalker d'Andreï Tarkovski (URSS, 1977) : Voilà
la seconde incursion dans la science-fiction de Tarkovski. Plus encore
que dans Solaris, le cinéaste russe tourne radicalement le dos
aux lois du genre. L'argument est le suivant : un météorite
s'est ecrasée, occassionant des phénomènes étranges,
et délimitant une "Zone" dans laquelle nul n'a le droit
de rentrer. Mais des passeurs, les "Stalker", font rentrer
des dissidents dans la zone pour leur faire accéder à
la "chambre des désirs" où tous les voeux seront
exaucés. J'avoue avoir moins aimé ce film-ci que Solaris,
le trouvant parfois un peu long : il s'agit quand même d'une expérience
cinématographique unique, avec des moments de splendeur visuelle
inouïe. Il faut notamment signaler la "signature" de
Tarkovski, à savoir l'élément liquide, très
présent dans le film (travelling sur une chute d'eau et sur une
mare où est affalé un des personnages, couloir ruissellant
d'eau). Tout le prologue, qui se passe dans une ville industrielle trés
glauque et filmée en noir et blanc, est aussi splendide.(3 coeurs).
The Station agent de John McCarthy (Etats-Unis)
: Ce qu'il est convenu d'appeler le "cinéma indépendant américain" nous
livre de temps à autre de vraies perles bien éloignées des grosses machines
commerciales US dont tous les effets sont calculés pour attirer un maximum
de spectateur. Bref, loin de ce cinéma hollywoodien destiné à un public
qui ne réflechit pas ( et dont se gâve notre rédacteur en chef bien
aimé...), il y a une autre cinématographie américaine, plus adulte,
qui a ses lieux de rencontre et ses festivals (pensons au plus connu
d'entre eux, le Festival de Sundance, parainné par Robert Redford).
The Station agent s'inscrit dans ce filon, et ce film tout en finesse
et en subtilité est l'un des plus enthousiasmant que j'ai vu depuis
longtemps. Par son sujet - l'histoire d'un nain (joué par un acteur
souffrant réellement de ce handicap) qui, par le biais d'un héritage,
s'installe dans une gare desafectée du New Jersey, et se lie peu à peu
d'amitié avec Joe, un latino vendeur de hot dog et Olivia, une femme
peintre et depressive- par son sujet donc, ce film aurait pu être un
"film sur", un docu-drama mielleux et dégoulinant de bons sentiments
sur la condition des nains et la souffrance qu'engendre ce handicap.
C'est bien sur, en filigrane, l'un des thèmes majeurs de ce film, mais
ce thème est traité sans aucune lourdeur démonstrative ni pathos. En
fait le vrai sujet du film m'a paru être la solitude et le besoin qu'a
tout être humain de se lier à ses semblables : Fin (le personnage nain)
se montre au début peu enclin à lier connaissance, et repousse les avances
amicales du sympathique latino, et ne se montre guère plus aimable avec
Olivia, qui le renverse deux fois avec sa voiture et fait tout pour
se faire pardonner. Mais peu à peu, Fin se lie d'amitié avec ces deux
êtres, et sombre dans une profonde déprime quand Olivia, au passé marqué
( elle a perdu son enfant et s'est séparé de son mari), s'enferme brutalement
dans sa solitude, et quand Joe manque le rendez-vous qu'il lui avait
donné dans un bar. A la fin du film, ces trois êtres redécouvriront
qu'ils ont besoin l'un de l'autre. En bref, un film d'apparence mineure,
mais, comme j'en avait fait la reflexion déjà avec deux autres films
"minimalistes" vus en 2003 ( Un homme, un vrai et Historias minimas),
les films au "petit sujet" et petit "budget" peuvent s'apparenter au
grand cinéma.(4 coeurs)
Stromboli de Roberto Rossellini (1949, Italie)
: Ce long-metrage est l'un des films tournés par le célèbre réalisateur
italien avec son égérie de l'époque, Ingrid Bergman. L'argument du film
est simple : Ingrid Bergman y joue le rôle d'une grande bourgeoise qui,
à la fin de la seconde guerre mondiale, sort d'un camp de prisonnière;
séduite par un soldat italien, elle accepte de le suivre dans son île
de Stromboli, île dominée par un volcan. Mais le personnage d'Ingrid
Bergman ne supporte pas l'austérité des lieux et la modestie et l'humilité
de ses habitants. Cette oeuvre raconte donc un choc culturel entre une
femme sortie d'une classe sociale supérieure et un lieu totalement isolé
de la "civilisation" : le film n'est pas dénué d'intérêt et il a une
grande importance dans l'histoire du cinéma, mais je vous dirait la
même chose que pour La Chevauchée fantastique , cette oeuvre a beaucoup
vieillie. Les seuls moments que j'ai trouvé réellement enthousiasmant
sont ceux où les éléments se déchaînent à travers l'éruption du volcan,
et la scène finale où Ingrid Bergman affronte seule les éléments en
escaladant le volcan. Une curiosité pour ceux qui s'intéressent à l'histoire
du cinéma. (2 coeurs)
Swimming pool de François
Ozon (France) : Il s'est passé un phénomène bien étrange avec ce film.
En sortant de la salle, je l'avais trouvé plutôt médiocre, mais après
5 jours de maturation, le film est remonté un peu dans mon estime. Les
deux personnages principaux du film sont Sarah Morton (Charlotte Rampling),
ecrivain spécialisée dans le polar et qui viens se ressourcer en France
dans le Lubéron dans la propriété de son éditeur, et Julie (Ludivine
Sagnier), jeune et plantureuse créature qui n'est autre que la fille
du dit éditeur et qui débarque à l'improviste. Les deux femmes vont
commencer à se détester, puis elles vont apprendre à se comprendre,
et Sarah trouve en Julie une nouvelle source d'inspiration littéraire.
Le film ne repose sur pas grand chose, sur un suspense psychologique
des plus ténus, et l'on voit comment la plantureuse Ludivine Sagnier,
qui se prélasse dans la piscine de la propriété, entretient les rêveries
érotiques de Charlotte Rampling. Bref un film assez prenant finalement,
à la reflexion, mais ce n'est pas non plus du grand cinéma, Ozon a fait
bien mieux que ça ( notamment Gouttes d'eau sur pierres brulantes).
( 3 coeurs)
Sweet sixteen de Ken Loach (Grande-Bretagne)
: Un critique du masque et la plume faisait remarquer quelque chose
de trés juste à propos de Ken Loach : ses films décrivent
une situation sociale trés noire, mais leurs personnages principal
sont des "héros" se battant contre leur condition et
essayant de réaliser leur rêve. C'est encore vrai de Liam,
personnage central de ce dernier opus du cinéaste anglais : Jeune
adolescent à la famille dévastée (sa mère
est en prison, son beau-père, homme brutal, est un dealer, sa
soeur, Chantelle,à peine sortie de l'adolescence, a un jeune
garçon et juge sévèrement sa mère), il n'a
qu'un rêve, c'est offrir un toit à sa mère à
sa sortie de prison qui doit coincider avec son seizième anniversaire
et la détourner de l'influence néfaste de son compagnon
dealer et de son grand-père. Mu par par un amour exclusif pour
sa mère et le désir de la sortir de son destin de délinquante,
il ne tarde pas à se compromettre dans le traffic de drogue et
à travailler pour un caïd local, jouant ainsi un jeu de
plus en plus dangereux. La fin du film, qui pose plus de question qu'elle
n'apporte de réponse, est déspérée. Le film
est porté par l'energie de son acteur principal, Martin Compson,
et comme d'habitude, est tourné dans des décors exprimant
la désespérance sociale (ici un port déshérité
d'Ecosse). Pour finir sur ce trés bon film, signalons la censure
stupide dont il a été victime en Angleterre : la commission
de censure anglaise compte de tristes sires chargés de compter
combien de fois un gros mots est prononcé dans un film, et le
film de Ken Loach a été interdit au moins de 18 ans car
les personnages y prononcent 100 fois le mot "fuck".... (3
coeurs)
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Tabou (Japon, 2000, Nagisha Oshima): encore un film de samouraï,
mais qui se situe à une époque beaucoup plus récente, en 1865, à l'aube
de l'Ere Meijï, au moment ou le Japon est en passe de basculer dans
la modernité. Les samouraï, représentant du Japon féodal, sont donc
bientôt voué à disparaître. C'est la fin d'un monde que filme Nagisha
Oshima (auteur de L'empire des sens et de Furyo), et il le fait en montrant
comment l'arrivée d'un nouveau samouraï, très jeune et au visage éphéminé,
polarise tous les désirs au sein d'un clan Samouraï. Le jeune garçon
devient un objet sexuel convoité par tous et dérange le bel ordonnancement
de la communauté. A mettre au crédit du film : le travail sur les couleurs
et donc la splendeur plastique ininterrompue de ce long metrage, ainsi
que la beauté chorégraphiée des trés nombreux combats au sabre qui émaillent
le film ( qu'il s'agisse des scènes d'entrainement ou de vrais combats).
Taxi driver ( Martin Scorsese, USA, Palme d'Or au festival de
Cannes 1975) : Voilà le film qui consacra Scorsese mondialement
comme l'un des meilleurs cinéastes américains de sa génération.
Travis Bickle ( Robert de Niro), ancien Marines au Vietnam, est un chauffeur
de Taxi qui la nuit parcourt les quartiers les plus sordides de New
York et le jour se bourre de pillules et hante les cinémas pornos.
Ecoeuré par la réalité sordide qu'il voit autour
de lui, il sombre bientôt dans un délire paranoïaque
et fascisant, se prenant pour l'ange exterminateur qui nettoyera New
York de sa fange. Il se constitue alors un véritable arsenal
et s'entraîne aux armes avec un plaisir fétichiste. Il
veut d'abord assassiner un candidat à la présidence des
Etats-Unis, puis, renonçant à ce projet, il finit par
délivrer une prostituée de 13 ans, Iris (Jodie Foster),de
ses souteneurs : cette dernière scène est l'un des massacres
les plus sanglants qu'il m'ai été donné de voir
au cinéma. Ce grand film sur la paranoïa urbaine et la solitude
est un film inconfortable, car Scorsese se refuse à toute explication
psychologique facile des motivations de Bickle. En tout cas, c'est l'un
des plus grands films des trente dernières années. (5
coeurs).
The hours de Stephen Daldry (USA) : Ce
film tourne autour de Virginia Woolf et de son roman "Mrs Dalloway"
et raconte en parrallèle l'histoire de trois femmes à trois époques
différentes : Virginia Woolf elle-même, avec son mal-être, ses pulsions
suicidaire, interprétée par une Nicole Kidmann rendue absolument méconnaissable;
Laura, épouse modèle dans les années 1950 à Chicago, qui lit "Mrs Dalloway"
et qui, derrière sa facade de bonne épouse et de bonne mère, cache un
mal-être (elle aura une tentation suicidaire), le personnage étant interprété
par Julianne Moore. Enfin, en 2001, Clarissa (Meryl Streep), qui revit
plus ou moins l'itinéraire du personnage de Mrs. Dalloway : éditrice,
lesbienne, s'occupant d'un ami écrivain qui fut son ancien amant et
qui est malade du Sida (Ed Harris). Ce film est inégal, les trois histoires
ne sont pas également intéressantes, j'ai pour ma part préféré la partie
contemporaine, notamment grâce à l'interprétation formidable de Meryl
Streep et de Ed Harris. Il faut aussi tirer son chapeau à Nicole Kidmann,
qui se tire très bien d'un rôle très ingrat et arrive à faire oublier
complétement la star glamour qu'elle est d'habitude. D'une manière générale,
l'interprétation est le point fort du film. Un regret : ne pas avoir
lu le roman de Virginia Woolf, qui donnerait bien des clès pour comprendre
le film.(3 coeurs).
Tout sur ma mère (Pedro Almodovar, Espagne, 2000): Avec ce film,
Almodovar tournait définitivement le dos avec les outrances manièriste
de ses films précédent et atteignait à une maturité esthétique et thématique
inédite. Pourtant, les élements traditionnels de l'univers d'Almodovar
sont toujours là : prostituées, lesbiennes, travestis, transexuelles,
et même une nonne qui se fait mettre enceinte et transmettre le sida
par un transexuel ! L'histoire que nous comptent Almodovar est profondement
émouvante. Une mère (Cecilia Roth), qui a toujours caché à son fils
l'identité de son père, voit ce fils renverser par une voiture alors
qu'il essayait d'avoir un autographe d'une actrice de théâtre (Marisa
Paredes). Après la mort de son fils, elle décide de retourner à Barcelone
pour retrouver son mari qu'elle avait abandonné 18 ans auparavant sans
lui dire qu'elle était enceinte de lui. Dans son périple, elle retrouvera
l'actrice qui a indirectement causé la mort de son fils ainsi qu'un
travesti. Les scènes finales du film, où elle retrouve son ancien mari
devenu transexuel et lui apprend la mort du fils dont il ignorait l'existence
sont parmi les plus bouleversantes que le cinéma contemporain nous ait
donné. Pour finir sur ce trés beau film, il faut dire qu'Almodovar l'a
concu en hommage au genre féminin, aussi bien aux femmes proprement
dites qu'à ceux qui se transforment en femme. La conclusion du film
pourrait être celle-ci : la véritable identité d'une personne n'est
pas celle qu'elle a reçue à la naissance, mais celle que l'on rêve d'acquérir.
(4 coeurs).
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Un coeur qui bat de François Dupeyron
(France, 1991) : François Dupeyron a l'an dernier occupé
le devant de l'actualité cinématographique avec La chambre
des officiers et il avait commencé sa carrière en faisant
jouer Gérard Depardieu et Catherine Deneuve dans Drôle
d'endroit dans une rencontre. Ici, pas de star ni d'acteur connu du
grand public, et, il faut bien le dire, un titre un peu cucul, qui a
dû décourager bien des spectateurs potentiels. En bref,
cette oeuvre a été boudée par le public, et c'est
injuste car il s'agit d'un très beau film. Il démarre
en trombe : un homme et une femme sont face à face dans le métro,
et un désir physique immédiat s'empare d'eux; l'homme
(Yves) suit la femme dans la rue et l'entraine dans un hôtel,
faisant ainsi l'amour à une femme qu'il ne connaissait pas un
quart d'heure avant. Les protagonistes de cette passion fulgurante sont
tous les deux mariés, Mado vivant avec un antiquaire. Elle aime
toujours profondement son mari, pourtant elle ne peut s'empêcher
de revoir Yves, dans ce qui est une passion tourmentée. Ce film
est un trés beau portrait de femme, et plus généralement
tous les personnages sont trés attachant, je pense notamment
au mari de Mado, Jean. Cette oeuvre sur les ambiguïtés du
sentiment et sur les déchirement d'une femme d'âge mûr
mérite d'être redécouverte
Un couple épatant
de Lucas Belvaux : Après avoir vu le dernier opus de la trilogie
Lucas Belvaux, j'ai tenu à voir les deux autres films dans l'ordre.
J'avais reproché à Après la vie de s'égarer
un peu dans les intrigues secondaires, j'ai aussi ecrit qu'il fallait
mieux voir les films dans l'ordre pour comprendre certaines scènes
et allusions dans ce dernier film de la trilogie. En fait je n'avais
pas compris comment fonctionnait " la trilogie Lucas Belvaux ",
qui raconte trois histoires distinctes mais ayant des connexions entre
elles, trois intrigues qui se passent dans le même lieu ( Grenoble)
et en même temps. La trilogie fonctionne selon un principe de
circularité, par de savants renvoi d'un épisode à
l'autre . Les personnages principaux de chacun des deux films apparaissent
comme personnages secondaires dans les deux autres, certaines scènes
se retrouvent même dans plusieurs films. Dans Un couple épatant,
il y autant de renvois aux deux autres épisodes de la trilogie
que dans Après la vie. On peut donc tout à fait voir les
films dans le désordre ;l'essentiel étant de les voir
tous, afin de reconstituer le puzzle complet.
Quant à Un couple épatant, c'est une
comédie légère et rondement menée dans laquelle
chacun des membres d'un couple , Jean (François Morel) et Cécile
(Ornella Muti) se soupçonnent mutuellement de tromper l'autre
et sombrent dans la paranoïa. Il faut donner la palme à
François Morel, excellent en hypocondriaque hanté par
une opération qu'il va subir, et ne cessant de dicter à
un magnétophone portable ses dernières volontés.
Le personnage de Onella Muti n'est pas mal non plus dans le genre épouse
jalouse qui recourt au service d'un flic (Gilbert Melki, personnage
principal d'Après la vie) pour faire suivre son mari. Une comédie
très enlevée, qui tranche avec le ton plus dramatique
des deux autres opus de la trilogie. (3 curs).
Une affaire qui roule (France) de Eric Véniard
: Ce film modeste mais néanmoins trés drôle se situe
dans la veine comique que je préfère dans le cinéma
français : pas le comique pour attardés mentaux des Bronzés
font du ski qu'une populace inculte et ignare m'imposa au Cefil après
être passé à côté d'un chef-d'oeuvre
en noir et blanc de Luc Besson ( ceux qui ne viennent pas de la promo
2000-2001 du Cefil ne pourront comprendre ce "private Joke"),
mais le comique fin, leger et subtil du cinéma d'auteur français.
En bref, ce film suit les mésaventures de deux personnages, Jean-Christophe
(formidable Clovis Cornillac), cuistot démissionnaire qui veut
monter son propre resto mais qui, devant les obstacles que rencontre
son entreprise, sombre dans l'insomnie et l'abus de somnifère,
et Claude (Denis Podalydès), formateur dans une chambre de commerce,
qui démissionne de son job pour se mettre à ecrire. Ce
film sur deux depressifs carabinés est en fait irresumable tant
se succedent les péripéties les plus loufoques et les
plus incongrues (une de mes scènes préférés
: Claude se rendant à un rendez-vous échangiste accompagné
et guidé par un drogué du sexe). Une des bonnes surprises
cinématographique de ce début d'année. ( 3 coeurs).
Une part du ciel
de Bénédicte Liénard (Belgique) : Vous m'excuserez de vous parler avec
beaucoup de retard d'un film sorti au deuxième semestre 2002, mais qui
a du être très peu distribué, aussi je doute que quelqu'un d'entre vous
l'aie vu. Voilà un film brut, sans aucune afféterie, qui ne cherche
pas à "plaire", d'une rigueur qui rappelle les frères Dardennes (l'un
de leurs acteurs fétiches, Olivier Gourmet, joue dans le film), joué
surtout par des actrices non-professionnelles : le film met en parrallèle
le destin de plusieurs ouvrières qui travaillent à la chaîne et s'affrontent
avec leur syndicat et la direction qui veulent signer un pacte de "paix
sociale", et celui de Joanna, qui croupit en prison. On apprend vite
que Joanna était une ancienne ouvrière de l'usine qui était allée trop
loin dans le syndicalisme d'action directe et a été "lachée" par son
syndicat et ses camarades. Le film met ainsi en parallèle deux systèmes
oppressifs, decrits de façon quasi-clinique, celui de la prison et celui
de l'usine. Joanna, le personnage central, met en avant sa résistance
face à une institution pénitentiaire qui fait tout pour avilir les êtres,
tandis que parallement les ouvrières de l'usine se disent finalement
prête à témoigner pour Joanna afin que son procès soit cassé, et menent
de leur côté la lutte pour leur dignité face à un syndicat corrompu.Un
vrai film contre l'oppression et la lutte des classes comme on en voit
peu ( 3 coeurs)
Un homme, un vrai de
Jean-Marie et Arnaud Larrieu (France) : A l'heure où les foules
se ruent dans les salles pour voir de gros film à gros budget,
tel Matrix ou Fanfan la tulipe, je commence à me demander si
le grand cinéma ne réside pas dans des films modestes
à petit budget et à sujet minimaliste. Je m'étais
déjà fait cette réflexion à propos de Historias
minimas, je fais le même constat pour le film des frères
Larrieu, pure merveille de sensibilité, d'humour et d'émotions
en demi-teinte. Le film est divisé en trois partie bien distinctes
: dans la première partie, nous assistons à la rencontre
entre Boris (Matthieu Amalric), cinéaste looser, et Maryline
(Hélène Fillières) ; dans la deuxième nous
retrouvons nos personnages mariés et avec des enfants, et dans
cette partie, lors d'un séjour en Espagne, Maryline plaque tout
pour une aventure amoureuse et prend un avion pour Cuba ; enfin, la
dernière partie est l'heure des retrouvailles bien des années
après ( Maryline accompagne des touristes américaines
dans les Pyrénées françaises pour une randonnée,
ors il se trouve que le guide qui doit les accompagner n'est autre que
Boris, qui s'est installé dans la région avec ses enfants).Ce
film souffre de temps morts dans sa deuxième partie, mais les
premiers et derniers épisodes de ce tryptique intimiste sont
absolument formidables : Les frères Larrieu "osent"
des choses trés culottées, comme des courtes envolées
vers la comédie musicale (sur des musiques et paroles du chanteur
Katherine). Pendant la dernière demi-heure, le film atteint des
sommets d'émotions contenues. Plus généralement,
ce dernier épisode pyrénéen est magistralement
filmé par les frères Larrieu, qui sont justement originaire
des pyrénées.(4 coeurs)
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Van Gogh de Maurice Pialat (France,1990) : ce
film du plus controversé de nos cinéastes hexagonaux traite des derniers
mois de la vie du célèbre peintre, qui ne devait connaître la consécration
après sa mort. Pialat décide de tourner le dos à tout romantisme, pour
adopter un style naturaliste et austère afin d'atteindre la plus grande
authenticité possible. Beaucoup d'aspects de la vie du peintre sont
abordés, et tout d'abord les relations tendues avec son frère, Théo,
qui l'aide et le soutient financièrement car Vincent ne peut vivre de
sa peinture. Est évoquée aussi la dernière romance de Vincent avec la
fille d'un médecin (est-ce une invention de Pialat ou un fait historique,
je ne saurais le dire). L'époque est bien rendue dans ce film, à travers
les scènes de bal musette à la campagne ou au bordel. Jacques Dutronc
a sans doute trouvé le rôle de sa vie dans ce long-metrage de Maurice
Pialat, l'un des meilleurs de ce cinéaste.(3 cœurs)
Vendredi soir (film de Claire Denis) : Commençons
par dire que j'ai toujours eu un problème avec Claire Denis en tant
que cinéaste; je n'avais jusqu'à présent aimer aucun de ces films, les
trouvant d'un maniérisme confinant à l'hermetisme le plus total. Heureuse
surprise, j'ai plutôt bien aimé celui-là, bien qu'avec des reserves.
Le film raconte la rencontre d'une nuit entre Laure (Valérie Lemercier,
formidable dans un rôle à contre-emploi) et Jean(Vincent Lindon) : la
rencontre se fait alors que Laure est coincée dans un ambouteillage
parisien nocturne et qu'elle prend un homme, Jean, dans sa voiture.
Le désir montre entre eux, et il finiront par passer leur nuit à l'hôtel.
Ce que j'ai aimé dans le film, c'est le formidable travail sur la forme
cinématographique qu'a effectué Claire Denis : le film est aussi un
film sur Paris la nuit, et rarement la capitale à ses heures nocturnes
n'aura été filmé avec autant de maestria(formidable travail sur les
couleurs), et j'ai notamment adoré la première demi-heure sur l'embouteillage
nocturne, et Claire Denis filme avec autant de talent l'etreinte physique
entre Laure et Jean. Pour dire vite, ce film ci est tout autant maniériste
que les précédents de Claire Denis, mais cette fois j'ai pris un vrai
plaisir esthétique. Le revers de la médaille est que ce film excessivement
formaliste est en même temps pauvre en émotion et en chaleur humaine.
(3 coeurs)
La vérité nue d'Atom
Egoyan, suspense très prenant autour de deux animateurs télé des années
1950 . A la veille du téléthon auquel ils doivent participer, on retrouve
morte une étudiante dans leur suite d'hôtel. 15 ans; après, une jeune
journaliste tente de reconstituer ce qui s'est passé. On retrouve la
sophistication formelle d'Atom Egoyan, au service d'une très bonne histoire
policière. Le duo formé par Colin Firth (cf Bridget Jones) et Kevin
Bacon est vraiment efficace. Pour tout vous dire, j'ai commencé par
ne pas accrocher du tout à cette histoire, avant de prendre le train
en marche lors de la seconde moitié, et me laisser dés lors ensorceler
par le suspense (...et les scènes d'orgies !).
La 25ème heure de Spike
Lee (USA) : ce long film de plus de deux heures raconte une intrigue
minimaliste, les dernières heures de liberté d'un dealer qui s'est fait
coincer par les flics et qui s'apprête à purger 7 ans de prisons. Ce
trentenaire, Montgomery Bregan (Le toujours excellent Edward Norton)
s'est manifestement fait « balancé » par quelqu'un de son entourage
(il soupçonne un moment sa petite amie métisse Naturelle). Dès lors
le film, qui n'a rien d'un polar, est une chronique de mours et d'amitié
tournant autour de 4 personnages, Monty, deux amis d'enfances (l'un
trader dans une importante banque, l'autre prof de lycée) et Naturelle.
S'ajoute à ce quatuor quelques apparitions émouvantes du père de Monty.
Certains trouveront peut être cela un peu long, et c'est vrai que le
film n'est pas sans défauts, mais je l'ai trouvé très émouvant par ses
personnages, notamment celui d'Edward Norton qui réalise le gâchis qu'il
a fait de sa vie. Le personnage de Monty n'est pas toujours au centre
du film, certaines intrigues secondaires (notamment l'attirance du prof
de Lycée pour une de ses élèves) venant enrichir (certains diront alourdir)
ce long-métrage. Au total ce film imparfait mais dense est à recommander,
en version originale cela va de soi ! (3 cours).
Viva l'Italia de Roberto Rossellini (années 1950,
Italie) : ce film du trés grand réalisateur italien Rosselini, auteur
de films aussi immortels que Allemagne année 0 , Païsa ou Rome ville
ouverte ( enfin je dis ça, mais je n'ai vu aucun de de ces films, honte
à moi qui me dit cinéphile......), ce film donc retrace l'épisode le
plus épique de la marche vers l'unification de l'Italie au XIXe siècle
: l'expedition des "mille" commandée par Guiseppe Garibaldi, célèbre
révolutionnaire italien, pour libérer la Sicile et le Royaume de Naples
(conglomérat formant le "Royaume des deux Siciles" et gouverné par un
roi Bourbon). On suit donc la marche triomphale des "chemises rouges"
de Garibaldi à travers la Sicile et Naples, mais nous assistons aussi
aux intrigues de la monarchie Piémontaise (autour desquelles s'est faite
l'unification) pour marginaliser Garibaldi et l'empêcher de marcher
sur Rome et les Etats de L'Eglise. Ce film, aux couleurs pétantes, contrairement
aux grands chefs d'oeuvres de Rossellini qui sont en noir et blanc,
aux paysages naturels magnifiques, a un côté didactique ( une voix off
explique les principaux événement) et en même temps une tonalité épique
: c'est un hymne à la patrie italienne et à ses libérateurs. La fin
de cette oeuvre laisse un goût amer : Victor Emmanuel, roi du Piémont,
vient prendre possesion des territoires conquis par Garibaldi pour les
annexer à son royaume, et le libérateur de la Sicile, désormais marginalisé,
rentre dans son île.'(3 cœurs
Vol au dessus d'un nid
de coucou (Etats-Unis, 1975) de Milos Forman : Le réalisateur
d'origine tchèque décida au milieu des années 1970
d'adapter un célèbre roman de la contre-culture américaine
qui, à travers l'hopital psychiatrique, dénoncait une
société repressive. Dans le film de Forman aussi, l'asile
est une métaphore de la société et ce film, plus
qu'une critique de la psychiatrie, est en fait une parabole sur le pouvoir.
Mais le film évite de sombrer dans la caricature : l'hopital
nous est présenté au début comme une institution
acceuillante avec un personnel dévoué. Les mécanismes
de pouvoir qui s'y exerce sont plus insidieux et subtil, et le personnage
de l'infirmière Ratched, femme calme et posée, symbolise
ce contrôle social subtil qui s'exerce sur les malades. Le film
est surtout resté dans les mémoires grâce à
la formidable et spectaculaire interprétation de Jack Nicholson,
qui incarne le personnage de McMurphy, délinquant qui pour echapper
à la prison se fait passer pour fou. Individualiste forcené,
Mac Murphy dérègle la mécanique bien huilée
de l'asile et s'expose bientôt aux représailles de plus
en plus brûtale du personnel de l'hopital (électrochocs,
puis pour finir lobotomie). Un grand classique du cinéma américain
(5 coeurs).
Le voyeur de Michael Powell
(Grande-Bretagne, 1960): Ce film créa un énorme scandale
lors de sa sortie, fut massacré par l'esthablisment cinématographique
anglais et brisa la carrière de son réalisateur, Michael
Powell, pourtant jusque-là cinéaste phare du cinéma
anglais. C'est que le sujet du film avait de quoi choquer la trés
puritaine et guindée Angleterre de 1960.Jugez plutôt !
Mark Lewis, jeune assistant-opérateur dans un studio de cinéma,
et dont l'enfance a été traumatisé par l'attittude
à son égard d'un père biologiste -qui faisait des
expériences sur lui et le filmait pour étudier les mecanismes
nerveux de la peur- a une facette sombre : il possède chez lui
un laboratoire et une salle de projection, où il se projette
les films des meurtres qu'il commet sur des femmes. Lewis est un assassin
très particulier : il tue ses victimes en les filmant grâce
à une lame incrustée à sa caméra et à
un miroir reflechissant par lequel les victimes se voient en train de
mourir. Le but de Mark est de filmer la peur sur le visage de ses victimes.
Ce film maudit dépasse le simple film de psychopathe pour atteindre
à une reflexion sur l'essence du cinéma : le voyeurisme
et la recherche de l'effet de terreur ne sont-t-ils pas constitutifrs
du 7 eme Art? (4 coeurs).
Violence des échanges
en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout (France) : dans le métro
parisien, Philippe (Jérémie Régnier) vient en aide à, Eva, jeune femme
qui se fait peloter par un pervers. Les deux personnages sympathisent
: lui est un jeune diplômé d'école de commerce qui, pour son premier
boulot, a été embauché dans une grande entreprise de "consulting" en
organisation, Mac Gregor ; elle est standardiste. Philippe est chargé,
pour sa première mission, de "restructurer" une entreprise en passe
d'être racheté par un grand groupe étranger, et il est suivi dans cette
mission par son "mentor", Hugo Paradis (Laurent Lucas). Philippe se
rend bientôt compte qu'il doit "préparer" un prochain plan social, et
"évaluer" les compétences du personnel de l'entreprise pour déterminer
qui fera partie de la "charrette". Sa relation avec Eva ne tarde pas
à s'en ressentir. Contrairement à notre rédacteur en chef bien aimé,
j'ai trouvé cette exploration de la violence du capitalisme et du monde
sans pitié des consultants d'entreprise absolument remarquable. Quand
Nicolas qualifie la relation de Philippe avec Eva d'"histoire d'amour
dont on se fiche", il montre qu'il n'a vraiment rien compris au film
: cette histoire d'amour est au contraire essentielle au propos du film,
Philippe, au fur et à mesure qu'il "rentre dans le moule" de son métier
de consultant et oublie peu à peu ses scrupules de conscience, voit
Eva s'éloigner de lui. Le film montre bien comment ce qui arrive dans
le domaine professionnel peut affecter la vie privée. Mais l'essentiel
du film est bien dans cette peinture d'une initiation brutale, dans
l'histoire d'un jeune homme sensible et tendre qui, dans la première
partie du film, n'accepte pas la tâche qui lui est confié, au point
d'être tenté de "lâcher" sa mission, avant finalement de rentrer dans
le système. Je n'oublierai pas de sitôt ces scènes d'évaluation des
compétences, où le jeune consultant est brutalement confronté à la réalité
humaine de l'entreprise. Quant à Laurent Lucas, il est une fois de plus
remarquable dans un de ces rôles inquiétants où il excelle. (4 coeurs)
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Who's that knocking at my door ? de Martin Scorsese (Etats-Unis,
1967) : Attention ! ce film est une véritable rareté, et il n'y a que
sur le cable que l'on peut envisager de le voir diffusé à une heure
de grande écoute. Cet oeuvre est un film que Scorsese réalisa sur plusieurs
années pendant ses études de cinéma, tournant d'abord des scènes sans
fil dramatique, puis, sur les conseils d'un de ses professeurs de cinéma,
structurant le long-métrage autour d'une intrigue sentimentale. Ce film
fut considéré par beaucoup comme le seul film honnête sur les italo-américains
et sur Little Italy, le quartier italien de New York. Le film suit le
personnage de J.R (Harvey Keitel dans son premier rôle) dans sa vie
au sein de la culture italo-américaine, structurée autour de la religion
catholique et d'une séparation entre l'univers viril et l'univers féminin
; mais le fil dramatique est constitué par l'intrigue sentimentale entre
J.R et une jeune blonde anglo-saxonne. Cette relation échoue car J.R
est prisonnier de codes culturels : percevant la femme selon la division
entre la madone et la putain, J.R repousse brutalement la blonde quand
celle-ci lui avoue qu'elle a été victime d'un viol. Une autre scène,
où le personnage d'Harvey Keitel refuse de faire l'amour devant l'éffigie
de la Vierge, illustre aussi son système de valeurs. Un film remarquable
par son style très souple, parfois improvisé, et qui rappelle la liberté
de ton des oeuvres de la Nouvelle Vague ou des films tchèques des années
1960. ( 4 coeurs).
Winchester 73(Anthony Mann, 1950) : ce film en noir et blanc
et le premier des cinq westerns que le réalisateur Anthony Mann tourna
avec James Stewart, et cette série, selon Bertrand Tarvernier, représente
ce que "le genre a donné de plus pur et de plus parfait". Cette oeuvre
est d'abord l'histoire d'une vengeance, celle du personnage de James
Stewart contre son demi frère qui a abattu jadis leur père adoptif.
Mais cette vengeance est raconté par le biais des pérégrinations d'une
arme, la Winchester 73, qui tout au long du film, passe de main en main,
par le biais d'un scénario extrêmement habile. James Stewart commence
par gagner cette arme à un concours de tirs, mais il se la fait dérober
par son frère, qui lui-même, la perdra aux cartes. Dés lors, cette arme
passera aux mains de personnes très différentes, y compris un indien.
Ce film est l'archetype du Western, et l'on y trouve tout ce que l'on
peut trouver dans un film du genre : concours à loa carabine, attaques
d'indiens, "gunfight" nombreux...etc. Un chef-d'oeuvre du genre. ( 4
coeurs)
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Zatoïchi de
Takeshi Kitano (Japon) : Ce film a déjà été excellement chroniqué dans
ces colonnes par Jean-Sébastien. Je ne vais pas être long par conséquent.
Takeshi Kitano est un cinéaste très apprécié des cinéphiles occidentaux
et un comique très populaire au Japon. Kitano s'est emparé d'un personnage
très populaire du folklore nippon, Zatoïchi, le masseur aveugle, pour
nous livrer ce film qui fut un grand succès dans son pays. Kitano nous
offre un splendide film de sabre avec des scènes de combat virtuoses,
superbement chorégraphiées : ces scènes, où le personnage incarné par
Kitano, le masseur aveugle, se défait en quelques coups de sabre d'une
nuée d'adversaires, m'ont rappelées les gunfights des westerns italiens
-encore faudrait-il rappeler que l'oeuvre fondatrice du western italien,
Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, est en fait un remake d'un
film de Kurosawa, Yoimbo. La boucle est bouclée en quelque sorte. ( 4
coeurs) |