Carmilla

Sheridan Le Fanu

1871

Adapté parCarl Theodor Dreyer (Vampyr, 1932) et Roger Vadim (Et mourir de plaisir, 1960)

Publié en 1871, Carmilla est l'une des premières œuvres du genre vampirique. Ce roman notamment fortement influencé Bram Stoker pour son chef d'œuvre Dracula. Malheureusement, Carmilla semble aujourd'hui trop peu connu par rapport au succès de son confrère masculin.

Comme Bram Stoker, John Sheridan Le Fanu (1814-1873) est un écrivain irlandais. Comme Bram Stoker, il est protestant et issu d'une bonne famille. Mais c'est 26 ans avant le Dracula de Bram Stoker que paraît Carmilla. A cette époque, John Sheridan Le Fanu est déjà âgé. Il a écrit des textes en tout genre, du roman au théâtre, en passant par la poésie et les essais. Une de ses œuvre connue est le roman Oncle Silas (1864).


Carmilla, c'est le nom d'une belle jeune femme qui arrive un jour, de façon un peu énigmatique, dans le château de la jeune Laura. Carmilla est hébergée dans le château et très rapidement, Laura tombe sous le charme de sa belle et mystérieuse invitée. Dans ce lieu isolé, Laura a peu de visite, et l'arrivée de Carmilla marque pour elle le début d'une amitié exaltée et très sensuelle. Malheureusement, Carmilla s'avère être un vampire qui profite de la naïveté de Laura pour la séduire et, la nuit venue, se repaître de son sang…

Evidemment, il n'est pas nécessaire de préciser que ce récit est purement dans la tradition du roman gothique irlandais, avec son château médiéval perdu dans une contrée reculée et cette jeune héroïne qui relate dans son journal intime tous les événements étranges qui lui arrivent. Les puristes retrouveront les superstitions habituelles : caveaux, linceuls, pieux, et autres classiques. La narratrice est un peu naïve, voire stupide, mais on retrouve là tout le charme de la jeune anglaise prude du XIXe siècle...

D'ailleurs, c'est là que le roman se distingue : dans l'Angleterre puritaine de l'époque victorienne, le roman ose suggérer l'existence d'une relation homosexuelle entre la brune et sulfureuse Carmilla et la blonde et prude Laura. Evidemment, rien n'est dévoilé, l'érotisme est sous-entendu avec poésie, retenue, élégance et sensualité.


Carmilla : " Ma chérie, ne me croit pas dure parce que je cède à la loi irrésistible qui fait ma force et ma faiblesse. Si ton cœur est blessé, mon cœur à moi saigne avec le tien. Je vis de ta vie chaude et toi tu mourras doucement de la mienne. C'est ainsi, je ne puis rien empêcher. Comme je vais vers toi, à ton tour tu iras vers d'autres et tu connaîtras l'ivresse de cette cruauté qui est quand même de l'amour.