Editeur : Arte Editions. Mai 2010. Double DVD. Film 2h21. Durée des 2 DVD avec compléments : 4h30. 25 €.

Suppléments :

  • Fleurs dans un miroir, lune dans l'eau par François Lunel (48 mn, 2009)
  • Salomé et le dragon par A. et J.-P. Navarre (59 mn, 2009)
  • Bandes annonces des films de Tsaï Ming-liang édités par Arte Editions.

 

Un réalisateur Taïwanais tourne l'histoire du mythe de Salomé au Musée du Louvre. Bien qu’il ne parle ni l’anglais, ni le français il tient absolument à confier le rôle du roi Hérode au comédien Jean-Pierre Léaud. Pour donner à ce film au budget modeste une chance au box office, la production confie le rôle de Salomé à une top-modèle de renommée internationale. Mais dès le début du tournage, les problèmes s'accumulent...

Visage raconte l'épopée burlesque d'un jeune cinéaste homosexuel venant en France tourner un film produit par Fanny Ardent et ayant pour acteur principal Jean-Pierre Leaud, interprète d'Hérode et Laetitia Casta dans le rôle de Salomé.

Visage est aussi un hommage aux morts, à la mère du cinéaste, à François Truffaut et saint Jean-Baptiste. Visage est enfin une proposition plastique fait de séquences-performances autour d'une commande du musée du Louvre. (voir : critique complète)

 

Fleurs dans un miroir, lune dans l'eau par François Lunel (48 mn, 2009)

Pour Tsaï Ming-liang, Jean-Pierre Léaud et Lee Kang-sheng devaient se rencontrer. Dans Et là-bas qu'elle heure est-il ?, l'un était à Taipei, l'autre à Paris sans se croiser. La question était de savoir comment réunir tous ces personnages dans les souterrains du Louvre ?

Le décès de la mère de Tsaï durant la préparation du film a profondément bouleversé celui-ci. Visage traite ainsi aussi du décès d'une mère et sa relation à un fils cinéaste. Tsaï Ming-liang se sent profondément coupable parce que, pour de multiples raisons, il n'a que rarement été auprès de sa mère. En devenant adulte, en devenant cinéaste, il est rarement auprès d'elle jusqu'à ce qu'il apprenne qu'elle a un cancer. Il est alors resté longuement près d'elle, l'a vu mourir.

L'angoisse de la création mais aussi angoisse de vivre est le sujet du film. Je voulais exprimer une idée, une idée évidente pour moi : "Fleurs dans un miroir, lune dans l'eau ", l'expression traduit l'illusion. C'est difficile à saisir. Comment filme-t-on cette idée ? L'idée du miroir et les contraintes liées au paysage l'ont aidé. Le Louvre n'exigeait pas qu'il tourne dans le musée. C'est Tsaï qui s'y oblige de même qu'à chercher une forêt dans le jardin des tuileries alors qu'il n'y a que quelques arbres entourés de grilles, clôtures, fils électriques et lampadaires.

Tsaï a dirigé Laetitia Casta dans une optique proche de celle de Robert Bresson lui demandant une raréfaction du jeu. Sensible à sa concentration, sa générosité, il ne veut surtout pas qu'elle réagisse comme une actrice. C'est à lui d'assumer si son jeu est bon dans le film : "Ne te préoccupes pas si tu seras ou non bonne actrice. Soit comme tu es."

Tsaï explique la fin du film à Jean-Pierre Léaud : "Vous êtes toujours dans le film vous ne pourrez jamais quitter le cinéma".

Salomé et le dragon par A. et J.-P. Navarre (59 mn, 2009)

Antoine Guillot et Jean Philippe Navarre pour un reportage radiophonique de France-culture dans la série Sur les docks.

Mai 2007. Les ateliers de la ciné-fondation, créés en 2005 pour aider des films à se faire,et notamment à obtenir des financements en dehors de leur pays d'origine, retiennent le projet de Tsai Ming-liang et du Louvre. Tsaï désirait rendre hommage à la Nouvelle vague et surtout à François Truffaut. Maggie Cheung sera la star du film. Vincent Wang et Jacques Bidou, co-producteurs connaissent le début du film seulement : dans le jardin des tuileries, Léaud en clodo dans la neige de l'hiver découvre un tournage. Le tournage est interrompu car Tony Leung vient de se suicider. Quel visage pourrait porter Jean-Baptiste ?

Un scénario et un producteur sont d'habitude nécessaires pour être retenu mais la notoriété de Tsaï le dispense d'un scénario terminé. Henri Loyrette, président du Louvre, défend une création contemporaine autour du musée qui aille au-delà de celle initiée par les historiens de l'art. C'est l'objet de ces commandes autour du Louvre... que Tsaï, un peu intimidé, nomme Le dragon. Le tournage est alors espéré pour avril 2008.

En novembre et decembre 2008 les producteurs sont inquiets. Maggie Cheung se retire pour des raisons personnelles, puis les financiers avec la crise. Entrée dans la production de Arte France, Rezo, Belges, Néerlandais et de l'avance sur recettes. Christian Lacroix confectionne des costumes à partir d'archives anciennes choisies par Tsaï. Jacques Bidoux, JBA production, est très inquiet à la veille d'un tournage, passionnant mais qui ne s'annonce pas tranquille.

Décembre 2008 : journée de tournage dans les appartements Napoléon III. Vincent Wang, producteur et premier assistant explique que trouver ces trois femmes autour d'un banquet est un rêve du cinéaste. Jeanne Moreau s'émerveille de la salle et accepte même d'entendre encore une fois la rengaine du "tourbillon" de Jules et Jim.

Le 5 janvier 2009, fin du tournage. Les producteurs expriment leur soulagement. La première semaine fut la plus dure avec l'installation au jardin des Tuileries de 50 miroirs et de la neige. Au rythme de 2 plans et demi par jours (mais cinq à huit minutes utiles) Tsaï avait demandé de passer de 32 jours de tournage à 35 jours. Finalement 33 jours suffiront et il sera prêt pour la sélection de Cannes.

Avril 2009 : montage. Le 24 avril 2009, le film est retenu en compétition. Thierry Frémaux a toutefois hésité parce que le film est difficile.


 
présente
 
Visage de Tsaï Ming-liang