Meurtre au chenil Michael Curtiz (1933)

British Intelligence service
Terry Morse (1940)

Le balafré
Steve Sekely (1940)
Le criminel
Orson Welles (1945)
Impact
Arthur Lubin (1949)
Jour de terreur Tay Garnett (1951)

Editeur : Wild Side Video, octobre 2010. Master restauré. V. O. avec sous-titres français. 10 € chacun.

Après la quatrieme série Vintage Classics éditée par Wild side en mai 2010, cette cinquième série propose trois films noirs, et deux films d'espionnage... Si l'on peut classer ainsi Le criminel d'Orson Welles (1942). Outre ce film trop peu connu de Welles, l'un des premiers à montrer les camps de concentrations nazis, on retiendra aussi Impact d'Arthur Lubin (1949) pour ces deux héroïnes, celle perfide de la ville et la fraîche mécanicienne de l'Idaho.

 


Meurtre au chenil (ou Le mystère de la chambre close) de Michael Curtiz
Archer Coe, un riche collectionneur d'objet d'art chinois, est trouvé mort dans une chambre fermée à clé. Tout le monde pense au suicide ! Sauf Philo Vance le détective qui, lui, a une autre version. Qui démontre qu'il s'agit en fait bien d'un meurtre. Et qui établit la liste plutôt étoffée de tous ceux qui avaient intérêt à tuer : sa nièce, sa maîtresse, ses clients. Vance pourrait résoudre l'affaire grâce à un chien, un Doberman Pinscher.

Philo Vance est un détective mondain un peu oublié. Il est le héros de douze romans policiers signé S.S Van Dine (il s'agit du pseudonyme de Willard Huntington Wright) publiés dans les années 20 et 30. Philo Vance est bon vivant new yorkais, porte monocle, a goût pour le poker, les courses de chevaux et les chiens également -ce qui se retrouve dans le film. Son aventure la plus célèbre évoque encore un animal : The Canari Murder Case. D'ailleurs on remarque que tous les titres de ses romans sont fondés sur la même structure : The XXXX Murder Case. Le livre est le 6ème, paru en 1933, l'année ou précisément le film est tourné !

Il existe plusieurs interprètes au cinéma de Philo Vance : Warren William, Basil Rathbone, mais William Powell est le meilleur. Trois fois le rôle lui est confié par la Paramount, notamment pour The Canary Murder Case aux côtés de Louise Brooks. C'est la dernière fois que Powell incarne le détective avant de devenir sur l'écran un autre détective mondain, à savoir Nick Charles, The Thin Man (en français L'Introuvable).

 


British Intelligence service de Terry O. Morse
Pendant la première guerre mondiale. Une infirmière française se fait passer pour un agent du Kaiser. Elle se rend à Londres et, pour obtenir des renseignements, parvient à s'introduire dans la maison d'un haut fonctionnaire britannique. Valdar, le maître d'hôtel, y est un espion allemand infiltré auquel elle est hiérarchiquement tenue d'obéir.…

Il s'agit d'une pièce d'Anthony Paul Kelly, déjà filmée à deux reprises, une première fois en 1926 avec Clive Brooks. Et une deuxième fois en 1930 avec Eric Von Stroheim. C'est une série B typique, tournée très vite pendant que la guerre s'intensifie en Europe. Boris Karloff - qui rappelons-le, est anglais ! - figure au centre du film. Il incarnait le monstre de Frankenstein quelques années plus tôt. Il se spécialise désormais dans les rôles de savant fou transplantant sur l'écran un nombre incroyable d'organes. Karloff se délecte des rôles de composition, comme celui de British Intelligence Service ou il porte cicatrice et traîne la jambe. Le réalisateur Terry O. Morse a signé une grosse quinzaine de films, des séries B, des Charlie Chan ainsi que la version américaine de Godzilla d'Inoshiro Honda. Mais Morse se veut avant tout monteur, et l'on trouve dans cette partie de carrière plus remplie, des participations aussi bien à l'Impossible Amour (Vincent Sherman, 1943) qu'à Robinson Crusoé sur Mars (Byron Haskin, 1964), en passant par Le Dernier de la liste (John Huston ,1963). La comédienne Margaret Lindsay a partagé sa carrière entre les rôles secondaires dans les séries A, comme L'Insoumise et les rôles en vedette dans les séries B. Bien qu'originaire de Dubuqe dans l'Iowa, elle joue souvent les anglaises à l'écran, à grand renfort d'accent distingué. A la Warner Bros, Margaret Lindsay travaille dans l'ombre de James Cagney (G Men) et de Bette Davis (L'insoumise). On la voit également aux côtés de Joan Bennett dans La Rue Rouge de Fritz Lang.


Le balafré de Steve Sekely
John Muller n'a pas réussi en médecine, mais il a d'autres dispositions, notamment en matière de délinquance. Il a été condamné pour vol à main armée avant de se voir confier un travail dans une entreprise médicale. Sans pour autant lâcher les hold-up, dont un qui précisément tourne mal. Or, travaille dans son établissement, un psychiatre Victor Bartok qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, à la seule exception d'une cicatrice sur la joue. John pourra t'il se substituer à Victor ? Qu'y gagnera-t-il vraiment s'il parvient à ses fins ? Sans oublier la réaction de la secrétaire qui le connaît si bien.

La carrière de Steve Sekely - pseudonyme d'Istvan Szekely - est vraiment difficile à suivre. Né hongrois, celui-ci a dirigé dans les années 30 des films dans son pays natal, mais aussi en Autriche, en Allemagne et en France (Rouletabille aviateur avec Roland Toutain). Puis après la guerre, d'autres films en Italie et en Angleterre. Mais entre ces deux repères, c'est-à-dire entre 1938 et le début des années 50, il signe plusieurs films à Hollywood, plein de séries B pour plein de compagnies modestes, des films d'horreurs comme Revenge of the zombies.

Dans ce panorama cosmopolite, Le Balafré est certainement son film le plus connu, à égalité avec The Day of the Triffids (d'après le roman de John Wyndham) au tournage particulièrement chaotique. Le film sort à Paris le 3 mai 1950 et il y connaît un certain retentissement critique. Paul Henreid y interprète un double rôle, lui qui fut jadis le mari d'Ingrid Bergman dans Casablanca et qui se faisait allumer sa cigarette par Bette Davis dans Now Voyager. Paul Henreid lui aussi, comme Sekely, vient de l'Autriche Hongrie, de Trieste très précisément. Son vrai nom est Paul Georg Julius Herneid Von Wassel-Waldingau. Le film est sa première production, il y en aura deux au total, avant qu'Henreid devienne à son tour réalisateur de cinq ou six films et de beaucoup de télévision.

Daniel Fuchs qui a écrit Le Balafré est aussi un romancier et un scénariste brillant qui a reçu l'Oscar pour un film un peu oublié : Les pièges de la Passion avec Cagney, alors qu'il avant écrit un scénario bien plus costaud : Criss Cross - Pour toi j'ai tué - tourné par Robert Siodmak.

 


Le criminel de Orson Welles
Konrad Meinike qui vient d'être libéré de prison, est pris en filature par l'inspecteur Wilson qui traque les anciens nazis. Quand Meinike demande l'adresse de Franz Kindler, un criminel de guerre, il lui est remis une carte postale représentant le square de la petite ville de Harper dans le Connecticut. Franz Kindler y réside. Son nom est désormais Charles Rankin. Il est professeur. Il mène une vie paisible et doit prochainement épouser Mary Longstreet. Meinike se rend à Harper, et Wilson le suit. La chasse à l'homme va se déployer dans la petite communauté.

Lon troisième long métrage d'Orson Welles qui en disait lui-même pis que pendre, par exemple aux Cahiers du cinéma : " C'est de tous mes films celui dont je suis moins l'auteur. Je ne sais pas s'il est bon ou mauvais. Les seules choses que j'aime vraiment, ce sont les notations sur la ville, le droguiste, les détails de ce genre. "

Il est vrai qu'après le fiasco de It's all True, Welles est alors commercialement un peu au creux de la vague, il survit grâce à la radio et c'est International Pictures qui se rapproche de lui pour prendre en charge la réalisation du projet clé en main. Le contrat de Welles en reflète certains aspects humiliants, comme quoi il garantit qu'il achèvera la réalisation, que sa femme Rita Hayworth s'engage à ses côtés, qu'il versera certaines sommes d'argent en cas de dépassement et d'échecs. Et que bien sûr, il n'a aucun droit de regard sur la version finale.

Welles quand même travaille son sujet dans son coin avec le scénariste Anthony Veiller. John Huston a de façon anonyme écrit une bonne partie du scénario et Welles a pu placer quelques idées, la scène du pharmacien qui joue aux dames -elle rendra Edward G Robinson fou furieux !- ou encore le dénouement final qu'il souhaite comparable à une sorte de bande dessinée. En revanche Welles ne parviendra pas à imposer Agnes Moorehead, (celle qui jouait la maman de Kane) pour le rôle principal, celui de l'agent du FBI qui sera confié à Edward G. Robinson.

Cette version est celle qui a été présenté en salle en juillet 1946, et une partie importante du métrage est préalablement tombé dans la salle de montage, environ 25 minutes auxquelles Welles tenait, plus particulièrement au début du film, des scènes de traque de nazis en en Amérique du Sud.

Welles a un comportement d'une docilité exemplaire sur le plateau. Il passe tous les caprices de Loretta Young qui ne souhaite pas y entendre de gros mots. Il accepte les exigences d'Edward G Robinson qui veut être filmé sous son bon profil. Et il respecte autant le budget que son calendrier. Le film gagna de l'argent tout de suite, seul cas dans la carrière d'Oron Welles. Qui déclare immédiatement " Je l'ai tourné pour montrer que je pouvais être aussi un bon réalisateur que n'importe qui d'autre ".

 


Impact d'Arthur Lubin
Un homme d'affaires de San Francisco, Walter Williams, que l'amant de sa femme essaie d'assassiner en jetant du haut d'une falaise. Patatras. C'est l'assassin qui meurt à son tour dans un accident de voiture après avoir accompli son forfait, ou plutôt cru le faire. Car le mari en réchappe et se cache. Sa femme est envoyée en prison pour complicité de meurtre. Considéré comme mort, le mari se fait embaucher comme mécanicien dans un garage et tombe amoureux de sa patronne. Son passé le rattrape pourtant, les rôles vont changer, et c'est lui qui se voit à son tour accusé de meurtre…

Impact est emblématique du film noir américain, en se nourrissant de nombre de ses différents, du documentaire en montrant en détail le travail de la police, du drame psychologique dans les rapports entre les personnages, de la chronique dans la description d'une petite ville de province. Et bien sûr du suspense le plus classique pour alimenter toute la dernière partie.

Brian Donlevy d'origine irlandaise est certes un comédien aux multiples registres, méchant dans Beau Geste par exemple, généreux en professeur Quatermass dans Le Monstre. Avec plein de rôles très marqués qui vont de la Clé de Verre au Carrefour de la Mort en passant par Association Criminelle, Brian Donlevy est aussi un symbole du polar. Quand il meurt, le Times écrit sur lui à bon escient : " Toutes considérations sur le film noir américain ne seront pas complètes sans son évocation ".

Quatre ans après la fin de la guerre, les films montrant la communauté asiatique de San Francisco, sont assez peu courants.

 


Jour de terreur de Tay Garnett
Georges Jones est physiquement et mentalement malade. De plus il est persuadé que sa femme Helen entretient une liaison avec son médecin, et que les deux veulent le tuer. Il écrit à son avocat en détaillant la façon dont son propre meurtre va être commis. Il fait poster la lettre par sa femme, puis révèle son contenu à celle-ci avant de succomber à une crise cardiaque. Comment Helen va-t-elle pouvoir récupérer un courrier l'accusant d'un meurtre qu'elle n'a pas commis ?

Après Voyage sans Retour, Her man, la Maison des Sept Péchés ou encore Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois, Tay Garnett commence à s'orienter vers la télévision, mais aussi vers l'Europe où il veut passer des vacances. Il est appelé au dernier moment juste avant que son avion ne décolle pour Paris par la comédienne Loretta Young qu'il a dirigé à deux reprises dans le passé et qui lui propose de réaliser son prochain film. Garnett accepte, car le film représente un défi pour lui : tenir toute une intrigue dans trois pièces.

 

 

 

 
présente
 
Vintage Classics, 5e série