DVD Le mystere de la chambre close

Editeur : Bach Films, octobre 2007.Version originale anglaise sous-titrée Français. Son mono. 1h16.

Supplément :

  • A propos du film par Stéphane Bourgoin
  • A propos de S.S. VAN DINE par Claude Mesplède
  • L'esthétique du film noir par Jean-Hugues Oppel, François Guérif

Le détective privé Philo Vance est chargé d'enquêter sur un crime impossible : un meutre commis dans une chambre hermétiquement close.

Michael Curtiz dresse le tableau de deux époques différentes qui se reflètent sur les personnages de Philo Vance et du Détective Sgt. Heath. Tout au long du film, les différences entre les deux personnages se font de plus en plus grande.

Deux personnalités opposées

Le premier apparaît comme un jeune premier séduisant qui a pour hobbies les concours de beauté pour chien. Alors que le second nous apparaît comme un détective bedonnant ayant fait son temps. Vance apparaît dans la première séquence du film ce qui traduit le fait qu'il aura une place plus importante dans le film que Heath alors que ce dernier n'arrive que quelques minutes plus tard. Dès leur arrivée sur les lieux du crime le détective et le procureur en déduisent qu'Archer s'est suicidé. Vance ne partage pas cet avis et leur prouvera qu'Archer a bel et bien été tué. Petit à petit, Curtiz arrive à nous dresser deux portraits distincts de la justice. D'un côté il y a une justice qui prend son temps, qui analyse et observe et de l'autre côté nous avons une justice qui préfère se servir de la force pour intérogger les suspects qui conclue bien trop vite son enquête ou qui perd ses menottes pour arrêter le suspect. Le fait que le détective ait perdu ses menottes, traduit le fait qu'il a perdu le fil de l'enquête et qu'il nous apparaît comme un personnage ayant eu son heure de gloire. Vance représente plutôt l'archétype du bel inspecteur qui prend son temps et auquel rien ni personne n'a de secret pour lui.

Les deux personnages sont également différents d'un point de vue social. Alors que Vance représente la bourgeoisie (il a des affinités avec le procureur), le détective Heath, lui, représente la classe moyenne voire prolétarienne. L'intrigue du film ayant pris place dans un hôtel particulier (signe de richesse et lieu typique de la bourgeoisie), le détective est comme un intrus au sein du film.
Malgré l'aide de la police, cette dernière paraît totalement dépassée par les évènements, elle semble incompétente au vue des multiples erreurs du détective Heath.

Une mise en scène au profit de l'enquête

Dans son film, Michael Curtiz utilise un montage fluide. En effet, lors de certaines séquences, comme les séquences des dialogues au téléphone, le réalisateur divise l'écran en deux plutôt que d'avoir filmé le personnage dans un seul plan puis l'autre personnage dans un autre. Curtiz utilise également le flashback pour nous montrer les véritables faits du personnage. Cependant il n'utilise ce procédé que pour un seul personnage et non pas pour tous ce qui est la preuve qu'il y a tout de même une inégalité au sein de la mise en scène. Le film se construit comme Vance reconstruit les faits. Le film prend peu à peu forme au fur et à mesure que l'enquête avance. Vers la fin du film, Vance explique au détective Heath ce qui s'est réellement passé. Le réalisateur passe donc d'une caméra objective à une caméra subjective ce qui met le spectateur aux premières loges, celui lui permet donc d'avoir une place privilégiée au sein du film. De plus l'utilisation de travelling traduit comme une sorte d'avancée dans le temps, comme le signe de l'enquête qui avance et qui est proche de son dénouement.

La question du genre

Dès le générique, il y a une ambiguïté au niveau titre. Alors que la version française se nomme " le mystère de la chambre close ", que la version américaine s'appelle " The Kennel Murder Case ", le sous-titrage du Dvd traduit le film par " Qui a tué Archer Coe ? ". Si il y a une ambiguité du point de vue du titre du film il y a également une ambiguïté sur le genre du film. Les personnes qui ont participé à l'édition des bonus du film classe ce film dans la catégorie " film noir ". Or le film fut réalisé en 1933 alors que le mouvement ne va prendre réellement son essort que dans les années 1940. Le film n'appartient pas au film noir car, dans un premier temps, il n'en a pas les caractéristiques. Le film noir c'est d'abord une esthétique particulière, une ambiance qui surplombe tout au long du film, c'est aussi un statut de la femme inscrit dans la société (elle apparaît soit comme une garce soit comme une ingénue). Dans le film de Curtiz, la femme n'a pas le statut de garce ou d'ingénue. La femme, a certes un statut de séductrice mais en aucun cas de garce. Elle n'est pas le reflet négatif de l'homme et ne représente pas les pulsions sexuelles malsaines de l'être humain. Le film appartient plus au genre policier qu'au film noir. Le mystère de la chambre close ne relate pas les méfaits de la guerre et ne rend pas compte d'une époque. La question du genre au cinéma est une question qui nécessite une certaine réflexion. Cependant pour le film de Curtiz, il est aisé de le classer dans la catégorie du film policier et non du film noir.

Nous pouvons également noté que dans " Mildred Pierce ", film réalisé quelques années plus tard par Curtiz, il y a avait également cette ambiguité de genre. Le début du film adoptait les codes du film noir mais après quelques minutes, le spectateur se retrouvait dans un mélodrame.

Anthony Boscher le 10/11/2007

 

Bonus

A propos du film par Stéphane Bourgoin. Le film est un " whodoonit " : un mystère en chambre close. Il aborde également l'auteur S.S Van Dine. Il traite également le film d'un point de vue esthétique mais malheureusement en ne creusant pas assez. Comme dans tous ses approches, Bourgoin extrapole sur l'œuvre et la vie du réalisateur sans pour autant rapporter ses commentaires au film lui-même.

A propos de S.S Van Dine par Claude Mesplède. Il aborde de manière rapide l'œuvre de Van Dine en soulignant que Curtiz a réussi à s'approprier le film.

L'esthétique du film noir par Jean-Hugues Oppel et François Guérif. Oppel aborde le film noir en notant le fait que le film noir c'est d'abord une esthétique. Il souligne également le fait que certains cinéastes abusent du noir et blanc dans leur film. Guérif, quand à lui, parle du film en tant qu'esthétique mais également les inspirations du film noir comme l'expressionnisme allemand. Pour lui, le film noir a pris des choix esthétiques osés qui se sont révélés au final stupéfiants.

 

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