Editeur : Blaq out. Octobre 2008. 6 x 0h22. 26 €

Suppléments :

  • Entretien avec Mariana Otero
  • Mariana Otero interroge deux anciens élèves, Abdel et Stéphanie.

Jour après jour, tout au long de l’année scolaire 1992-1993, Mariana Otero a filmé les élèves d’un collège implanté au coeur d’une cité en banlieue parisienne. Dans les salles de cours ou le bureau du Principal, pendant les conseils de classe ou les conseils de discipline, quand tout va bien ou quand tout va mal, la réalisatrice a capté les moments ordinaires, exceptionnels ou dramatiques de la vie d’un collège. Agés de 10 à 16 ans, les élèves découvrent avec le collège, ses règles et ses sanctions, un lieu de socialisation. Le feuilleton met ainsi en évidence la complexité des rapports que ces jeunes, issus pour la plupart de milieux en difficulté, entretiennent avec l’organisation de la société.

Entretien avec Mariana Otero

Avant La loi du collège, Mariana Otero avait réalisé Non lieu produit par les ateliers documentaires Varan. Dans les prisons, elle avait filmé des représentations de théâtre jouées par des détenus et discuté avec les familles sur les questions tournant autour de "Qu'est-ce qu'être libre ?" ou "Comment la loi est appliquée ? ".

Le collège lui semblait le lieu adéquat pour continuer à interroger la transmission de la loi dans la société. Le collège est en effet le premier lieu de socialisation. Pour la première fois, un enfant est mis en contact avec des règles strictes et collectives. A 27 ans, Mariana Otero avait aussi envi d'aller voir de l'autre coté du collège après l'avoir comme tout le monde connu enfant. L'école lui semblait un grand théâtre et l'envie était grande d'aller voir derrière ce qui se passait dans les coulisses. Il y avait enfin cette image des enfants qui vont à l'école tôt le matin, dans la nuit encore. Cette image triste et mélancolique aurait aussi suffit à son envie de faire le film. Ce qui n'était par contre pas central du tout était l'aspect pédagogique, l'aspect du savoir.

En 1993, le collège était encore un lieu ou l'on n'entrait pas sauf de rares fois pour le journal télévisé. Elle a visité 50 collèges de la région parisienne. Duattis a tout de suite accepté et vu un intérêt pour lui dans ce tournage. Il était en poste depuis deux ans et, toujours pris sous les problèmes, ne savait plus en fin d'année ce qui avait été fait.

Le choix d'un collège en ZEP s'imposait parce qu'il y a plus d'histoires autour de la discipline dans un tel établissement. Le rapport à la loi vécu par les élèves est visible. Il est plus intérieur dans un collège plus bourgeois.

Les élèves voulaient savoir de quel côté elle serait. "S'il y a une bagarre", disait-elle, "Je ne la filmerai pas mais interviendrai pour vous séparer". C'est une anecdote, celle du professeur enfermé un court instant et qu'elle ne délivre pas, qui répond à la question de savoir si la cinéaste est dedans ou dehors, avec les élèves ou avec les professeurs. Elle veut filmer juste après l'incident, les premières réactions à chaud.

Ce sont 200 heures de rushes qui sont filmées. Plein d'histoires amorcées sont oubliées par le suite. Le film n'est ainsi fait que des histoires avec un début, un milieu et fin. "Je ne suis pas une petite souris ou une caméra de surveillance" dit Mariana Otero, mon but est non pas filmer le réel tel qu'il est mais de filmer un fonctionnement à l'oeuvre.

Il restait 50 heures une fois éliminés cours et conseils de classes sans grands intérêts. C'est Arte qui propose l'idée d'un feuilleton documentaire. La chaîne crée ainsi une case pour intégrer cette forme du feuilleton qui allait avec cette matière filmée.

M. Duattis, le principal, devient une sorte de Clint Eastwood. Mariana Otero scénarise le réel pour que chacun s'exprime le plus clairement dans le dialogue et cherche à ce que chacun exprime ses raisons. Au final, après la projection, le principal se rendra compte qu'il ne se préoccupe pas beaucoup de ceux dont la révolte ne passe pas par la transgression.

 

 
 
présente
 
La loi du collège de Mariana Otero