Editeur : Mk2, septembre 2008. Durée du film : 98’ - Durée du DVD : 176’ - Format image : 1.85 -Format vidéo : 16/9 - Format audio : stéréo et 5.1

Suppléments :

  • Sur le tournage 26’
  • Inventaire, retour sur les oeuvres, un documentaire de Olivier Goinard 52’

 

C’est l’été. Dans la belle maison familiale Frédéric, Adrienne, Jérémie et leurs enfants fêtent les 75 ans de leur mère, Hélène Berthier, qui a consacré toute son existence à la postérité de l’oeuvre de l’oncle, le peintre Paul Berthier. La disparition soudaine d’Hélène, quelques mois plus tard, les obligera à se confronter avec les encombrants objets du passé. Cette famille, à l’apparence si heureuse, va-t-elle pouvoir rester unie ?

A l’origine, il y a le souhait du Musée d’Orsay d’associer le cinéma aux célébrations de son vingtième anniversaire en proposant une carte blanche à quatre cinéastes issus d’horizons très divers : quatre court-métrages destinés à être réunis en un seul film. Pour des raisons techniques ce projet a dû être abandonné.

De l’impulsion initiale reste Le voyage du ballon rouge de Hou Hsiao-hsien et L'heure d'été d'Assayas. Le film est parcouru de l'influence de Tchekhov et particulièrement de La Ceriseraie. En réunissant trois générations à l’écran L'heure d'été s'inscrit dans la lignée de la saga des Destinées Sentimentales mais, au film d'époque adapté de du roman de Jacques Chardonne, il subsitue un monde plus personnel où sont privilégéiées les relations entre frères et soeurs.

Situer ses personnages dans la haute bourgeoisie ne signifie pas nécessairement faire du cinéma bourgeois. C'est peut-être pourtant ce cinéma tranquille que nous propose avec grâce mais, sans doute un peu de vacuité, Olivier Assayas.

Après Emily, la mère courage flamboyante de Clean, Olivier Assayas s'attache à un père courage discret, soumis aux tracas du quotidien. Il nous montre son aveuglement permanent face au réel puis sa prise de conscience du changement pour une acception apaisée du cours de la vie.

Ici le personnage de Frédéric, auquel le spectateur s'identifie le plus facilement, est constamment dépassé, déséquilibré et mis en danger. C'est le seul que l'on nommera par le nom de son père, M. Marly, lorsqu'il sortira du commissariat de police où il se sera montré gentiment dépassé ("je ne comprends pas" dit-il au policier qui l'interroge sur le vol commis par sa fille "nous sommes allés voir une exposition de peinture plutôt exigeante et ma fille a apprécié").

Personnage central portant le nom de père, il doit recueillir l'héritage familial parce qu'il est le seul enfant à ne pas être parti alors qu'il est le seul à n'avoir pas compris la passion de sa mère pour son oncle. Même s'il est un esthète sans doute éclairé (voir plus haut), Il se réfère constamment à des valeurs classiques, stables et réalistes comme celles de Corot, peintre qui laisse indifférent ses enfants, son frère et sa sœur.

Il s'illusionne perpétuellement sur les changements qu'appellent le présent : il ne voit dans l'économie qu'un rideau de fumée et se berce de l'illusion que la maison familiale restera toujours à l'identique et qu'Héloïse ne la quittera que pour la belle maison de ses enfants dans le sud. On la verra plus tard devant un triste immeuble HLM.

La dernière séquence fait écho à la première. Dans celle-ci, les enfants de Jérémie jouaient à la chasse au trésor dans une sorte de paradis naturel que n'aurait pas renié Frédéric. La séquence finale met en jeu des jeunes débarquant avec moto et cyclos bruyants, bouteilles d'alcool nombreuses et musique à fond.

Il n'y a aura pas de drame, la fille de Frédéric ressentira seulement que le temps s'est écoulé. L'enfance est partie. C'est l'heure d'été, la sienne, qui s'annonce. Les Corot de papa sont bien loin.


 
présente
 
L'heure d'été d'Olivier Assayas